mercredi 28 mai 2014

Béatitudes

Nous vieillissons ! Non nous prenons de l’âge ! C’est une bonne nouvelle, c’est une grâce. Ce n’est pas donné à tout le monde. Certains doivent rendre leur vie bien trop tôt avant de l’avoir vécu suffisamment longtemps. C’est le mystère de Dieu que nous ne pourrons jamais pénétrer de notre vivant. Donc, nous avons acquis des connaissances, de l’expérience dans beaucoup de domaines et nous espérons aussi avoir grandi en sagesse. Bien sûr le corps décline depuis nos vingt ans. Mais qu’importe que l’homme extérieur vieillisse si le nouvel homme intérieur est né et s’épanouit. Oui car il ne faudrait pas arriver à ce stade de la vie en ayant bloqué notre homme intérieur au stade infantile, en se dissimulant à soi même les outrages du temps sur notre enveloppe corporelle extérieure. Il faut bien se mettre dans la tête que cette vie là n’est pas éternelle. Cette attitude lucide nous évite de commettre bien des erreurs irréparables. Et s’y préparer le plus tôt possible est sagesse. Car je ne suis pas de ceux qui s’imaginent qu’il suffit d’accepter les derniers sacrements pour effacer tout son casier spirituel et moral (ou karma). Ce serait bien trop facile ! Et d’ailleurs, la bible, ancien comme nouveau testament, n’est pas simple à interpréter. L’expérience et le discernement qui s’acquièrent peu à peu avec le temps aident progressivement à y voir clair. J'ai le sentiment qu'il y a une grande richesse du côté des écritures, à le pas laisser filer par ignorance.

Quand il nous semble enfin être capable d’appréhender les subtilités des saintes écritures, il nous reste à choisir quel genre « d’Heureux » nous voulons être, selon les béatitudes dans Matthieu, 3-12.

3 Heureux les pauvres en esprit,  car le Royaume des Cieux est à eux.
4 Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
5 Heureux les affligés,  car ils seront consolés.
6 Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés.
7 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
8 Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
9 Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
10 Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.
11 Heureux êtes-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on vous calomnie de toutes manières à cause de moi.
12 Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.


Il nous appartient aussi à chacun de faire le choix décisif de notre engagement chrétien quand la providence nous en laisse la possibilité et la liberté. Ci-dessus sont énoncées par Jésus-Christ les onze propositions de marche vers la sainteté. Souscrire aux onze d’un seul coup est réservé aux plus grands des super-Saints. Mais pour nous autres, les petits saints très ordinaires, sans prétention exceptionnelle, sur quelle proposition particulière décidons nous de nous engager. Évidemment le genre de notre sainteté dépend de notre tempérament. Et la diversité des tempéraments fait la richesse et la spécificité humaine (heureusement que nous ne sommes pas des clones).

Heureux en esprit ? Signifie de renoncer à l’esprit du monde, celui de se fondre dans une course illusoire au pouvoir, à la gloire et à la richesse en se livrant aux compromissions morales. L’heureux en esprit a renoncé à ce genre de lutte. L’heureux en esprit a choisi de demeurer petit, invisible, dans le monde, avec simplicité.

Heureux en douceur ? Celui là renonce à la colère. Il renonce à l’affirmation trop forte de soi, de crainte de ne blesser son prochain d’une colère qui pourrait l’atteindre. Cependant renoncer à la colère ne signifie pas renoncer à l’indignation. Il y a bien des choses intolérables dans ce monde.

Heureux les affligés ?  Celui qui est plongé dans le malheur et qui malgré son affliction persévère dans la vie. Il fait l’honneur de la grandeur humaine qui accepte son humble condition sans se révolter de son sort, sans porter rancune aux autres et à Dieu.

Heureux les affamés et assoiffés de la justice ? Cela suppose de prendre acte de l’inexistence de véritable justice dans le monde, de ne jamais l’oublier sans s’en désespérer. La phrase ne dit pas s’il faut œuvrer pour apporter la justice en ce monde ? Probablement l’action purement humaine ne suffit pas. Il faut faire confiance en Dieu pour l’avènement du royaume sur terre en lui offrant notre concours.

