samedi 1 février 2014

Quatre petits bouts de pains

« Sans verbe, la phrase n’a pas de sens ; sans Le Verbe, ma vie n’a pas de sens. »

En association au texte de Etty Hillesum proposé par Florence, je ne peux me retenir de parler du livre qui fut une révélation pour moi cette semaine. Ce livre qui s’intitule « Quatre petits bouts de pains » a été écrit par une ancienne déportée juive d’origine hongroise Magda Hollander-Lafon. Je ressens dans ces deux femmes exceptionnelles un immense désir de vivre et une joie profonde impulsée par leur foi inébranlable en Dieu.

L’auteure nous offre l’œuvre unique et exceptionnelle de sa vie. Ce livre ne porte pas tant sur l’horreur des camps de concentration que sur le long chemin qui a duré soixante ans pour surmonter les ténèbres, renaitre peu à peu dans un élan de vie et d’amour, et après un long travail spirituel, pouvoir replonger dans son passé terrifiant pour y retrouver comme dans une anamnèse, les petits faits anodins successifs qui l’ont arrachée au désespoir et à la pulsion de mort.
Dans un enfer totalement inhumain et meurtrier, il existe parfois des gestes inimaginables de don de soi pour sauver autrui. Magda a accepté instinctivement ces dons sans percevoir sur le moment leur portée ultérieure, dans sa puissante détermination à survivre, puis à vivre pleinement.
Lorsqu’elle est revenue des camps, elle est dans l’incapacité de parler et d’ailleurs personne n’est en mesure d’écouter l’horreur. Elle va se reconstruire peu à peu, suivant son intuition, avec le Christ et les Évangiles, mais toujours dans l’oubli du passé douloureux. Puis un jour, 30 ans plus tard, elle ne supporte plus le déni scandaleux de la shoah par des révisionnistes. Alors, elle sort de son mutisme, car elle ne veut pas laisser les nazis imposer leur tyrannie au delà du temps. Elle va à la rencontre des jeunes et témoigne sans relâche dans les collèges et les lycées. En faisant le don de son témoignage de vie, elle poursuit sa propre reconstruction intérieure. Ce n’est qu’au terme de 60 ans qu’elle parvient enfin à écrire les mots pour nous communiquer un message d’espérance sur la force de vie qui réside en chacun de nous.
Cette œuvre est sublime de sobriété et de beauté poétique. Elle a d’ailleurs a reçu deux prix  (en 2012, le Prix du Livre de Spiritualité Panorama-La Procure, en 2013, le Prix de littérature religieuse). Je vous propose une vidéo sur son témoignage vivifiant à La Procure.

Emylia


Magda Hollander-Lafon [Jeudi La Procure 31/05/12] par Librairie-La-Procure

(pas de pub en allant directement sur Dailymotion ! je ne sais pas retirer la pub !)



37 commentaires:

  1. Chère Emylia,
    Merci d'avoir si bien exposé le livre de Magda Hollander: "Quatre petits bouts de pains" que j'ai eu la chance de lire dès sa parution en 2012.
    Merci aussi pour la petite vidéo que je n'avais pas vu par contre. Que dire .....
    Magda Hollander dit dans la vidéo : "Comment transmettre l'intransmissible", et moi j'ajoute: comment dire l'indicible après la lecture de ce livre bouleversant. Magda Hollander a su toucher les fibres les plus intimes de mon être pour les faire vibrer.
    Après lecture j'ai offert ce livre (comme tant d'autres, on ne peut pas tout garder!) à une communauté religieuse. Toutes les sœurs sans exception ont aimé "Quatre petits bouts de pains" autant que moi, et comme moi, toutes l'ont lu et relu avec la même émotion.....
    Bon week-end à tous.
    Florence.

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  2. Florence @ tous,
    Sur demande, et gratuitement, les Editions des Béatitudes envoient par mail toutes les parutions mensuelles.
    Il y a un résume très bien fait de l'ouvrage ainsi que le parcours de l'auteur.
    C'est ainsi que je me suis empresse d'acheter dès sa parution : "Quatre petits bouts de pains".
    Jusqu'à présent je n'ai jamais été déçue, le résume (asses long) correspond bien au livre.
    Florence.

