jeudi 22 mai 2014

Commentaire sur l’Ornithorynque

Je reprends ici mon commentaire à l'article sur l’Ornithorynque de Christiane Rancé sur son blog. Le thème est le suivant : Comment ne pas croire devant l'émerveillement que suscite la nature ?

Chère Christiane,

Moi aussi, je suis fascinée par les prouesses de la nature depuis toujours. Ma curiosité insatiable m’a conduite à étudier professionnellement les mystères de la matière et du cosmos. J’ai toujours été fascinée de voir à quel point la nature se laissait décrire par le langage des mathématiques, production unique de l’intelligence humaine. Si nous sommes parvenus à la décrire de façon appropriée, pourtant la vérité ultime se dérobe toujours devant notre accumulation de connaissances scientifiques expérimentales. Pour ne citer que le monde inerte, de l’infiniment petit, à l’infiniment grand, de l’infiniment harmonieux à l’infiniment chaotique, j’éprouve un grand vertige « pascalien » devant ces 95% de substance invisible (70% d’énergie noire et 25% de matière noire) pour seulement 5% de la substance de la matière ordinaire visible dont notre chair est constituée, qui emplissent tout notre univers. Mais le plus étonnant, c’est que sur un petit caillou mouillé de l’univers, notre chère Terre, la vie ait pris naissance dans un environnement hostile, il y a entre 1 à 2 milliards d’années. Le foisonnement de toutes formes de vie à la recherche de la complexité et de la perfection est encore plus étonnant. Et n’oublions pas aussi la genèse de la conscience de soi, de l’intelligence et de l’amour en cet être exceptionnel qu’est l’être humain.

Comment croire que seul le hasard aurait pu produire notre monde étrange ? Comment ne pas croire qu’un éventuel créateur serait aux commandes de cette mystérieuse évolution permanente qui s’exerce sur le monde inerte comme sur le monde du vivant ? Comment croire que le monde serait conduit uniquement par des processus aveugles et indifférents à l’homme, sans finalité ? Comment croire qu’il n’y a pas de Pourquoi ?

Emylia

7 commentaires:

  1. Ma devise est celle-ci : Il y a un moment où il faut s'arrêter de chercher à comprendre mais contempler tout simplement le grand miracle ou(mystère) de l'existence et laisser l'émerveillement nous saisir!....
    ce n'est pas de moi. "Bertrand Vergely

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  2. Chèr(e) Anonyme,

    Vous avez certainement raison de citer Bertrand Vergely, ce philosophe de la joie et du bonheur que j’apprécie particulièrement. Il n’y a pas meilleur philosophe de l’espérance avec la foi.
    Je dois reconnaître que c’est une habitude professionnelle de me laisser m’émerveiller par la beauté de la nature tout en étudiant sa complexité et son raffinement.
    Les deux activités de l’esprit se renforcent mutuellement : contemplation et entendement. Je crois que ces deux activités sont présentes dans toute l’œuvre de Pierre Teilhard de Chardin.
    Il me semble me souvenir que dans la genèse biblique, la connaissance de la vie est le fruit autorisé. L’homme est invité non seulement à louer et à pénétrer avec son intelligence les mystères de la nature mais aussi à devenir lui même un créateur en se gardant bien de tout prétention à vouloir égaler, dépasser ou se passer de Dieu.
    La connaissance du bien et du mal est le fruit interdit qui est réservé au divin. Pour cette raison, je crois bien qu’il est préférable de s’abstenir de juger autrui autant qu’on le peut.
    Il me semble aussi que l’ouverture à son prochain, l’empathie bienveillante, ce choix de vouloir comprendre les raisons d’autrui requiert un minium de compréhension. Cette compréhension évite bien des conflits destructeurs issus de malentendus ou idées préconçues mais fausses.
    Voilà, je donne juste mon sentiment pour expliquer pourquoi la seule contemplation, observation n’est pas suffisante dans ma vie. Je serais passée à côté de choses essentielles. Mais ce n’est juste que mon point de vue.
    Je vous souhaite une excellente journée, avec le moins d’orages possible.
    Emylia

