mercredi 17 décembre 2014

Noël en deuil

C’est bientôt Noël. Voilà plusieurs semaines que je me prépare et je me réjouis de pouvoir « récompenser » mes enfants, de nous réunir en famille autour de repas festifs. Allez, il ne reste plus qu’une semaine. On y est presque ! Nous méritons tous  de faire la fête. Mais tout de même il n’y a pas nécessaire de le mériter pour fêter Noël.
Au travail, on se félicite de l’année passée. On prépare les cartes de vœux. On enchaine des pots et cocktails pour se féliciter de nos succès respectifs. Puis vendredi dernier, on apprend en pleine réunion (de direction), qu’un collègue s’est suicidé à son domicile. Nous sommes tous abasourdis.
Ce collègue, j’ai dû le croiser mais je ne le connaissais pas personnellement. Il appartenait à un autre service que le mien. Il paraît qu’il était notoirement connu pour être stressé. Je tente de consulter l’annuaire interne sur le web. Sa photo n’y est pas. Ce serait pourtant si important que je connaisse son visage car il ne peut pas demeurer pour moi une personne anonyme, seulement un nom sur un organigramme hiérarchique que je vais oublier avec le temps.
Le danger du burn-out j’y pense tout le temps, pour moi-même et mes collègues proches qui sont sous ma responsabilité. Maintenant, le soir, je m’efforce de décrocher systématiquement alors qu’avant je poursuivais mon travail. J’évite de lire systématiquement mon courrier électronique et encore moins de répondre, sauf exception. Il faut être vigilant et éviter de se laisser piéger dans une surenchère au travail. La méditation, la musique sont de bons échappatoires auxquels je souscris pleinement. Il faut toujours établir un compromis entre une activité utile et une activité vitale (que certains qualifieraient d’inutile). Quel trouble, quelle culpabilité ressentirais-je si l’un de mes proches collègues disjonctait ? Parents de jeunes enfants, ou bien jeunes au statut précaire ?
Et on ne peut pas considérer que moi-même j’impose des contraintes insurmontables aux autres. Elles me sont imposées aussi à moi-même. Je suis aussi une courroie de transmission de la pression, non consentante.
Comment en est-t’on arrivé là, dans le milieu de la recherche scientifique française ? Comment la connaissance pour le bien de l’humanité peut t’elle s’accommoder du sacrifice de vies humaines ? On nom de quelle efficacité, rentabilité, productivité, la recherche doit-elle se soumettre. Où est donc ce privilège d’être fonctionnaire si ce n’est que pour se livre comme tous, à une course effrénée vers une excellence utopique, une concurrence généralisée organisée entre les personnes qui épuise les esprits et les corps par son absurdité. Car il faut reconnaître que le moteur de tout cela, c’est bien l’argent distillé au compte goutte pour que les chercheurs, tous en concurrence les uns avec les autres (en meute affamée), puissent justifier de leur travail. Alors, pour pouvoir travailler, on accepte toutes les conditions. Même celles qui sont impossible à tenir.
Le système s’accommode avec les accidents parmi les succès considérés naturellement comme de simples pertes et profits. Alors quand ça casse, le système colmate les brèches. On dépêche une cellule d’aide psychologique.
Mais peut être qu’il n’y a pas seulement une solution psychologique. J’en suis convaincue que le deuil ne se surmonte pas seulement par des solutions psychologiques mais par du spirituel. Certes, il faut parler, exprimer sa douleur, ses angoisses, ses colères. Il faut aussi laisser s’exprimer une parole intérieure qui prend acte de nos limites, faiblesses et détresses.
Le suicide en raison du travail est certainement une plaie de notre époque. Je n’ai jamais lu de cas de suicide à cause du travail dans la bible.

Ecclésiaste Chap 5
De plus, toute sa vie il mange dans les ténèbres, et il a beaucoup de chagrin, de maux et d'irritation. Voici ce que j'ai vu: c'est pour l'homme une chose bonne et belle de manger et de boire, et de jouir du bien-être au milieu de tout le travail qu'il fait sous le soleil, pendant le nombre des jours de vie que Dieu lui a donnés; car c'est là sa part. Mais, si Dieu a donné à un homme des richesses et des biens, s'il l'a rendu maître d'en manger, d'en prendre sa part, et de se réjouir au milieu de son travail, c'est là un don de Dieu.…

Que dire alors du travail qui tue ? Ce n’est pas une exigence de Dieu que l’homme se tue au travail. Ca vient de l’homme lui-même.

Emylia

8 commentaires:

  1. Bonjour à toutes et à tous,
    Ce n'est pas a ce billet que je réponds mais au précédent!
    Tout le mois de novembre j'étais en Australie, puis la récupération et les fêtes....Je suis toujours là! et je vous lis! Nous avons eu depuis juillet de gros problèmes à digérer 1° incendie de tous les bureaux de mon mari! pas de victimes heureusement!! maintenant la reconstructions avec 18 employés et j'en passe tous les détails! puis détournement de fonds de la part d'un ami de longue date mettant en péril toute la société!!! puis décès de parents donc tout cela un peu lourd à porter ces derniers mois...je vous lis avec tendresse mais pas toujours envie de repondre d'autant plus que j'ai d'énorme problèmes avec ma mains droite et certains doigts!
    Bref problèmes perso. de côté! la vie c'est autre chose que cela...il faut aller de l'avant et je ne tiens pas à m'éterniser sur ce sujet! Simplement pour vous dire que je sui là et que je vous lis.
    Une petite suggestion à Emylia qui s'est jetée dans la musique.. Un très beau livre à lire c'est "la musique au cœur de l'émerveillement de Elizabeth Sombart JC lattès.
    La musique est au cœur de notre vie à mon mari et moi même et nos enfants, ont un prénom en rapport avec la musique.
    Donc, ne m'en veuillez pas si je ne donne pas toujours un commentaire mais sachez que je suis toujours là!!
    et que je vous lis et relis!


