mercredi 8 octobre 2014

La fin du royaume

Je viens de terminer le livre « Le Royaume » d’Emmanuel Carrère. Je l’ai beaucoup apprécié car je pense avoir trouvé un récit plausible des débuts du Christianisme. Dans quelles circonstances historiques et sociales ont été écrites les Lettres et les Évangiles et qui en sont les auteurs ? Ces derniers se connaissaient-ils ? Se sont-ils mutuellement influencés ? Ont-ils connus Jésus Christ ? De qui tiennent-ils les témoignages qu’ils rapportent. Ont-ils pu modifier les paroles de Jésus ? J’ai bien conscience qu’Emmanuel Carrère n’écrit pas seulement en pur historien mais aussi en tant qu’écrivain qui présente un scénario réaliste et cohérent mais pas forcément exact sur tous ses aspects. J’ai donc pris un grand plaisir à lire ce livre sans tout prendre pour argent comptant ou parole d’Évangile. Surtout quand la vie personnelle de l’auteur interfère avec cette histoire, notamment lorsque ses propres fantasmes réagissent à la virginité de Marie (seul passage érotique qui me paraît superflu, mais l’auteur avait besoin de réagir, je le respecte. Heureusement qu’il n’en inflige pas trop à ses lectrices). C’est cela la littérature de roman. L’écrivain n’est pas un philosophe ni un historien et encore moins un théologien. Il est un simple homme comme la plupart d’entre nous. Il vit sa propre vie avec l’histoire qu’il raconte. Nous aussi lecteurs, nous vivons notre propre vie en parallèle aux lectures des écritures qui nous nourrissent. L’écrivain qui a connu une période de foi mystique intense pendant trois ans il y a  vingt ans, pense avoir perdu la foi. Mais il ne s’explique pas pourquoi cette histoire de St Paul, de Luc et des autres apôtres le fascine tellement. Peut-être et probablement traverse-il une longue nuit de foi. On le voit se débattre sincèrement avec ses doutes. Mais même si la foi semble se dissoudre dans le réalisme et la rationalité, les évangiles conservent un attrait mystérieux qui incite écrivains et lecteurs à persévérer dans une quête qu’ils ne s’expliquent pas. On pourrait considérer que ces histoires contiennent tellement d’incohérences qu’on ferait mieux de passer notre chemin pour aller lire d’autres histoires plus véridiques et moins parcellaires et rédigées plus élégamment.
Eh bien peut être pas. On peut être un peu comme Luc à recueillir ici et là des écrits et des paroles pour se convaincre qu’un phénomène extraordinaire s’est passé au tout début de notre ère. Il ne s’agissait pas seulement d’une spectaculaire résurrection mais aussi d’un homme qui parlait comme nul autre n’avait jamais parlé avant lui. Et l’une de ses paroles encore aujourd’hui a le pouvoir de nous atteindre les uns les autres au cœur. Peu à peu, nous devenons les témoins du Christ dans notre propre vie, en modifiant imperceptiblement notre façon d’agir et de penser.

Peu à peu, il y a une espérance et un calme qui s’installe. Ce n’est pas tant la croyance d’un bonheur infini qui nous attend pour l’au-delà, mais plutôt une assurance et une joie peuvent nous habiter dès à présent, dans le vécu de nos relations avec nos proches et autrui. Tous les indices semblent concorder. Ça doit être cela le royaume : le Christ dans les cœurs vivants.

Emylia


J'hésite pourtant à aller écouter l'auteur à la Procure en novembre. Je ne suis pas certaine d'en apprendre beaucoup plus.

15 commentaires:

  1. Bonjour,

    Comme je pensais pouvoir emprunter le livre de Carrère, je ne l'ai finalement pas commandé. C'est dommage, bien sur car j'ai vraiment envie de le lire. Je ne peux ainsi répondre à votre billet.

    Par contre, j'ai envie de vous dire que- si vous en avez la possibilité assez facilement- je crois que ça pourrait être intéressant d'aller l'écouter. Vous pourrez aussi entendre ainsi les réactions des autres lecteurs et peut-être que cet échange sera fécond. C'est ce que je souhaite car le sujet le mérite. J'ai l'impression que "cette histoire" n'est pas finie et qu'il y aura encore des pages à écrire.
    A bientôt.
    Thérèse.