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  3. Sur le don et le pardon

    On pourrait croire que de nos jours, nous ne sommes plus concernés par les histoires de déportation. Pourtant nous sommes forcément concernés personnellement par des histoires difficiles de dons et de pardons.
    La passion du Christ illustre très bien, trois phases :
    1) la souffrance liée à l’injustice monstrueuse en plus de la douleur physique (les coups) et morale (humiliation et tentative d’avilissement),
    2) ensuite il y a le don ultime de soi, par le don de sa vie par acceptation d’une mort dans l’indignité (alors que fils de Dieu, il aurait pu arrêter la coupe),
    3) puis surpassement du ressentiment haineux par le pardon avant même la mort et avant la résurrection.
    Où était le Christ dans les camps de concentration ?
    • Il était en Etty comme dans toutes les victimes qui sont restées persuadées que de l’homme pouvait surgir le meilleur de l’humain (la foi en l’homme), ou celles qui imploraient l’Éternel (Foi en Dieu);
    • il était dans les victimes comme cette femme mourante de faim qui fait don des quatre bouts de pain à Magda ;
    • il était en ces prisonnières inconnues qui ont donné de l’eau à Magda lorsqu’elle s’est évanouie de déshydratation ;
    • il était caché dans ce visage de laideur de ce gardien ukrainien risquant sa vie à offrir des galoches à Magda.
    Pour recevoir le don de la volonté de vivre, Magda a dû :
    1) accepter les dons qui lui ont été fait pour qu’elle survive à toute cette horreur,
    2) se pardonner à elle même ce sentiment de culpabilité d’avoir survécu,
    3) pardonner au peuple hongrois sa lâcheté, son indifférence et sa complicité avec les nazis,
    4) offrir le don de son témoignage aux générations futures.
    Le souvenir des dons reçus, la compréhension de leur portée évangélique lui réouvre la porte de sa mémoire lui permettant de se pardonner puis de pardonner aux hongrois.
    Le don se soi au travers du témoignage lui permet de guérir de toute sa souffrance.
    Il reste la question à laquelle je n’ai pas de réponse ! Est-il possible de pardonner aux bourreaux qui ne demandent pas de pardon ?
    J’aurais tendance à penser qu’il faudrait leur pardonner leur attitude terriblement misérable unilatéralement, par intérêt personnel, pour ne plus porter la souffrance de ce souvenir.
    Magda ne peut pas. C’est son droit.

    Emylia

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    1. Merci Emylia.

      Vous dites :

      "Il reste la question à laquelle je n’ai pas de réponse ! Est-il possible de pardonner aux bourreaux qui ne demandent pas de pardon ?"

      La réponse ne vient pas de moi mais de notre Sauveur à tous : "Parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font."

      Je crois et c'est ma foi, que si l'on voit sous Cet Angle, alors tout pardon est possible.

      Je vous embrasse
      doris +

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    2. Bonjour Doris,

      Vous avez entièrement raison. Si on s'en tient à l'évangile, si on suit Jésus, alors on accorde notre propre pardon inconditionnellement. Ainsi Dieu peut nos pardonner nos propres fautes :

      "Pardonnes nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé".

      Par ce pardon que nous accordons sans contrepartie, nous
      permettons à Dieu de nous sauver.

      Pour nos offenseurs, c'est entre Dieu et eux. Nous n'avons pas à être un intermédiaire, un procureur, un instructeur à charge. Nous ne sommes plus dans le coup. Nous sommes délivré du mal qui nous a atteint.

      Merci, je crois vraiment avoir compris la logique chrétienne du pardon.

      Bon week-end.

      Emylia

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  4. Quelle richesse dans tous ces témoignages ! Oui, je pense que nous sommes concernés par ces récits. Je suis obligée d'être brève ce soir et ne peux m'attarder pour l'instant à dire pourquoi.
    C'est une très bonne idée d'avoir placé la vidéo de Magda après l'extrait du journal d'Etty Hillesum.
    Il y a eu de nombreuses similitudes dans leur façon de vivre cette horreur. Leur façon d'en être grandies est magnifique.
    Merci de nous donner l'occasion de regarder ces très belles figures.
    Thérèse.

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  5. Bonjour,
    Nous sommes concernés par ces récits de déportation, oui !
    Il ne faut pas oublier ce qui s'est passé. L'enseignement de l'Histoire a cette utilité entres autres: ne pas oublier les erreurs et les fautes du passé pour ne surtout pas pas les reproduire.