    Je vous souhaite...

    Le seul fait de rêver est déjà très important

    Je vous souhaite des rêves à ne plus en finir..

    Et l'envie furieuse d'en réaliser quelques uns

    Je vous souhaite ce qu'i faut aimer

    Et d'oublier ce qu'il faut oublier

    Je vous souhaite desz passions
    Je ous souhaite des silences

    Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil

    Et des rires d'enfants

    Je vous souhaite de résister à l'enlisement

    A l'indifférences aux vertus négatives de notre époque

    Je vous souhaite surtout d'être vous...


    Jacques Brel

    Moi, je vous souhaite "une vie spirituelle qui n'est rien d'autre que l'Amour". Car Aimer, c'est communier avec l'autre, et découvrir en lui l'étincelle de Dieu.

    Je vous souhaite une très belle journée très ensoleillée dans nos cœurs!! et une très belle fête de Noêl à toutes et tous.
    Je vous embrasse,
    Mamou



    Je vous souhaite

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    1. veuillez m'excuser pour les fautes dans le texte là j'ai dérapé!
      mamou

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  2. Bonjour Mamou,

    Merci pour vos conseils et soutien, malgré les épreuves et difficultés auxquelles vous êtes soumises. Malgré tout cela, l'émerveillement est toujours disponible.
    Oui, je me suis emparée de la musique, par coup de tête ou plutôt coup de cœur.
    Pour moi même et ma petite famille proche, tout va bien. L'ainé est pris dans ce semaine de partiels, mais il tient bon. Noël approche dans la joie.
    Je vous réserve une petite surprise musicale et spirituelle pour Noël.

    Emylia

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  3. Bonsoir à tous,

    Je devais prendre le temps de rajouter cette poésie d'Alexis Jenni pour le texte précédent sur le corps:


    Notre frère le corps,
    Qui êtes si humble et si fertile,
    Si proche du sol et par là si fécond,
    Notre frère le corps qui êtes si proche de nous,
    Qui humblement nous permettez d’être ce que nous sommes
    En nous permettant de vous oublier,
    Par discrétion, par amour,
    Notre frère le corps qui êtes nous,
    Nous vous remercions d’être là.
    Sans vous, nous ne saurions pas.

    Alexis Jenni
    Son visage et le tien

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  4. Bonsoir Mamou,

    Heureuse de vous retrouver. Que d'épreuves se sont abattues sur vous ces derniers mois !...Et vous avez toujours votre problème à la main . Mais quelle énergie aussi ! Merci pour ce poème de J. Brel. Merci pour tout votre message qui donne du tonus.
    Que la fête de Noêl vous soit douce.

    A vous aussi Emylia
    qui êtes sous le coup de cette fin tragique d'un collègue. Comme je suis d'accord avec ce que vous dites sur l'excès de travail (une de mes filles en souffre depuis plusieurs années). Elle pense parfois à se reconvertir. pas évident et le problème se généralise.
    Je suis sensibilisée à ce que vous dites aussi de la recherche. Notre gendre est chercheur aussi dans la fonction publique.
    Que Noêl vous apporte beaucoup de douceur.

    Thérèse.

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  5. Bonjour Emylia,
    Avez-vous entendu parler d'un nouveau courant qui s'intitule l'écologie humaine.
    L'année dernière, j'ai suivi le parcours Zachée, institué par Pierre Yves Gomez, Economiste, professeur de stratégie à l'Ecole de management de Lyon. Ce parcours est très instructif pour unifier nos vies.
    Je me permets de laisser deux liens ci-dessous à votre connaissance concernant ces sujets :
    http://www.ecologiehumaine.eu/
    http://www.zachee.com/
    Nous prierons pour la paix de l'âme de ce collègue...
    Bien cordialement,
    Madeleine

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  6. Bonsoir à tous,

    Je comprends et partage votre peine Emylia.

    . Comme je suis d'accord avec ce que vous dites à propos de l'excès de travail demandé un peu partout maintenant ! Nous constatons cela autour de nous et dans notre famille. Quant au sort fait à la recherche en France en ce moment, j'y étais sensible pour des raisons personnelles et le suis plus encore depuis que nous avons un gendre chercheur dans la fonction publique comme vous et que nous connaissons mieux les problèmes rencontrés dans ces professions..

    C'est avec intérêt que j'ai appris l'existence de ce nouveau mouvement intitulé l'Ecologie humaine. Je vais suivre ses activités et, dans la mesure de mes petits moyens, le soutenir. Merci Madeleine pour cette information ..

    Quel beau tonus, Mamou! Et après bien des épreuves...Votre main droite vous donne toujours des problèmes et pourtant vous nous avez fait cadeau de ce poème de J.Brel. Merci beaucoup.aussi..

    Que La fête de Noël vous soit douce, réconfortante et pleine d'espérance à tous.
    Thérèse.

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  7. Bonjour Madeleine,

    Je vous remercie pour votre témoignage sur le parcours de Zachée. Je connais les personnes qui organisent des parcours de Zachée dans ma paroisse. Malheureusement, ils l'organisaient sous forme d'un pèlerinage. Et je ne pouvais pas y participer sous cette forme d'organisation.

    Je vais aussi me renseigner sur le courant de l'écologie humaine.

    Mes amitiés à tous.
    Que Noël, vous apporte tous la chaleur de la joie christique.

    Emylia

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