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  2. Bonsoir Thérèse,


    Indépendamment des doutes de l’auteur qui pense avoir perdu la foi, je constate que des connaissances plus claires sur l’émergence du christianisme après la résurrection, ne sont pas de nature à remettre en cause ma foi.
    Cette lecture me permet de me constituer un socle de connaissances à partir duquel je pourrais relire avec une meilleure compréhension, les 4 évangiles et les épîtres. Notamment, il y a de nombreux détails qui méritent toute notre attention.
    Ainsi j’aurai à l’esprit que St Luc était le secrétaire de St Paul et que St Marc alias Jean-Marc était le secrétaire de Saint Pierre.
    St Luc aurait rencontré presque tous les protagonistes de cette histoire et aurait eu connaissance en partie des autres évangiles synoptiques. Il aurait même rencontré Marie, la mère de Jésus et Saint Jean.
    Je ne sais pas trop qui était l’évangéliste St Jean. Était-il le disciple que Jésus aimait ? Comment un simple pécheur a pu écrire un évangile aussi philosophique ?
    Est-ce le même Jean qui a écrit l’évangile et l’apocalypse ?
    Le monde chrétien du 1er siècle semble très petit comme si presque tous les premiers chrétiens avaient eu l’occasion de se rencontrer de temps en temps.
    Y avait-il des rivalités de leadership dans l’église naissante ? Probablement, même si chacun se réclame de l’amour du prochain.
    Les disciples directs de Jésus ont pu considérer que St Paul était illégitime ou un usurpateur. En tout cas, ils n’avaient pas de stratégie commune d’évangélisation ni de ciblage des destinataires.
    À cette histoire très mouvementé et périlleuse, se rajoute le drame énorme de la destruction du temple de Jérusalem et probablement de la ville en l’an 70 dans un contexte d’irresponsabilité des dirigeants juifs et romains.
    Les pauvres étaient de plus en plus écrasés de taxes et parvenaient très difficilement à survivre. L’élite juive était complice de connivence romains et s’enrichissait outrageusement. Une frange de la population a été poussée à la révolte.
    Bien que religieusement tolérants, le romains ne supportaient pas la révolte. Alors ils réalisèrent ce qui ressemble à un massacre génocidaire exemplaire sur le peuple juif.
    Cependant le peuple juif a survécu hors de sa terre promise pendant 19 siècles, malgré les incessantes persécutions dans le monde européen, avant de pouvoir revenir sur la terre de ses origines.
    Ce drame contient tous les indices des futurs drames génocidaires historiques. Le scénario qui conduit à l’inéluctable ressemble fortement à ce qui s’est produit de nombreuses fois au cours de l’histoire.
    Comme l’auteur, j’éviterai de justifier cette catastrophe par les écrits de l’apocalypse. De toute façon, je ne comprends pas le sens « violent » et punitif ou pire vengeur de l’apocalypse.

    En tout cas,il un a des témoignages sérieux d'historiens de cette époque comme ceux de Flavius Joseph qui décrivent cette époque très trouble de l'histoire de l'humanité.
    Je vous souhaite une bonne soirée.

    Emylia

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  3. Bonjour Emylia,

    Quand j'écrivais hier: j'ai l'impression que " cette histoire" n'est pas terminée, je pensais à l'histoire de la conversion d'Emmanuel Carrère. De toute façon, aucune histoire de conversion n'est jamais terminée, c'est à reprendre tous les matins, mais n'ayant pas lu le livre, je ne savais pas que l'auteur détaillait autant l'histoire du christianisme.
    (Bien entendu, je ne pense pas l'histoire du christianisme terminée, loin de là.)

    Pour puiser à de bonnes sources, et il semble que Carrère l'a fait, la bible de Jérusalem (par exemple) donne beaucoup de renseignements dans ses introductions aux différents livres qui composent la Bible et dans les notes de bas de page. Je crois me souvenir que des affirmations que vous rapportez y sont.

    L'Apocalypse est difficile à lire car elle est écrite en langage codé en période de persécutions pour aider les persécutés à tenir. Il faut savoir le décrypter et nous n'avons pas, sauf initiation à cet effet, les clefs nécessaires en ce début de XXIe siècle. C'est pourquoi, son langage peut heurter ou paraître particulièrement hermétique. Il reprend des thèmes connus des juifs de l'époque mais que nous ignorons. C'est d'ailleurs aussi le cas de certains passages d'Evangile qui nous heurtent mais qui étaient dans la mentalité des auteurs des Evangiles. Ils contrastent avec la mentalité du Christ et ils sont à comprendre dans un contexte plus général sans tomber dans le piège d'édulcorer le message de Jésus. Pas toujours facile!

