mercredi 17 septembre 2014

Préjugés

L’article de Christiane Rancé au sujet de l’écrivain François Mauriac, bien plus croyant qu’elle ne le pensait, m’a inspiré mon commentaire suivant sur le thème du jugement et des préjugés sur les personnes.

Ce que je voudrais souligner dans votre article, c’est d’abord l’extrême difficulté de se retenir à juger autrui, et de se garder de l’enfermer à vie dans des préjugés figés. Je pense d’abord à moi-même bien sûr. Il n’est pas possible de vivre sans rencontrer des personnes que l’on n’apprécie guère. On a vite fait de les cataloguer puis de les éviter. C’est un réflexe bien humain d’autoprotection.
Les évangiles nous enseignent qu’il n’appartient à personne de juger autrui. Jésus lui-même, sans jamais avoir péché se refuse à toute condamnation (de la femme adultère). Seul Dieu juge les âmes (d’ailleurs théologiquement avec la trinité, je ne comprends pas bien comment l’une hypostase pourrait juger et pas l’autre).
Jésus était capable de percevoir au delà de l’apparence aussi désagréable, insupportable de la personne, l’être humain dans la profondeur.
La personne peut avoir l’apparence de ce qu’elle n’est pas en son for intérieur puis devenir un jour ce qu’elle est vraiment en s’affranchissant des pressions du Monde.
J’essaye de voir au delà de l’attitude mesquine, méprisante, hautaine, parfois méchante de certaines personnes, l’être humain qui n’a pas encore découvert sa vérité et qui ne s’est pas encore libéré de ses chaînes.
C’est ainsi que l’on prie pour ses ennemis. Encore que le mot soit encore trop fort. Il n’y a que des personnes qui ne sont pas en phase avec elles mêmes. Elles ont leur pauvreté bien à elles (sans vouloir les juger péjorativement). Cependant les actes eux sont tout à fait condamnables. On n’est pas obligé de tout tolérer.
Il ne devrait nullement avoir place dans le cœur pour la colère, l’indignation pas plus que l’évitement et surtout pas de l’indifférence.
Probablement le pardon, la miséricorde et un peu de charité si l’on en est capable pour que ces personnes changent, qu’elles évoluent, qu’elles deviennent tout autres, habitées par l’esprit. Après tout, on ne sait rien de leur histoire, des épreuves qu’elles ont endurées, de leur volonté à surmonter et à vivre pleinement.
Sinon pour revenir sur les phrases grandioses citées par Colombe, je me demande si l’on ne devrait pas avant tout se craindre soi-même d’étouffer sa propre âme avec tous les jugements que l’on porte sur autrui.
Mais encore une fois, je vois clairement rétrospectivement toutes les fautes que j’ai pu commettre en me permettant de juger. Mais je crois que mon pardon évangélique a effacé tous les griefs qui risquaient d’encombrer inutilement mon cœur.
Je pense m’être libérée de toute cette terre-glaise là. Je suis peut être trop présomptueuse, alors disons que je me suis allégée.
D’ailleurs, à l’heure où j’écris, je dois m’apaiser aujourd’hui d’une offense assez misérable et très mesquine. La nature humaine est ainsi. Mais peu importe, je ne cèderais pas à l’emportement. L’écriture de méditation m’y aide. La prière de miséricorde aussi. 


Emylia

4 commentaires:

  1. Beau commentaire et tellement VRAI Emylia.....
    Je ne vais pas commenter le sujet parce que tout est simplement dit! Mais plus nous allons vers Dieu, plus nous sommes en phase avec Dieu, plus nous le vivons .....plus nous devenons humain et nous percevons l'autre, au-delà de toutes apparences...L'autre est quelqu'un avec tout son vécu intérieur que nous ne connaissons pas!
    L'Amour que Dieu nous donne, nous fait vivre nous permet de ne pas juger mais d'aimer sans condition sans accepter les actes abominables....qui sont répressifs bien sûr!!! Mais il y a une autre dimension qu'il faut respecter, et humaniser...j'ai difficile à expliquer. Pour Dieu, TOUTES personnes est sacrée......
    C'est aussi à nous de les aider....
    Bonnes journée a tous....n'oublions pas que nous avons eu la chance d'être là ou nous sommes, d'être en lien avec Dieu, avec vous tous.....une chance que beaucoup, beaucoup de personnes n'ont pas....et pour elles se n'est pas facile de toujours réagir positivement. Si elles en sont là c'est peut être aussi de notre faute alors regardons en premier lieu notre comportement, notre façons d'Etre..
    J'avis dit que je ne dirai rien....
    Mamou

    RépondreSupprimer
  2. Bonsoir,

    Si nous cessions de nous juger les uns les autres comme la vie serait plus légère, plus heureuse, plus sereine ! Si nous rompions avec cette attitude dans l'Eglise, dans nos paroisses, comme nous serions plus crédibles, plus attirants !

