samedi 19 octobre 2013

Histoire de pronoms personnels et impersonnels



À l’école, au cours des études, on nous a appris à avoir confiance en soi, à oser se mettre en valeur. Pour trouver un travail, pour évoluer dans sa carrière professionnelle, nous avons du nous vendre, exposer nos compétences, parfois avec exagération. La publicité ne cesse de nous rabâcher que tout nous est dû « puisque nous le valons bien », sans avoir à faire d’effort.

Où peut donc se réfugier notre pauvre et malheureuse humilité que recherchait tant Thierry ?

En relisant les épitres de Saint-Paul, je suis frappée par l’utilisation du pronom personnel « nous ». Je me demande si ce n’est pas la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un auteur utilise aussi souvent et avec insistance, un pronom aussi impersonnel. En effet, dire « nous » ou « on » plutôt que « je » ou « moi », c’est renoncer à se mettre en avant. C’est aussi se penser comme le membre d’une communauté sans chercher à s’en distinguer par ses vertus et qualités personnelles.
Encore que, pour l’humilité avec Saint-Paul, il y a matière à discuter selon Maurice Zundel (Évangile intérieur »). On pourrait se demander ce qu’il veut dire en mettant son orgueil en le Christ, en Dieu, ou dans ses faiblesses. L’affirmation tonitruante de son appartenance au christ peut déclencher une certaine gêne.

Je ne suis pas loin de penser que la vraie humilité se réfugie dans le silence. Or, pour que ce silence ne soit pas pure passivité ou sommeil, il ne peut être que la prière.

6 commentaires:

  1. J'aime beaucoup votre article Emylia! Je n'ai pas le temps de discuter mais je suis entrain de lire un très beau livre, itinéraire spirituel d'un journaliste Michel Cool, "conversion au silence" Quand le silence se manifeste....il y a des silences joyeux, des silences lumineux, des silences douloureux, des silences glorieux et heureux!
    Mon refuge à moi , c'est le silence et je ne suis jamais seul!!! Je vous conseil cette lecture. Bonne journée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je peux vous dire Emylia que c'est compliqué de mettre un commentaire sur ce blog!!!

      Supprimer
  2. "Ce n'est plus moi qui vis mais Christ qui vit en moi." "Que la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ, soit mon seul orgueil."

    Deux phrases phare de saint Paul qui dit son appartenance au Christ et clame son orgueil/fierté de Lui appartenir.

    On peut comprendre qu'il est possible de vivre du Christ, et vivre Le Christ, de cette manière; comme on peut comprendre qu'il est aussi possible de vivre de Lui et Le proclamer aussi dans le silence et la contemplation de Sa personne.

    Personnellement, et merci de me donner l'occasion d'y réfléchir - je crois que je Le vis dans les deux sens. Comme saint Paul, il m'arrive de clamer ma fierté d'être au Christ dans le don de ma personne - c'est à dire en Le permettant d'agir à travers moi. Et tantôt je le vis dans l'humilité de la prière désintéressée.

    La vraie humilité c'est le décentrement... je crois.

    Merci pour vos effort chère Emylia.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chère Emylia,
      Merci pour vos efforts et tout le mal que vous vous donnez, mais comme le dit si bien bb "C'est compliqué de mettre un commentaire sur ce blog"; J'ai la plume facile, je suis "en manque" depuis le départ de Thierry, mais je n'accroche vraiment pas!!! Je vous lis, vous relis, et c'est la panne sèche!!!
      Ne serait-il pas possible de donner une autre forme à vos commentaires? d'échanger sur nos parcours spirituels etc?
      J'ai lu aussi le livre de Michel Coll, super!!
      Vous connaissez sans doute Etty Hyllesum, sinon plongez-vous, du pur bonheur!!!
      Emylia, excusez ma franchise totale.
      Florence.

      Supprimer
    2. Bonjour Florence,
      Votre commentaire m’invite à réagir au sujet de votre phrase :
      « Ne serait-il pas possible de donner une autre forme à vos commentaires? D’échanger sur nos parcours spirituels etc? »
      En effet, depuis que je me suis convertie, à une date assez imprécise qui remonte probablement à l’année 2010, j’ai beaucoup écrit à ce sujet, que ce soit dans mon journal, ou bien sur le blog de Thierry. Je pense avoir tout dit, par morceau, jamais tout à la fois.
      Je ne souhaite pas vraiment revenir en arrière, au point initial, mais continuer à vivre cette quête infinie vers Dieu, car il y a encore tant à découvrir.
      Depuis cette époque de ma conversion, il me semble que tout ce que je vis quotidiennement est un parcours spirituel. Cela me fait penser à Jésus qui dit qu’il faut prier tout le temps. En fait, cela n’est pas difficile et cela se fait naturellement. Il suffit d’avoir une pensée priante à chaque fois qu’un temps mort se présente. La vie spirituelle est comme un polyèdre irrégulier à multi-facettes. Chaque jour, on le regarde sous une perspective ou un angle de vue différent. Son aspect n’est jamais le même. L’aspect change tout le temps. Mais ce n’est pas spectaculaire. Cela demande beaucoup d’attention. Il y a du spirituel et du divin dans les détails les plus infimes du réel. Pensez à l’image de la mer. Sans attention, elle semble être identique à elle même. Pourtant, on ne voit jamais la même configuration de vagues, de couleurs et de sons.
      Mes amitiés.
      E

      Supprimer
  3. Au sujet du silence voici un extrait de Apprendre à faire Silence d'A.Grün que je trouve intéressant et qui évoque quelque chose que j'ai déjà ressenti.

    "Le prêtre et psy H.Nouwen a fait cette expérience lors d'un séjour de 7 mois chez des trappistes:
    ' Se taire. En fait le silence est très important pour mois.(...) Lors de cette visite à ...où eurent lieu de nombreuses discussions et des échanges, où j'ai cru devoir passer de nombreuses communications téléphoniques, apparemment indispensables, et où j'ai conduit toute une série d'entretiens avec les moines, le silence présida de moins en moins à ma vie. Avec la disparition du silence se développa une sorte de sentiment de souillure intérieure. Au début j'ignorais pourquoi (...) puis j'ai commencé à comprendre que c'était à cause du manque de silence.
    J'ai alors pris conscience qu'avec les mots pénétraient en moi des sentiments ambigus. C'est qu'il semble qu'il est presque impossible de parler sans pécher.(...) D'une façon inexplicable le discours atténue ma capacité à demeurer vigilant et disponible, ce qui me rendait égocentrique.
    Après ma dernière discussion avec les étudiants, le dernier jour, je ne me sentais pas seulement exténué, mais j'étais comme si j'avais effleuré quelque chose que je n'aurais pas dû effleurer; comme si j'avais défiguré quelque chose en en parlant.'
    St Benoît parle très clairement de l'importance du silence. Il pense qu'il vaut mieux se taire sur les bonnes choses que d'en parler. Il semble qu'il veuille dire par là qu'il est pratiquement impossible de parler de bonnes choses sans entrer aussi en contact avec de mauvaises."

    Amicalement
    Béatrice

    RépondreSupprimer

Vous pouvez librement exprimer votre commentaire, sous réserve qu'il soit respectueux de tous. Vous pouvez choisir contribuer anonymement, sans la contrainte de vous identifier, sans avoir à vous pré-enregistrer quelque part.
Si vous contribuez en tant que participant anonyme, n'oubliez pas de laisser votre pseudonyme dans le corps de votre commentaire. Attention de ne pas dépasser la limite de 4096 caractères pour votre commentaire. Consultez la page consacrée aux commentaires pour plus de précision. Avec mes remerciements.

Emylia