    Bonne journée.
    Thérèse.

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  4. Bonjour Thérèse,

    J'ai pu entendre en différé cette emission très intéressante avec E. Carrère sur son livre et l'histoire des premiers chrétiens.

    http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-2eme-partie-enquete-du-nouveau-testament-avec-emmanuel-carrere-2014-09-10

    Bonne journée.

    Emylia

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  5. J'ai réécouté l'émission. Elle m'a fait beaucoup réagir. Je vais y réfléchir et peut-être arriverai-je à dégager quelque chose. Le philosophe et l'écrivain tombait d'accord sur certains sujets où moi, je ne l'étais pas du tout. Il
    me semblait que le christianisme dont ils parlaient était un christianisme non compris dans ce qu'il a d'essentiel.

    A bientôt...avec un peu de chance.
    Thérèse;

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  6. Excusez la faute: "le philosophe et l'écrivain tombAIENT..."(bien sûr). Th.

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  7. Bonsoir Thérèse,

    Je sens moi aussi qu'il y a deux formes de christianisme qui forment un tout. Souvent notre religion est réduite au seul aspect rituel et/ou dogmatique.
    Or il y a tout un aspect spirituel-intérieur, un mysticisme qui est ignoré (au sens des Stes Thérèses).
    Il me semble qu'Emmanuel Carrère n'a pas achevé sa conversion. Il s'est jeté corps et âme dans christianisme du dogme et des rites qui a été excessif dans son exclusivité. Or En principe un accomplissement de soi permet de dépasser ce stade. Cet autre stade ne se laisse pas troubler par un récit historique qui ne peut pas délivrer la vérité spirituelle ni la pure vérité historique non plus. La vérité que je recherche est en profondeur, subjective et malheureusement non universelle. Tout le monde n'y accède pas, même en allant plusieurs fois par jour à la messe.
    (Je me contente d'une seule fois par semaine seulement et en moyenne.)
    C'est pour cela que je me disais que je n'apprendrai rien de plus (de spirituel) en allant à sa conférence.
    J'étais en train d'écouter à nouveau Magda Hollander aux racines du ciel

    http://www.franceculture.fr/emission-les-racines-du-ciel-13-14-des-tenebres-a-la-joie-avec-magda-hollander-lafon-rediffusion-de-

    Et je me disais qu'il y avait là une réflexion de l'expérience personnelle spirituelle très profonde qui me faisait du bien de réécouter.

    Bonne soirée.

    Emylia

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  8. J'ai bien lu vos réactions, Emylia. Celles que j'ai eues cet après-midi portaient sur des réflexions qui ont été faites pendant l'émission. Cela peut paraître prétentieux de ma part de dire que je n'étais pas du tout d'accord avec certaines d'entre elles, mais c'est un fait.

    Finkelkrault (j'espère que j'écris bien son nom) reprend la phrase du Christ "Les derniers seront les premiers" pour la récuser. Il dit à ce propos combien il se méfie de la charité, Cette affirmation se rapporte davantage à l'humilité , je crois, mais aussi c'est vrai à la place du rejeté.
    Le philosophe, invoquant la morale de responsabilité, n'accepte pas le comportement du prêtre français qui a eu des ennuis avec la justice , il y a quelques mois, parce qu'il est venu au secours d'immigrés en détresse,
    l'Evangile n'a évidemment jamais été contre la morale de responsabilité, bien au contraire. Seulement il ne place pas la responsabilité au même endroit. Il opère un renversement des valeurs, ce qu'a bien vu, Carrère. mais, par peur de trop défendre le christianisme peut-être , il a peu soutenu ce point de vue.

    Le Christ a donné de la valeur au pauvre, au malade, au handicapé, au pécheur montré du doigt par les bien-pensants, au publicain, bref à tous ceux qui étaient méprisés... aux enfants, aux femmes, aux étrangers:" j'étais malade, j'avais faim, j'étais étranger et vous m'avez visité, donné à manger, accueilli" (Matthieu XXV)

    Jésus s'identifie à ces personnes et dit qu'il est venu pour eux. Il ne le fait pas par" gentillesse" et ne nous demande pas d'être" gentils". J'ai trouvé ce terme employé durant l'émission un peu niais et très peu adapté à l'attitude de Jésus. Quand on pense que cette "gentillesse" va, pour lui, jusqu'à mourir sur la croix au milieu des malfaiteurs il s'agit bien d'autre chose. Il s'agit d'un amour qui va jusqu'au bout du don de soi. Folie bien sûr pour une morale raisonnable.