    Juger c'est réduire la personne à l'acte, peut-être répréhensible, mais qui ne la résume pas forcément . Il faut en effet distinguer la personne que nous n'avons pas le droit de juger et ses actes. Si la société est obligée de juger des actes pour protéger les plus faibles et empêcher la personne qui s'est révélée dangereuse de nuire aux autres., nous devons aussi croire que l'être humain peut toujours changer, évoluer et s'amender. J'écris des évidences.
    Juger, dans le sens dont il est question ici, c'est figer l'autre dans un comportement et refuser de le voir avec un regard neuf qui pourrait l'aider de se relever. C'est pourquoi juger me parait grave.

    Parfois, nous jugeons sans même qu'il y ait rien de répréhensible à reprocher, juste à partir d' une impression vague,défavorable, sans vraiment connaître, pour des petits riens. Avons besoin de nous sentir meilleur, ou alors nos complexes nous poussent à chercher les faiblesses des autres pour nous réconforter ? Je ne sais pas, mais ainsi nous fabriquons un monde plus dur, nous pouvons ainsi créer des souffrances pour des raisons bien légères.
    Dans ce cas, il y a un travail sur nous à entreprendre quand nous avons pris conscience de ce comportement. Nous aussi nous pouvons évoluer et renoncer à nos façons d'être néfastes et nous réconcilier avec nous-mêmes. Nous avons droit à une certaine mansuétude aussi quand nous décidons de changer.
    Quand nous aurons pris l'habitude d'avoir un regard, à priori bienveillant ,envers les autres , nous pourrons plus facilement l'étendre à notre propre personne. Ou peut-être est-ce le chemin inverse qu'il faudrait adopter? Mieux s'accepter soi-même pur pouvoir mieux accepter les autres?

    En tout cas, cela vaut la peine d'y réfléchir. J'ai aimé ce que vous avez écrit à ce sujet Emylia et Mamou.
    Bonne nuit à vous.
    Thérèse.

    RépondreSupprimer
  3. Bonjour Thérèse et Mamou,


    Vous avez parfaitement raison, notre besoin de juger autrui vient probablement d'une crainte intérieure de médiocrité.
    Nous n'arrivons pas à vivre simplement sans se mesurer et se comparer à autrui.
    Pour protéger son égo, alors on dénigre autrui.

    Mais cette médiocrité est une pauvreté au sens des béatitudes des évangiles. Accepter sa médiocrité, c'est savoir devenir pauvre, c'est à dire riche spirituellement finalement.

    Il y a aussi l'attitude contraire néfaste de se sous-estimer en permanence. Dans cette attitude, on se maintient à une certaine distance des autres. En fait on esquive les relations humaines.

    Le meilleur chemin du juste milieu me semble être la modestie.

    Bon week-end.

    Emylia

    RépondreSupprimer
  4. Tout à fait d'accord Emylia. Oui, il faudrait cesser de se comparer aux autres. Se sous-estimer en permanence est une attitude néfaste en effet. Ste Thérèse de Lisieux disait que la véritable humilité est de se voir comme on est, avec ses qualités et ses défauts, et se dire que nos talents nous ont été par Dieu ,nous n'avons donc pas à nous en glorifier. Nous avons à les faire fructifier et en être heureux.

    J'aime cette phrase de St Jean: "Si ton cœur t'accuse, Dieu est plus grand que ton cœur" . Je pense qu'elle aide à s'accepter (et non à se résigner à la médiocrité) . Puiser dans l'infinie miséricorde de Dieu pour soi et les autres me parait la solution pour ne pas désespérer de soi ni non plus des autres.

    Maurice Bellet donne ces conseils aux découragés de leur propre médiocrité dans" La traversée de l'en -bas "; Je résume de mémoire:
    1-Ne désespère pas de toi-même;
    2- Ne juge personne.
    3-fais au jour le jour ou même à l'heure l'heure ce que t'inspire le meilleur de ton désir.

    J'espère que je n'ai pas trop déformé car je ne retrouve plus le texte, je pense que non car j'y ai recours quand je suis trop mécontente de moi, et ça m'est arrivé plus d'une fois , de quoi me souvenir.

    Bon week-end aussi.
    Thérèse.

    RépondreSupprimer

Vous pouvez librement exprimer votre commentaire, sous réserve qu'il soit respectueux de tous. Vous pouvez choisir contribuer anonymement, sans la contrainte de vous identifier, sans avoir à vous pré-enregistrer quelque part.
Si vous contribuez en tant que participant anonyme, n'oubliez pas de laisser votre pseudonyme dans le corps de votre commentaire. Attention de ne pas dépasser la limite de 4096 caractères pour votre commentaire. Consultez la page consacrée aux commentaires pour plus de précision. Avec mes remerciements.

Emylia