La parole infuse
lentement, parfois comme le thé, ou plutôt comme un grain de sénevé qui germe.
Cette parole peut passer au travers de tout être humain. C’est le cas pour ces
religieuses de l’abbaye de Bonneval
qui ont osé s’exprimer ouvertement à leur prochain dans le documentaire « Le
temps de quelques jours ». Moi aussi, j’ai eu besoin de laisser infuser
lentement la parole des sœurs. Pourquoi n’auraient elles pas pris la
parole ? Ne sont elles pas les mieux placées pour témoigner de leur
vocation ? Nous-autres laïcs, ne sommes nous pas des assoiffés d’une vraie
parole qui libère ? Laissons nous accueillir leur don.
La première phrase du
film est donnée par de la mère supérieure au sujet de son engagement :
j’avais 21 ans et j’ai pris conscience
que déjà à l’époque, je posais un acte foncièrement contestataire.
Nous voilà plongé
au cœur de la question de la foi : une contestation du monde humain tel
qu’il est qui ne ressemble en rien au royaume attendu. Autre phrase
choc du maitre chocolatier « croire que la société de consommation
est notre avenir est plus absurde que de croire en l’existence de Dieu ».
Ou encore sœur Anne-Claire, ancienne ingénieur, « tous ces biens de
consommation, j’en ai suffisamment profité pour me rendre compte que ce n’est
pas ce qui va me rendre heureuse ». Ou bien encore sœur Aleksandra
« je me suis lassée, je cherchais quelque chose de plus vrai, quelque
chose de plus essentiel ». Et pour terminer, sœur Claire, 84 ans,
« c’est la liberté complète ici, je ne suis pas esclave des affaires du
monde ».
En dépit du sérieux
du sujet, le rire des sœurs apaise. Elles ne semblent pas écrasée par la
stricte observance. Après le film, au cours du débat, les spectateurs expriment
leur respect, parfois leur admiration et aussi leur gratitude à l’égard de ces
témoignages et de ces confidences ouvertes. Il me vient à l’esprit que tous ces
nombreuses personnes qui écoutent aussi religieusement les sœurs, ne sont-elles
pas en train de poser aussi un acte contestataire ?
Emylia
Bonjour Emylia... et ceux qui passent par là,
RépondreSupprimerJe ne viens de voir votre dernier message du 13 /10 qu'aujourd'hui.Il yl est question de morale, liberté et laïcité. Je crois, et de nombreux chrétiens avec moi, (y compris la plupart des évêques français)que comme le dit la loi, que la laîcité est la liberté d'avoir la religion de son choix (ou de ne pas en avoir) et le droit de l'exercer dans les limites du droit républicain qui est :"la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres". Il faut donc que les citoyens cohabitent paisiblement quelque soit leur croyance.
Pour les chrétiens le principe de laïcité s'appuie sur l'injonction de Jésus: "Rendez à César et à Dieu ce qui est à Dieu."
Il y a la façon négative de voir la laïcité . Elle a prévalu de nombreuses décennies dans les milieux chrétiens. J'ai moi-même grandi dans ce contexte particulier. ( Ma famille est issue de la même localité que Renan!), Cela était dû au contexte très conflictuel dans lequel a été votée la loi de l'Eglise et de l'Etat. Les choses, heureusement se sont apaisées et L'Eglise voit son côté positif. Nous n'aimerions pas que le gouvernement quelqu'il soit nous dise ,ou encore moins nous impose ,ce à quoi nous devons croire. C'est avant tout contre ça que nous préserve la laïcité.
Bien sûr, il y a des personnes ou des groupes qui veulent aller trop loin là aussi et sont absolument allergiques au nom même de Dieu. Il y a des intégristes dans tous les domaines. Mais un philosophe non croyant comme Régis Debray trouverait souhaitable que l'on enseigne les religions dans les écoles publiques car il pense que l'ignorance des Français à propos du fait religieux est dommageable pour notre société.
Ce serait à faire avec une grande délicatesse pour éviter le prosélytisme. Pas facile !.
Vis à vis de l'obéissance à l'Eglise, ça demande encore des développements. Plus tard...