    J'ai été effarée d'entendre Magda dire que sur le très grand nombre de réponses reçues elle trouvait dans les années 78-80 (( en majorité, en totalité ? je n'ai pas très bien compris) celle-ci: " C''est normal qu'on ait tué les juifs, on n'en a pas encore éliminé assez car ils ont tué Jésus."
    J'aurais voulu pouvoir lui poser la question: "Avez vous constaté une diminution du nombre de ce type de réponse ces dernières années?

    Je me pose la même question qu'elle : " Que transmettons nous? "
    On se remet de nos jours à oser se déclarer publiquement antisémite. Des cris " Dehors les juifs! " peuvent fuser encore dans les rues.
    Cela commence par des cris de haine et ça peut finir ...très très mal, si on laisse dire.

    Des cours sont donnés dans les écoles pour expliquer la Shoah. Des adolescents ont dit ces derniers temps qu'ils en avaient entendu trop parler. En fait, c'est sans doute parce qu'ils ont l'impression d'avoir moins entendu parler des autre génocides et histoires d'esclavage.( c'est peut-être vrai, je ne sais pas.)

    Hélas, dans un passé récent, les Cambodgiens ont vécu aussi cette horreur; Je connais très bien une famille- devenue amie - de rescapés des camps Khmers Rouges. Très vite, ils se sont tus sur les persécutions subies pour les mêmes raisons que donne Magda.
    Leur façon d'aborder leurs problèmes: silence devant les enfants etc...a été la même.
    Nous devons veiller sans arrêt pour que la barbarie ne revienne pas.

    Ces femmes magnifiques: Etty, Magda m'inspirent aussi de nombreuses réflexions positives. J'y reviendrai peut-être, si je le peux en tout cas.
    Amitiés.
    Thérèse.

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  6. Je viens de réécouter la citation exacte de ce que disait Magda Hollander-Lafon. "

    "C'est bien que les Juifs aient été exterminés, il y en a encore trop parce qu'ils ont tué Jésus"
    J'ai remarqué le calme avec lequel elle rapporte ces propos alors qu'il est facile d'imaginer quelle souffrance elle a dû ressentir en lisant ces lignes!
    Thérèse.

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  7. Bonjour Thérèse,
    Bien sûr que cela nous concerne, je voulais juste pousser à la discussion. Encore plus proche de nous, il y a le génocide dans l'ex-Yougoslavie, l'horreur du Rwanda et peut être d'autres massacres/génocides totalement ignorés car il n'y a pas d'enjeux politiques ou économiques.
    Evidemment, nous ne pouvons pas à nous tout seul répondre aux problèmes.

    Mais si ce comportement barbare se produit demain devant notre porte, avec des appels à la haine, comment réagirions nous ?

    - prendrait-on le risque de défendre la victime ?
    - serions nous des indignés sans parole ?
    - feindrions nous de ne rien voir ?
    - resterions nous indifférents ?

    Et si nos enfants/petits enfants étaient confrontés à cela à l'école, que nous leur recommanderions nous ?

    Et dans le monde du travail, il y a aussi des actes tyranniques destructeurs de la personne qui peuvent la conduire au suicide. Sommes nous prêts à prendre la défense des salariés stigmatisés ?

    La lutte contre la barbarie nous concerne à pleins de niveaux.

    Amitiés.

    Emylia

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  8. Vous avez bien fait ,Emylia, de nous pousser à la discussion sur ces sujets. Les paroles de haine nous arrivent déjà et nous devons réagir.

    Vous avez aussi raison d'évoquer l'ex-Yougoslavie et le Rwanda , (la Centre-Afrique tout récemment) et les massacres dont on ne parle pas parce qu'il n'y a pas d'enjeux économiques ou politiques...pour nous.

    Evidemment, nous ne pouvons pas parler trop souvent de ces problèmes si graves à nos enfants et petits-enfants. Ils doivent grandir dans la confiance en l'Humanité et ne pas en avoir déjà une vision trop noire. Mais il me parait essentiel de leur enseigner le respect pour toute personne quelque soit son sexe, son origine géographique et ethnique, sa religion, sa couleur, son handicap éventuel ou je ne sais quel critère encore, prétexte à rejet.

