samedi 6 décembre 2014

Le corps

Nous connaissons bien cette phrase de Saint Paul dans la première épitre aux Corinthiens :
« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes? ».
Cette phrase suggère que notre corps est sacré et que nous lui devons un grand respect. Il ne nous appartient pas en nue propriété. Il nous est confié en usufruit. Dans la mesure du possible, nous devons l’alimenter sainement et l’entretenir de manière appropriée. Chez nous autres chrétiens, nous sommes divisés sur les soins que nous devons apporter à notre corps. Certains prônent de se détacher franchement de la chair pour mieux se consacrer quasi-exclusivement à l’esprit tandis que d’autres considèrent que nous pouvons disposer  de notre corps afin de faire honneur aux plaisirs de la vie qui nous sont accordés. Probablement la meilleure attitude est celle qui consiste à ne tomber dans aucun des extrêmes : ne jamais nier, renier, ne jamais maltraiter le corps, et ne point le gaver de tous les excès possibles alimentaires ou médicaux, physiques ou psychologiques.
Notre corps est un membre du corps du Christ, comme l’est tout autant celui de notre prochain. Nous considérerons donc que tous les corps vivants sont sacrés.

Quelle est la situation normale d’un corps ? Le silence des organes qui ne fait pas d’irruptions dérangeantes ou envahissantes dans l’esprit. Cependant il ne faut pas être un grand observateur pour constater que la souffrance des corps et des esprits est loin d’être une exception sur notre terre. Cette souffrance semble assez partagée, voire très généralisée. La souffrance des corps et des esprits est endémique depuis toujours, en écho indéfiniment répété par analogie aux souffrances du Christ. Que l’on ne vienne pas arguer que cette souffrance humaine est le tribut inaliénable pour la crucifixion du Christ ou du péché originel. Rien ne peut justifier ou légitimer la moindre souffrance et le mal subi. La disposition la plus sage est celle du renoncement à comprendre l’origine du mal qui fait souffrir les corps jusqu’à les détruire.

Une totale impassibilité face à la souffrance serait-elle souhaitable ?
Si le corps est le lieu de la chute de l’homme, il est aussi le lieu de l’élévation nous dit Alexis Jenni. Le corps est à l’intersection du ciel et de la terre. Sans corps, sans souffrance expérimentée, la foi serait-elle possible ? Le corps est une surface vibrante d’échange avec le spirituel remarque l’auteur. Cette surface est enroulée sur elle-même par analogie aux trois feuillets primitifs de l’embryon qui s’enroulent les uns autour des autres pour former un corps doté d’une profondeur, d’où jaillit la vie.

Je cite l’auteur dont je partage de nombreux propos :

« Le seul lieu de Dieu est le corps de l’homme, celui dont il prévoyait qu’il le reconstruirait en trois jours. Le lieu de Dieu n’est pas ce ciel trop haut qui accueille les nuages, pas ce ciel si noir qui accueille les étoiles, car ces cieux à ne contiennent rien, simplement de l’air puis du vide. Le seul lieu de Dieu est le corps de l’homme, il n’est pas d’autre lieu où il puisse être perçu, connu, reconnu. Le lieu de Dieu, ce sont les cieux repliés dans le corps de l’homme, ces voutes faites d’os et de chair à l’intérieur, les voûtes du crâne et celle de la poitrine, repliement infini  d’une grande surface où son visage serait visible si elle était dépliée ; mais repliée, cette surface où il apparaît constitue notre corps, et l’exploration de ses plis pour voir enfin l’image qu’il contient est la tâche de toute une vie. » (Alexis Jenni, Son visage et le tien, 2014).

Paradoxe considérable de ce corps vivant et pesant, de cette source de joie et de souffrance, la seule porte d’accès à Dieu que nous ayons, la seule porte d’accès au travers de nos sens au monde du visible comme de l’invisible, perçus par notre mystérieux esprit, qui réside au cœur de l’intersection en nous du matériel et du spirituel.


Emylia

1 commentaire:

  1. Désolée, j'ai écrit un long commentaire, sans texte en essai: disparu encore! j'y avais mis tout mon cœur.
    Thérèse.

    RépondreSupprimer

Vous pouvez librement exprimer votre commentaire, sous réserve qu'il soit respectueux de tous. Vous pouvez choisir contribuer anonymement, sans la contrainte de vous identifier, sans avoir à vous pré-enregistrer quelque part.
Si vous contribuez en tant que participant anonyme, n'oubliez pas de laisser votre pseudonyme dans le corps de votre commentaire. Attention de ne pas dépasser la limite de 4096 caractères pour votre commentaire. Consultez la page consacrée aux commentaires pour plus de précision. Avec mes remerciements.

Emylia