Merci pour le lien pour accéder à" la théologie de poche" de Maurice Bellet.
J'espère ne pas vous avoir trop bousculée . J'ai tellement vécu cette évolution dans mon histoire personnelle que je ne pouvais rester sans réagir.
Bonne journée.
Thérèse.
"Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu."
RépondreSupprimerBonjour Thérèse,
RépondreSupprimerJe n'ai pas bien compris votre message précédent qui faisait référence à mon message du 13/10 où je citais Maurice Bellet.
Bonne journée.
Emylia
Excusez moi Emylia, je n'ai pas été assez précise.
RépondreSupprimerJe recopie ce que vous écriviez le 13/10 ; ce n'est pas très long.
"La vraie philosophie du christianisme suppose une relation étroite entre une morale et la liberté."
Je suis complètement d'accord avec vous jusque là.
Vous écrivez plus loin:
" Cette synthèse ne peut avoir lieu dans une pure laïcité"
Pardonnez moi de revenir ainsi en arrière. De plus, ce n'est pas le sujet de ces jours-ci. Je ne comprends peut-être pas ce que vous entendez par" pure laïcité". Comme vous avez déjà évoqué la laïcité par le passé à plusieurs reprises et , je me trompe peut-être, qu' il m'a semblé que vous la voyiez de façon négative, j'ai voulu souligner ce matin, qu'elle est une chance pour la liberté de conscience.
Vous écriviez ensuite:"
Elle (la synthèse) n'existe pas non plus dans une structure hiérarchique d'Eglise qui suppose l'obéissance.
Cela ne me parait pas tout à fait exact car le chrétien (catholique comme dans d'une autre confession chrétienne) n'est tenu à l'obéissance , en dernier recours, qu'à sa conscience et la hiérarchie ne peut que l'éclairer et en aucun cas l'obliger. Le Jésuite et philosophe Paul Valadier a écrit tout un livre là-dessus
.( le titre ne me revient pas pour le moment.
J'ai lu récemment un de ses écrits "Un Philosophe peut-il croire? "ed.Cécile Defaut. Je crois qu'il vous intéresserait.
J'ai écouté les deux 1ères parties de la" théologie de poche" de M. Bellet. C'est un plaisir de l'écouter dans un langage accessible. J'adhère complètement à ce qu'il dit là. Merci encore d'avoir donné le lien.
Bonne soirée.
Thérèse.
Je précise que la localité où est né Renan est Tréguier dans les Cotes d'Armor, là où est né aussi, bien avant, au moyen äge, St Yves, dont le souvenir est toujours très vivace et le culte entretenu tous les ans avec beaucoup de ferveur et d'enthousiasme le 19 mai. Je vous laisse imaginer les fronts au moment du vote de la loi de 1905 séparant l'Eglise et l'Etat.
Je n'habite plus, depuis longtemps. dans ce département que j'aimais beaucoup; Th.
RépondreSupprimerBonsoir Thérèse,
RépondreSupprimerAh oui, ça y est, je me souviens...
Je crois que je me suis trompée de mot, the voulais dire athéisme au lieu de laicité : la relation entre morale et liberté est assez lâche et non vraiment contrainte.
Mais on peut être athée et libre, athée et moral. Lais n'un n'implique pas l'autre et vice versa. C'est ce que je voulais dire.
Quand à structure hiérarchique d'Eglise, j'ai voulu dire hiérarchie écclésiastique : Pape->Cardinal->Evêque->Prêtre->Diacre.
Dans cet ordre, il n'y a pas de place pour des discussions d'opinion, de débat. Mais je n'ai pas tenu compte
des Synodes. Oui là il y a discussion en ce moment. C'est la manifestation du respect de la liberté humaine dans l'église.
Le chrétien de base lui est libre d'adhérer ou non aux règles.
Parfois, il voudrait bien suivre les règles, mais des pressions trop fortes l'en empêche
(sa propre nature humaine, les conditions de vie).
Au sujet de la séparation de l'église de l'état en 1905, connaissez vous le film excellent
qui peut être vu à
http://vimeo.com/66508464
Bonne soirée.
Emylia