    Ils sont déjà confrontés au racisme à l'école pour la plupart d'entre eux. C'est du moins ce que me dit ma fille, professeur de collège.
    Actuellement, comme très souvent en période de crise économique et de chômage, on assiste à une montée inquiétante de la xénophobie.

    Nous avons à enseigner à nos jeunes le respect de TOUT ETRE HUMAIN QUELQU'IL SOIT.
    J'ai l'air d'écrire des évidences, mais ce n'est pas si sûr que, si elles sont partagées par les lecteurs de ce blog je pense, elles soient partagées par toutes les personnes que nous avons l'occasion de croiser dans une journée.

    A nous de ne pas laisser passer une phrase raciste sans au moins la discuter.
    Il n'est pas souhaitable d'être agressif, à notre tour pour le faire. C'est ma propre fille qui m'a appris cela: la personne ainsi contredite se sent rejetée à son tour. Il vaut mieux, sans doute, l'emmener doucement à réfléchir, quand c'est possible du moins, , à la valeur de ses jugements à l'emporte-pièce. J'ai remarqué la douceur de Magda pour emmener les adolescents qu'elle rencontre à réfléchir par eux-mêmes et à renoncer à des idées préfabriquées à coup de slogans.

    Si chacun est vigilant là où il est, le racisme et toute forme de mépris de l'autre pourra empêcher la barbarie de revenir.
    C'est ce que je crois et espère. Tout se fait comme ça, par les petites actions de chacun.

    Pour ceux qui veulent militer dans ces domaines il y a" Amnesty International" "Action contre la Torture (ACAT)" (confessionnel) et d'autres mouvements de lutte que vous connaissez aussi bien que moi.
    Thérèse

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    1. Chère Thérèse,
      Comme le faisait remarquer le Cardinal dans le livre d'Olivier Legendre (suggestions de lectures), le Rwanda était l'un des pays les plus christianisé d'Afrique. Il y a de quoi avoir très mal du côté de Nos Evangiles et notre cher Christianisme. Il y a matière à se remettre chrétiennement en question.

      Emylia

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  9. A chaque fois que j'ai l'occasion de me relire je me dis que j'ai encore prêché! Je ne sais pas comment dire mes convictions d'une autre façon, excusez moi.
    Thérèse.

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  10. Bonjour,
    Avec mon époux d'éternité nous avons beaucoup, beaucoup voyagé. Lorsque nous avons fait l'ancienne Indochine nous avons visité le Viet-nam, Le Laos et le Cambodge. Au Viet-Nam nous avons visité Le MUSEE DE L'HORREUR "souvenir" de ce que les Kmers Rouges ont fait dans le pays, et c'est bien que ce Musée existe pour ne pas oublier. IL NE FAUT SURTOUT PAS OUBLIER. Ce que nous avons vu est pire, bien pire, que ce que nous connaissons d'Auschwitz. J'ai beaucoup pleuré lors de cette visite, et je pourrais vous en raconter, je crois que vous pleureriez aussi......Je me tais. Ce blog ne m'intéressé que par son côté spirituel, par nos échanges dans ce domaine. S'étendre sur les atrocités de l'histoire est à mon avis hors sujet, mais ce n'est que mon avis, et je respecte le vôtre.
    Florence.

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  11. FLorence,
    Mais qu'est ce donc être chrétien ?
    Se désintéresser du sort de nos contemporains? Ce serait manquer à la plus élémentaire des charités.
    "Celui qui dit qu'il aime Dieu et n'aime pas son frère est un menteur." Saint Jacques.
    Nous sommes en pleine spiritualité au contraire.
    Qu'est ce qu'est cet amour qui n'agit pas?
    La charité commence par le respect.

    Le texte de Maurice Bellet (prêtre) dans les "Morceaux choisis " de ce blog, intitulé , si je me souviens bien :" Vous commencerez par le respect" est très intéressant à cet égard.
    Thérèse.
    Nous s

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  12. Encore au sujet de mes lectures et du sujet de notre semaine:

    En lisant le dernier livre (paru en janvier 2014) de Christophe André « Et n’oublie pas d’être heureux, un abécédaire de psychologie positive », j’ai trouvé cet extrait qui se rapporte étonnamment aux expériences de Etty et de Magda, et peut être dans une moindre intensité, à notre propre expérience ?

