mercredi 16 juillet 2014

Un univers mathématique

Je lisais un livre (« notre univers mathématique ») d’un physicien contemporain (Max Tegmark) qui raconte comment après avoir suivi des études de commerce, il découvre avec étonnement la physique. Il réalise avec émoi, que non seulement la nature se laisse décrire par le langage des mathématiques, mais il pense surtout que l’univers est un objet mathématique. Je pense que moi aussi dans ma jeunesse, je me suis laissée émerveiller par la beauté et l’élégance de ce langage mathématique, qui décrit si bien la réalité de la matière et sa dynamique. Je pense que ce succès des mathématiques peut donner une illusion de puissance, comme bien des économistes pensent pouvoir comprendre et contrôler les affaires humaines par certains modèles mathématiques appelés théories. Je soupçonne ici un grand piège idolâtre. Aujourd’hui, je ne peux pas supporter de me considérer comme l’un de ces objets mathématiques inclus dans cet univers mathématique. Je perçois bien qu’en tant qu’être vivant et mortel et libre, je dispose d’au moins une dimension supplémentaire que celle de notre espace-temps familier et que cette dimension supplémentaire ne se laisse pas appréhender par le langage des mathématiques.
Ma réaction vient aussi en écho au livre de Maurice Zundel (« Quel homme et quel Dieu ») au chapitre  4 (« Les degrés du savoir »). On peut être un scientifique appliquant un raisonnement strictement rigoureux, scrupuleux, suivant parfaitement à la lettre la méthode scientifique. Il n’empêche qu’un scientifique n’en est pas moins un homme ou une femme. Dans sa vie, il sera amené à faire des choix moraux, réaliser des actes qu’il considère comme justes, s’engager personnellement dans une cause humaine, sans invoquer la science pour conforter abusivement son attitude ou comportement. En ce sens, un scientifique reste une personne libre dont le choix entre être croyant, agnostique ou athée est absolument indépendant de sa profession. Trop de personnes pensent encore que la croyance religieuse est incompatible avec la raison scientifique, parce qu’elles s’imaginent que la science pourrait contrôler ou expliquer à terme la dimension spirituelle de l’être humain. Même si l’imagerie du cerveau est capable de voir ce dernier en action physico-chimique, même si un enchaînement causal d’une série de réactions est mis en évidence, je suis convaincue que toute cette technicité ne parviendra jamais à expliciter la cause et la finalité ultime de l’homme, le pourquoi !

Je pense qu’il est préférable de ne pas tout savoir sur soi. Une part d’ombre est nécessaire pour vivre son humanité. Cette ombre permet l’espérance, la foi, donc l’amour. Je ne crois pas qu’un objet mathématique ou technique puisse aimer un jour.  

Emylia

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