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  3. Bonjour,

    L'exemple de Pierre Teilhard de Chardin me semble excellent pour montrer que la contemplation, l'émerveillement devant la beauté de la création et la compréhension des lois qui la régissent , loin d'être incompatibles se complètent.
    Parfois même la connaissance fine permet de mieux admirer encore. C'est souvent le cas des chercheurs en médecine qui découvrent combien le corps humain est une merveille. La complexité d'un œil, d'une oreille, du système nerveux, des milliards de neurones activés pour que le message parvienne au cerveau et que celui-ci le capte et envoie aux muscles, d'une complexité très grande eux aussi, des ordres très précis pour un geste adapté, c'est déjà une merveille que j'ai un peu honte de schématiser ainsi à l'extrème. Il faudrait des pages et des pages pour décrire les processus mis en route...qui eux prennent très peu de temps pour s'accomplir... Et je ne parle pas de tout ce qui se passe dans le corps pendant le même temps, et qui n'arrive pas à la conscience.

    Il n'est pas nécessaire de connaître les lois d'otique pour admirer le plumage coloré d'un oiseau, ni la botanique pour admirer une fleur, heureusement d'ailleurs, mais, je croirais assez volontiers que plus nous connaissons, plus nous nous émerveillons. A mon avis, la création n'y perd pas sa part de mystère.
    Ce qui reste un mystère, au delà des explications, c'est la vie, le mouvement, la profusion, la beauté.
    Une femme est émerveillée quand elle voit l'enfant qu'elle vient de mettre au monde. La vie est passée par elle! Elle n'a pas fabriqué un enfant... en pensant à lui faire des bras des jambes, etc... Cela reste bien un mystère pour elle qu'un être humain ait pris chair et vie en elle, même si les étapes de sa croissance peuvent être expliquées. Mystère dans le sens où l'explication se heurte, un moment donné à nos limites de compréhension, mais plus encore sans doute, mystère dans le sens que nous percevons bien que nous touchons là au sacré et qu'il nous pousse à adorer.

    C'est aussi juste mon point de vue.
    Thérèse.

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  4. Bonjour,
    Je partage tout à fait vos réflexions, à Ch. Rancé et vous. Cela m'a toujours paru évident que le monde a été pensé et voulu . Comment ne pas le croire, en effet. L'athéisme m'a toujours étonnée comme ma foi étonne les athées qui me connaissent.
    Ce qui me fascine surtout, c'est que le monde soit beau. Que le monde ait pu être le fruit d'un hasard (génial dans ce cas) passe encore, mais qu'il y ait tant de beauté !
    Thérèse.

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  5. Chère Thérèse,

    Est ce que la sensibilité à la beauté est objective ? Je n'en suis pas si sure.
    Ne serait-ce pas la foi qui ouvre nos yeux à la beauté.
    Je pense notamment qu'il n'est pas donné à tout le monde de percevoir la beauté intérieure des personnes.
    L'enveloppe extérieure du corps ne dit rien du coeur.
    Je crois que Dieu oeuvre en nous pour nous faire sentir la beauté de toute la création au delà des normes
    de beauté du Monde.

    Emylia

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  6. J'ai un peu poursuivi la réflexion:
    Le fait que beaucoup d'hommes ne croient pas que la nature est l'œuvre de Quelqu'Un (qui plus est, L'Amour en personne) expliquerait qu'on la traite si mal? ...qu'on ne se sent pas en devoir de la respecter, de la maintenir dans son existence et sa beauté? ...qu'on ne voit souvent que son aspect utilitaire et son exploitation possible sans assez de retenue?... Qu'on " décrée".sans avoir conscience que l'on offense ainsi Quelqu'Un ?
    Thérèse

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  7. Bonjour Thérèse,

    Je pense que le non respect de la nature vient d'une ivresse de puissance et de pouvoir et de jouissance de ce pouvoir : cette illusion contraire à la création est la destruction :
    " Si j'ai ce pouvoir de détruire ce qui a été créé , ne suis-je pas l'égal du créateur ? N'ai je pas la capacité de m'en passer ou de le dépasser ? "
    C'est là le cœur du péché d'orgueil !

    Emylia

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