    « Un phénomène étonnant que rapporte la littérature des camps est celui de la persistance d’expériences esthétiques ou intellectuelles : des récits d’émotion face à un coucher de soleil, à des lectures de poésie ou à des chants ou musiques qui bouleversent les prisonniers, ou du moins certains d’entre eux, pas forcément d’ailleurs les artistes ou les intellectuels. Il ne s’agit pas directement de bonheur, mais d’une émotion positive, l’élévation, que nous ressentons lorsque la grandeur ou la beauté nous fait sortir de notre simple condition humaine. Lorsque l’élévation nous touche dans notre vie ordinaire, c’est une expérience émouvante. Lorsqu’elle émerge au cœur des personnes en danger de mort et de deshumanisation comme dans les camps de la mort, c’est un phénomène bouleversant. Et parfois salvateur. »

    Emylia

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  13. justement Emylia, c'est de ça que je voulais parler quand je faisais référence aux réflexions positives que m'inspiraient Etty et Magda.
    J'essayerai; je ne ferai pas aussi bien que Ch. André, tant pis.
    A florence, je voulais ajouter que je la remercie d'avoir ajouté qu'elle respecte nos points de vue.
    Bonsoir .
    Th.

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  14. Pardon Florence pour ce petit "f". Moi qui parle de respect! Il est temps que j'arrête d'écrire pour aujourd'hui.
    Th.

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  15. Chère Thérèse,
    Permettez-moi de vous dire que vous sortez du cadre de mon billet. Vous me répondez: "Qu'est-ce que c'est d'être chrétien" etc (Peut-être pourriez vous me l'expliquer?), et aussi "Celui qui n'aime pas son frère".....Vous semblez ne pas avoir compris le SENS de mon billet. Je crois qu'Emylia l'a compris. Je ne parlerai plus de ce sujet quoique vous en disiez, et je persiste et signe mon billet précédent.
    Bonne journée à tous.
    Florence.

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  16. Chère Florence,
    Je n'ai pas dû vous comprendre, en effet. Je ne vous demande pas de changer d'avis. J'avais voulu insister sur le fait que les chrétiens doivent être plus respectueux de toute personne que quiconque et que c'est sans doute ainsi que l'on peut faire barrage à la barbarie.

    Le christianisme est une religion incarnée et la prière a son prolongement dans la rencontre respectueuse avec le frère. Pour lui, chaque être humain est un frère . Vous êtes bien d'accord avec ça?

    Je m'exprime sans doute trop mal.
    J'avoue que je devrais mettre plus de nuances parfois dans mes propos, mais alors il faudrait écrire si longuement et je ne le peux pas. Je me fatigue très vite.
    Si je vous ai blessée , j'en suis désolée et vous demande de m'excuser Je vais réfléchir à ma façon d'intervenir (ou pas) sur le blog, compte tenu de mes limites de tous ordres.
    Bonne journée.
    Thérèse;

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  17. Très chère Thérèse et Florence,

    Au sujet des atrocités, de la haine, je crois que Magda s'en exprime avec une sobriété et une simplicité qu'elle doit probablement à son travail intérieur intense.

    Ces atrocités sont perpétrées contre l'humanité toute entière, et non pas contre une catégorie de gens en particulier. S'attaquer à l'humanité, c'est la nier. Non seulement c'est insupportable pour la conscience, mais en plus, quand on est chrétien-croyant, c'est sacrifier de nouveau le Christ et offenser Dieu mortellement en toute conscience.

    Mes amitiés encore.
    Je vous remercie de votre présence et participation.

    Emylia

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  18. Bonjour Emylia,
    C'est ainsi que je vois le problème aussi.
    Le travail intérieur intense, oui. C'est ce qui me frappe chez Magda et Etty. c'est là qu'elles trouvent leur force.
    A bientôt, je l'espère.
    Thérèse.

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  19. Cela fait plusieurs années que j'ai lu " Une vie bouleversée" d'Etty Hillesum.(deux fois) j'ai passé le livre à une amie. Je ne peux donc me rapporter au texte. Ce que j'en dis, je le dis de mémoire.