Heureux les miséricordieux ! Considérer que son prochain quel qu’il soit, mérite l’essentiel de notre  attention affective, après Dieu au delà de toute autre considération secondaire.

Heureux les cœurs purs ? Ceux qui se sont dépris de tout intérêt personnel et qui agissent ou prient sans en attendre la moindre réciprocité ou avantage en ce monde ou l’autre. Simplement faire confiance qu’ils ont fait le bon choix quoi qu’il leur en coûte.

Heureux les artisans de paix ? Œuvrer quoi qu’il arrive pour apporter la paix, en acceptant tous les risques et conséquences pour soi-même. Car la paix heurte bien des intérêts et appétits contraires.

Heureux les persécutés pour la justice ! Oser affirmer l’égalité entre les hommes contre toute évidence, résister à l’écrasement des plus faibles en refusant de se taire, est une attitude subversive très risquée dans un monde fondé sur la hiérarchie entre les humains avec les plus forts au sommet de la domination, les adhérents complices aux échelons intermédiaires  et les plus faibles au plus bas de l’organisation ou même en marge.

Heureux êtes-vous si l'on vous insulte ! Voilà une façon imparable pour apprendre à cultiver son humilité.

Ces définitions que je viens d’énoncer me sont personnelles. Elles correspondent à mon interprétation des évangiles. Vous pourriez les comprendre d’une autre manière. Ce serait pour vous l'occasion d’exprimer votre propre point de vue qui ne coincide pas forcément avec le mien !
À quelles béatitudes souscrivez vous préférentiellement ?
Toutes me conviennent intégralement, certaines avec une pratique quotidienne et les autres heureusement utilisées dans des circonstances exceptionnelles. J’aurais du mal à les hiérarchiser. Elles sont toutes importantes.

En tout cas, je n’y vois point là obéissance contraignante et obligatoire à la loi, mais des propositions justes et réalistes d’un vrai bonheur possible.

Emylia

6 commentaires:

  1. Je ne serai pas compliquée en vous disant que personnellement je suis heureuse de vivre" Dieu" dans ma vie de tous les jours. Cela englobe le TOUT d'une vie. Je sais qu'il est là...que je suis aimée de Lui et je Lui fais confiance car je sais qu'il ne m'abandonnera pas!! même dans le pire malheur que j'ai déjà vécu sa force était en moi pour m'aider à combattre tous les démons. Et j'ai réussi! L'Amour englobe tout. ( je n'ai plus de tps je dois m'occuper de mes enfants)

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  2. Merci, amie anonyme, pour ce témoignage plein de foi.

    J'aurais voulu ajouter hier soir, mais le temps m'était compté aussi, que le fait de participer à ce blog soutient ma foi. Le fait d'exprimer ce que je pense, m'aide à le penser plus fort, à en prendre davantage conscience. Souvent, j'ai une idée au départ, en réponse au sujet, puis d'autres me viennent auxquelles je ne pensais pas en commençant à écrire. Quand je termine, je me sens heureuse d'avoir -presque- découvert une pensée dont je n'étais pas vraiment consciente; Cela conforte ma réflexion personnelle,. et je suis heureuse tout simplement. Je sens que j'ai une plus grande foi, une plus grande joie en moi.

    Vos interventions m'éclairent aussi, comme celle-ci qui précède. C'est ce dialogue qui est stimulant. Il me manquait mais je ne voulais faire de reproches à personne. Dans notre façon d'être chrétien(ne) nous sommes bien obligés (ées) de choisir nos activités prioritaires. Je le comprends tout à fait. Ce TOUT de la vie est éclairé par nos actions où nous mettons l'accent sur tel ou tel aspect. C'est à nous tous que nous formons le Corps du Christ et non chacun tout seul. Nous nous complétons.

