samedi 14 mars 2015

Notre place


                                                                                                                 Va vers ce qui te donne d’être.                                                                                                                                                                             Françoise Dolto


Je parcours mes notes sur la conférence de Maurice Bellet. Que de belles pensées sur le retour du religieux et du spirituel. Je serais bien en peine d’essayer d’en donner un résumé. Je préfère renvoyer à son excellent livre « l’explosion de la religion ». 
Que de pistes spirituelles lancées, dont les traces à peine esquissées deviennent chacune un chemin potentiel. Certaines d’entre elles ont provoqué en moi quelques échos résonnants que je rapporte ci-dessous.    
Je m’arrête un instant sur ce thème des nécessités pour que la vie soit possible: «Il est vital pour l’homme d’avoir une place dans un ordre des choses tel qu’il puisse exister ». MB ne parle point ici de l’homme en général, mais concrètement de chacun de nous en particulier, de tout temps de notre vie, de l’âge du nourrisson, de l’enfant, de l’adolescent, de l’adulte jusqu’au vieillard à bout de souffle épuisé par les épreuves.
Il ne considère pas seulement la place sociale que nous occupons les uns ou les autres, selon nos occupations, nos multiples rôles, ou pire de notre revenu mensuel, de nos possessions ou comptes en banque, mais d’un ordre premier dans lequel notre appartenance à l’humanité est pleinement reconnue, et notre présence sur cette terre est parfaitement accueillie.
La place d’un être humain est le lieu où il est attendu inconditionnellement, quelques soient ses facultés intellectuelles ou morales. C’est en cette place particulière que l’être humain peut lui même attendre quelque-chose qui peut se révéler à lui personnellement.
De ce lieu plongé dans l’obscure, il devient possible d’écouter une parole de ce qui nous est décisif. Cette parole nous fait entendre quelque chose d’assez inouï que le motif de croire est ce qu’on croit. Cette chose là, il devient désormais hors de question de la perdre dans les méandres de notre chemin d’humanité qui vient de s’ouvrir. La première attitude de cette naissance d’humanité donne à entendre qu’en cet entre-nous il y a de l’amour, c’est-à-dire la tendresse agape. Apparaissent alors les structures qui permettent les échanges et des relations. Il devient alors possible de se déplacer sans risque du point central tout en restant le même. Elle ouvre aussi notre attention à ce qui nous a parlé au travers des Évangiles. D’ailleurs selon MB l’ancien testament et le nouveau testament sont les mêmes textes écrits autrement.
De ce lieu dessinant un espace intérieur habitable, l’homme peut prendre appui sur un socle fondateur, s’accrocher à un axe qui oriente, pour être protégé de la peur, des fureurs, du chaos ou des ténèbres, d’être sauvé de la solitude et de la perdition.
Nous sommes héritiers de deux concepts contradictoires. Nous sommes terriblement tenaillés entre d’une part la bénédiction initialement reçue et d’autre part, par le déchirement meurtrier qui nous menace intérieurement et extérieurement en permanence. Le véritable péché originel est là, dans cette furie du meurtre et il n’a rien à voir avec un soi-disant péché de chair. Par meurtre, il faut le comprendre dans le sens large comme toute forme de destruction de la vie, de toute forme de création, des liens qui unissent les hommes entre-eux et avec la nature.
Ce péché originel est bien illustré dans plusieurs histoires dans les différents évangiles comme celui de St Marc sur l’homme habité par un esprit impur. Il n’y a pas d’explication de l’origine de la présence de cet esprit impur, de ces démons qui nous habitent malgré nous pour mieux nous détruire. Nous ne sommes pas coupables de leur présence, mais nous pouvons demander à en être délivrés. Là résiste notre véritable responsabilité.
Notre faculté de résistance n’est autre que la foi qui est notre puissance d’inventer dans le mouvement même de la foi, et ce même dans la profondeur de la nuit.


Emylia

6 commentaires:

  1. Bonjour,

    J'ai du retard! Je n'ai pas pu vérifier ce que je voulais à propos de St Thomas d'Aquin. Je me lance donc d'après mes souvenirs. Je serai reconnaissante envers toute personne qui voudrait me corriger en cas d'erreur.

    Averroès (XIIIème siècle) savant, médecin, philosophe, à Cordoue, a étudié la métaphysique d'Aristote à la lumière du Coran (comme le dit le Larousse) et a réussi à les concilier. Il a donc concilié foi et raison. Avicène, le médecin d'origine perse, l'a suivi dans cette démarche. Puis Le savant juif Maïmonide. Enfin, St Thomas d'Aquin , à leur suite, a mis en lumière dans sa théologie l'harmonie entre foi et raison en utilisant aussi la métaphysique d'Aristote.

    A bientôt , je l'espère.
    Thérèse

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  2. Correction :Averroês a vécu au XIIème siècle. Th.

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  3. Merci Thérèse,

    J'ai posé cette question sur St Thomas d'Aquin car mon fils m'a fait lire l'un de ses textes qui parlait
    de la fortune selon la Physique d'Aristote (dans le sens de hasard).
    Ils ne doivent pas être nombreux les jeunes qui lisent St Thomas en France de nos jours.
    Mon fils devrait être capable de lire la Somme Théologique en latin d'ici trois ans ...
    J'ai essayé de lire, mais dur.. dur, je préfère des auteurs plus contemporains.

    Du coup je suis tombée sur un site remarquable :

    http://docteurangelique.free.fr/accueil.html

    À très bientôt, je l'espère aussi.

    Emylia

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  4. Bonsoir Emylia,

    Merci pour ce lien. Je suis allée consulter ce site tout de suite; en effet, il me parait remarquable et je crois que j'y retournerai souvent. Votre fils commence ses études de philo avec un bel appétit !

    J'ai commencé le livre de J. Moingt "Croire au Dieu qui vient".
    Par contre, je n'ai pas encore commencé à réfléchir à votre article de cette semaine. J'ai besoin de beaucoup de temps pour tout. Ma santé me donne beaucoup de fil à retordre depuis plusieurs semaines. Je vous demande de prier pour moi pour que je ne me décourage pas. Merci. C'est encore lire que je réussis le mieux à faire quand, comme aujourd'hui, il m'est pratiquement impossible de faire quoique ce soit d'autre. J'ai du mal à prier aussi. Il faut sans doute que je prenne les psaumes pour m'aider.

    Bonne soirée à vous Emylia et merci .
    Thérèse.

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  5. Bonjour chère Thérèse,

    Je vais redoubler de prière pour vous et aussi pour ma collègue qui vient de découvrir une tumeur dans son cerveau et qui sera opérée demain.
    Que Dieu vous bénisse.

    Emylia

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  6. Bonsoir chère Emylia,

    Je viens de découvrir votre message et je suis très touchée. Merci pour vos prières. Je vais beaucoup penser à votre collègue demain et prier pour elle aussi bien que je le peux. Que Dieu la porte et que Marie lui montre toute sa tendresse de mère.
    Que Dieu vous bénisse aussi.
    THérèse.

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