    Est-ce que les effets seraient catastrophiques si la société se mettait à vivre selon les critères de l'Evangile comme il a aussi été dit pendant l'émission?
    Je vais remettre ce sujet à demain , comme je le pourrai , car je ne peux pas écrire longtemps ces temps-ci.

    Bonne nuit.
    Thérèse.

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  9. Bonsoir Thérèse,

    Je me rappelle très bien de la réaction du philosophe Alain Finkielkraut au sujet du prêtre qui se mettait hors la loi en assistant les sans-papiers. Je n’avais pas commenté, et vous avez raison de souligner la contradiction qui est manifeste entre la loi civile et l’esprit des évangiles. Le prêtre ne pouvait agir autrement qu’en aidant son prochain dans la détresse, tout comme le Père Georges ne pouvait pas quitter le Cameroun pour protéger sa vie potentiellement en danger pour épargner bien des soucis au gouvernement français, ou bien comme les moines de Tibhirine ne pouvaient pas abandonner la population algérienne sans défense et aide aux islamistes.
    D’ailleurs ne louons nous pas les résistants de la seconde guerre mondiale qui ont agi contre les lois iniques du régime légal de Vichy. Jésus encourageait le peuple hébreu à respecter les lois de l’occupant romain, mais il plaçait l’amour de charité au dessus des lois civiles mais aussi au dessus de l’interprétation littérale de loi de Moise, vidée de toute profondeur spirituelle (la lettre au lieu de l’esprit).
    Cette responsabilité qu’invoque Alain Finkielkraut exprime un désir d’ordre et de sécurité, pour soi. Il n’est pas facile de vivre ce dilemme. Emmanuel Carrère l’explique très bien au début de son récit, lorsque croyant sincère, il renonce à employer une nourrice irresponsable en détresse psychologique et mentale qui met potentiellement en danger ses propres enfants.
    Je ne sais pas si Jésus s’identifie à chaque personne rejetée, mais en tout cas il est présent en chacune d’elle. Écarter ces personnes revient à repousser le Christ dans sa vie. Comme il nous est impossible individuellement de résoudre tous les malheurs des gens : je ne peux pas donner de l’argent à chaque mendiant croisé quand je vais à Paris, alors forcément je dois reconnaître mes faiblesses, remarquer mes manquements et petites lâchetés, et il faut croire que le pardon existe et le demander par la prière.
    Comme vous le dites, l’amour de charité est non seulement un scandale pour les juifs et une folie pour les grecs selon Saint Paul, mais surtout il met en péril un monde qui est fondé sur les égoïsmes de chacun. Si quelqu’un s’avisait de ne pas jouer le jeu de l’égoïsme alors son attitude deviendrait subversive. En effet les croyants de toute religion qui se comportent sincèrement selon cet amour agapé idéalisé car de nature divine (comme les prêtres mentionnés au début de mon article), introduisent une faille dans le système humain.
    Cette faille n’est nullement morale, ni humanitaire, ni opinion relativiste. Cette faille qui provient d’un choix fondamental et essentiel de vie pourrait se transformer en fracture sociétale grave.
    Je n’ai pas le courage ce soir de raconter le témoignage d’un ex-trader qui explique comment le système bancaire noie sous des flux énormes et inconcevables d’argent, des jeunes gens sans expérience de la vie, en exigeant d’eux qu’ils pervertissent leur âme et leur corps en les empêchant de vivre une vie normale. De là à faire le parallèle avec la vie dépravée et immorale de la Rome antique et du royaume hébreu du 1er siècle, il n’y a qu’une analogie qui me paraît évidente.
    Oui je crois que notre société ressent comme un danger subversif, les personnes qui ne jouent pas le jeu de l’égoïsme et de la compétition en préférant la solidarité, l’empathie et l’entraide, voir l’amour au delà de l’horizon familial.
    Bonne nuit.

    Emylia

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  10. Tout à fait d'accord avec vous Emylia.