    J'en arrive ainsi aux Béatitudes. Si chacun est concerné par toutes, nous ne pouvons pas, en général, les mettre toutes en exergue tous les jours et tout le temps.
    Suis-je trop pragmatique, suis-je coupable d'affaiblir le message du Christ si je dis que la manière "basique" de remplir les exigences du Sermon sur la Montagne est de
    1) ne pas aller à l'encontre d'aucune d'entre elles,
    2) être pauvre (humble), doux, miséricordieux...quand nous sommes dans des circonstances qui l'exigent ?
    Vous me direz que ça ne s'improvise pas. On ne devient pas humble, doux etc...spontanément.
    La prière et TOUT le reste de notre vie, avec l'aide du St Esprit nous y conduisent.

    Pour moi, oui, la béatitude concernant la justice dit qu'il faut œuvrer pour établir la justice, car tout l'Ancien et le Nouveau Testament le disent et Jésus ne peut pas être en contradiction avec cet enseignement. Il ne peut y avoir de paix sans justice. La Bible le dit et les papes de Jean XXIII au pape François, pour ne pas remonter plus loin, l'ont répété. Comment chacun de nous peut mettre ceci en application?
    La réponse me parait assez difficile car elle dépend du contexte dans lequel vit chacun et de ses dons personnels. Ce qui me parait certain, c'est qu'un chrétien doit veiller à ne pas être complice des injustices...et nous ne les repérons pas forcément tous au même endroit.
    Il faut sans doute demander à Dieu de nous éclairer et nous donner la force de vivre plus en conformité avec ses demandes.
    Je suis bien consciente de n'avoir fait que balbutier sur le sujet. N'y voyez pas de fausse modestie. Le sujet est encore très vaste et très dense. Emylia nous pousse à des réflexions très "pointues". Et j'ai été trop longue, pardon !
    Bonne soirée à vous tous.
    Thérèse.

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  3. N'hésitez pas à me le dire si vous n'êtes pas d'accord avec moi dans ma façon de traiter le sujet concernant la justice. je ne serai pas étonnée, car il est difficile... mais essentiel, non?
    Je voudrais dire aussi,quitte à être encore plus longue, que ce texte des Béatitudes, invite à une dynamique. D'ailleurs, Chouraqui ne traduit pas "Heureux", mais "En marche" car les mots 'hébreux peuvent prêter souvent à des sens différents mais complémentaires. Il indique sans doute par là que la pauvreté d'esprit, la douceur, la justice sont des réalités à rechercher et qu'il ne faut pas se résigner quand elles ne sont pas présentes. Nous devenons heureux en nous approchant de mieux en mieux.
    Thérèse.

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  4. Bonjour,
    Vous avez bien fait Emylia de ne pas vous empêcher de nous avoir donner la possibilité d'écouter le débat entre Joseph Moingt et Maurice Bellet!
    . A tous: cliquez sur le côté à droite sans hésiter. J'ai commencé , avec un grand plaisir, à les entendre s'exprimer avec leur fraîcheur de jeunes hommes de 90 ans et plus...presque 100 pour le Père Moingt si j'ai bien compris. Les mots me manquent pour dire combien je suis admirative!

    Contente aussi d'avoir entendu Lytta Basset parler de sa façon d'exercer l'accompagnement spirituel.
    Je vous laisse pour me remettre à écouter.
    Merci beaucoup Emylia.
    Thérèse.

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  5. J'ai fait une faute:...ne pas vous empêcher de nous avoir donn é. Dérangée par le télépnone. Th;

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  6. Bonjour à tous, sur la page de droite, il y a mes trois théologiens préférés.
    Thérèse a bien raison de profiter de ces interviews exceptionnelles.
    J'ai été très admirative de Joseph Moingt parce qu'il a osé préfacer le livre "Le Déni" de A. Chablis et M. Amandier sur
    la considération des femmes par l'église catholique. Cette préface m'a tellement plue que j'ai voulu lire un livre de ce théologien.
    Du coup, je me suis procurée son livre "Croire quand même" (format poche) qui contient un entretien libre avec un journaliste.
    Ce livre a connu un grand succès de diffusion en librairie.
    Ce livre est adapté aux non spécialistes de la théologie et on y retrouve les idées énoncées dans l'emission Radio.
    Un véritable plaisir de lecture.

    Emylia

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