    J'avais aussi le mot subversif à l'esprit en écrivant hier soir. Je me souviens d'avoir choqué mes camarades d'un groupe d'action catholique autrefois, pour avoir dit que l'Evangile est subversif. Je n'ai jamais cessé de le penser.
    Si on si on se mettait à l'appliquer d'une manière large, habituelle et amplement répandue dans notre société, celle-ci serait bien bousculée. Mais va-t-elle si bien qu'elle n'est pas besoin de fonctionner selon d'autres valeurs?

    Jésus, que pour ma part, je crois fils de Dieu,( come le proclame l'Eglise) et son Envoyé, ne nous aurait pas enseigné des voies qui nous conduiraient à des "effets catastrophiques"( pour reprendre les termes de Finkielkraut ) Les commandements de Dieu ont été donnés pour notre bonheur et les béatitudes (Sermon sur la montagne) données par Jésus aussi. S'il s'agit d'une morale, c'est d'une morale de libération.

    Bien sûr, l'Evangile n'est pas à appliquer à la lettre. Le patron qui appliquerait à la lettre la rétribution de ses employés comme le fait le maître d'une vigne qui paie de la même façon l'ouvrier de la dernière heure que ceux qui ont travaillé depuis le matin ne serait pas exemplaire. Jésus parle là de la bonté de Dieu et non de la justice sociale.
    De celle-ci, il est question dans d'autres textes, y compris dans l'A T.et n'est pas facultative pour autant pour un chrétien . Le Christ ne nous donne aucune règle politique, sociale ou économique. Il nous en laisse la responsabilité. La morale de responsabilité existe bien aussi dans le christianisme, elle y est même très développée. Le Christ nous dit ce à quoi nous devons donner la priorité.

    Une amie me dit souvent: "Si on appliquait l'Evangile tout irait bien" Je lui réponds ce que j'ai entendu de la bouche d'un prêtre qui faisait le catéchisme lors d'une séance à laquelle j'assistais:
    "Cela ne suffirait pas, imaginez qu'il n'y ait pas de code de la route, eh bien la courtoisie, la gentillesse, etc...ne suffiraient pas à éviter les accidents .Il faut que chaque conducteur sache si c'est son tour de passer, s'il doit s'arrêter etc...Il faut des règles."
    Dieu compte sur notre intelligence pour savoir fixer des règles entre nous pour que chacun puisse vivre le mieux possible et tenant compte des droits des autres.

    les chrétiens ne sont pas" que des gens naïfs, un peu ridicules souvent, mais on leur pardonne parce qu'ils sont charmants". Je ne dis pas que c'est le portrait qu'en fait Carrère car je ne l'ai pas lu. Finkielkraut avait l'air de le penser très fort en émettant même l'idée: " il ne faudrait pas qu'il y en ait trop, car où irions nous?"
    Certes, il a le droit de le penser, mais j'ai le droit de ne pas être d'accord.

    Bonne journée.
    Thérèse

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  11. Encore une faute, peut-être plusieurs: "Qu'elle n'AIT pas besoin..." Th.

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  12. Bonsoir Thérèse,
    Voici encore quelques pensées en rapport avec votre dernier article.
    Je ne suis pas sûre que les Évangiles définissent seulement une morale. Jésus ne me paraît être ni un moraliste (au sens De La Fontaine) ni un moralisateur. Il ne fait pas des leçons aux uns et aux autres ni ne donne des injonctions autoritaires du style il faut faire ceci ou cela. Il invite à prendre conscience de ce qui nous fait du bien à nous-même et qui procède rarement de l’évidence ou du sens commun.
    Les Évangiles me paraissent au delà de tout traité de morale ou d’éthique, et même dépassent toute vertus car aucune morale et aucune vertu ne se base sur l’amour chrétien qui se donne gratuitement sans la moindre attente de retour réciproque.
    Et toutes ces paraboles ne sont jamais à comprendre à la lettre. Il faut être déjà dans état d’esprit et d’écoute pour les apprécier et percevoir leur sens au deuxième, voir troisième degré. Toutes ces vérités sont subtilement cachées depuis la fondation du monde dirait René Girard.
    Les Évangiles donnent des indications, une orientation pour la vie intérieure et ne prétend pas de régenter notre vie collective. Notre liberté nous laisse agir selon notre propre conscience spirituelle.
    Il y a plusieurs façons d’être chrétien au monde. Pour certains chrétiens, le christianisme est une revendication pour maintenir les valeurs traditionnelles et se préserver de la modernité qui bouscule nos habitudes et nous fait perdre nos repères.
    Pour d’autres chrétiens, le christianisme est l’affirmation d’un choix de conduite intérieure en rapport avec les Évangiles.
    Je ne prends pas ici parti ni pour les uns ou les autres. Ce n’est pas l’objet de mon commentaire.
    Les deux catégories de chrétiens se retrouvent dans les mêmes églises, mais n’auront pas forcément les mêmes activités associatives.
    Je ne pense pas que tous les chrétiens soient aussi naïfs que gentils ou charmants. Je pense notamment aux après combats qui se déroulent à l’intérieur de l’institution de l’église soit pour figer des réformes possibles ou soit les faire passer de force. Vivre au cœur du Vatican ne ressemble pas à une vie monastique mais se rapproche plutôt de la vie politique traditionnelle.

    Emylia

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  13. Au sujet de ce que sont les Evangiles, le poste Jean Grosjean écrit dans l'ironie christique:
    Les synoptiques simplifient quand il ramènent la vocation à un appel. Elle n'est pas un ordre. Elle est une question. Le Messie ne pourrait pas nous appeler sans nous réduire. Alors il ne convoque pas, il sonde : qu'est ce que vous cherchez ?

    Emylia

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  14. C'est juste, Emylia le Christ n'est pas moralisateur ni moraliste. J'étais la première à être dérangée quand les parents des enfants que je catéchisais, me disaient, pensant d'ailleurs me faire plaisir, qu'ils y avaient inscrit leurs enfants pour qu'ils apprennent la morale. Ce n'était pas mon objectif. Je voulais faire connaïtre Dieu et le faire aimer aux enfants.

    Mais quand on est convaincu que Dieu nous aime et nous demande d'aimer les autres en retour, on ne peut pas les voler, les tuer, les calomnier, leur faire du mal..., mais au contraire, on est poussé à le bien, même d'inconnus qui sont dans la détresse. Cela devient une seconde nature pour le chrétien, du moins je le crois, c'est en tout cas ce vers quoi il est invité à tendre. La morale découle de l'enseignement de Jésus, de son exemple et du don qu'il a fait de sa vie pour tous les hommes.

    Il existe bien des pans du savoir chrétien, enseigné dans les facultés catholiques, qui se nomment " La théologie morale". Xavier Thévenot (décédé) l'enseignait .
    Dans ses livres, et il n'est pas le seul à le faire, il expose la morale de libération par exemple. C'est très utile sur certains sujets si on ne veut pas se contenter de la morale du permis et du défendu qui a prévalu trop longtemps dans l'Eglise et maintenait trop de chrétiens (j'étais du nombre) dans une morale infantilisante par trop de légalisme alors que l'amour doit être plus fort que la Loi.

    je ne sais pas si j'ai été bien claire. Pour moi, c'est bien clair dans mon esprit. Ce n'est pas parce que Dieu pardonne toujours que tout est permis. Il y a donc une morale à suivre et l'homme, le chrétien est en devoir de chercher quel comportement il doit adopter. Non pas tant d'ailleurs pour devenir quelqu'un de bien à ses propres yeux et pouvoir être fier de soi , mais pour faire la volonté de Dieu, le mieux possible....tout en se sachant faillible.

    Quant au fait qu'il y a plusieurs façons d'être chrétiens, je ne sais comment répondre en quelques lignes. cela me parait trop difficile. La revendication pour maintenir les valeurs traditionnelles ? Il faut autre chose pour être réellement chrétien, non? Mais je ne juge pas car ceux là se conduisent peut-être mieux que moi.

    Pour les mots" gentils, naïfs et charmants", j'utilisais le 2d degré car je trouvais qu'on utilisait un ton un peu supérieur durant l'émission et que, finalement on parlait des chrétiens un peu comme on parle d'enfants. Je peux me tromper. Cela ne correspond sans doute pas au livre de Carrère car il n'aurait pas pris le mal d'écrire tant de pages dans ce cas.

    Je vous souhaite une bonne nuit.
    Thérèse.

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  15. Bonjour Thérèse,

    La vraie philosophie du christianisme suppose une relation étroite entre la morale et la liberté. Cette symbiose ne peut avoir lieu dans une pure laïcité. Elle n'existe pas non plus dans une structure hiérarchique d'église qui suppose l'obéissance.
    Mais je répond trop vite ce matin à votre message qui mérite plus de réflexion.

    Emylia

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