    Je me souviens d'avoir été très frappée par sa faculté d'émerveillement.
    Alors qu'un tas de choses sont interdites aux juifs, elle sait voir la beauté où elle est. , où elle peut.
    Elle admire l'arbre qu'elle voit de la fenêtre de sa chambre et se dit qu'il ne lui a pas encore été enlevé, comme Magda admire les nuages dans le camp, et se dit que les nazis ne peuvent pas lui enlever le plaisir qu'elle a à les admirer.
    Quand Etty est à Westerbock (bonne orthographe?) , ce lieu de si grande souffrance et d'angoisse, elle admire encore les lupins.

    Je me souviens aussi qu'elle écrit souvent: "La vie est belle et riche de sens."
    Comme l'écrit Christophe André, on dirait que de savoir sa vie et celle de ses proches si menacée, lui donne une conscience vive de la beauté, et aussi, je crois, de la valeur de LA VIE, de toute vie. Cela donne d'autant plus de poids au don qu'elle fait de la sienne.

    En effet, elle aurait pu être sauvée. Des proches lui offraient cette possibilité. Elle a préféré accompagner ses parents et les personnes qu'elle avait sous sa protection pour les aider jusqu'au bout.
    Je n'ai pas les mots pour dire combien je trouve ça admirable. Le mot est trop faible, c'est sublime tout simplement.
    Thérèse.

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    1. Chère Thérèse,

      En lisant votre dernier message au sujet de l’Émerveillement qui peut saisir une personne confrontée à de terribles événements, comme dans le cas de Etty et Magda et que ces moments inouïs laissent entrevoir en une intuition fulgurante que « la vie est pleine de sens », j’ai essayé de comprendre ce qui se passe. Je me suis plongée dans la lecture d’un livre que j’avais injustement délaissé à tort (mais à l’époque j’étais captivée par d’autres lectures). Il s’agit de « Le silence de Dieu » du philosophe Bertrand Vergerly. Je crois que ce livre est bien adapté aux situations graves quand on est atteint par un mal d’où qu’il vienne.

      « S’il y a un Dieu de la culpabilisation dans lequel il est salutaire de ne pas croire, il y a un Dieu des profondeurs dans lequel il est difficile de ne pas croire. Le fait que la vie a du sens en profondeur et que l’homme est infiniment précieux nous tient en vie, nous empêchant de tuer comme de nous tuer. Ne pas croire à un tel Dieu revient à se tirer une balle dans le pied. Ce que nous faisons rarement, sauf dans ces cas extrêmes où des hommes deviennent des assassins ou mettent fin à leur existence. »

      Selon cet auteur, il y a deux types de Dieu, le Dieu extérieur et le Dieu intérieur. Le Dieu extérieur fournit de seulement l’assistance. Par exemple Magda reçoit les quatre petits bouts de pain, ou est réhydratée par des compagnes inconnues d’infortune. Ce qu’offre le Dieu intérieur, c’est de l’Être pur, une présence. Ainsi le Dieu extérieur assiste et le Dieu intérieur sauve.

      « Bien des hommes disposent de toutes les assistances humaines possibles. Ils s’écoulent pourtant. Privés d’une relation à l’Être, privé de Parole, de geste et de présence, l’assistance humaine ne leur est pas suffisante. »
      « Il y a le fait d’être assisté et celui d’être sauvé. Ce n’est pas parce que l’on est assisté que l’on est sauvé. Il arrive que l’on soit sauvé, bien que l’on n’est pas été assisté. »

      Et l’auteur poursuit au sujet de la mort :
      « En perdant toute vie nous allons être confronté avec nous-mêmes comme ceux qui nous entoure au tout de la vie. Nous allons voir celui-ci se dévoiler. Et nous en retirerons la force de mourir. Nous n’aurons pas été assisté en de tels moments. Mais nous aurons été de l’Être à l’état pur. L’Être de la vie ne nous aura pas volé notre mort en nous faisant Être ainsi. Et, le faisant, il ne nous aura pas volé notre vie. »
      « Nous nous insurgeons contre un Dieu qui n’assiste pas, sans comprendre qu’il sauve malgré les apparences. L’homme mérite mieux qu’une assistance. Il mérite un Salut. »

      Cependant …
      Il ne faut tout de même pas mépriser l’assistance humaine. Dans le film de « La liste de Schindler, il est dit « Qui sauve une vie sauve l’humanité toute entière » (tiré du Talmud, traité Sanhédrin).
      Je rajouterai, que le sauveur préserve en lui la vocation de l’humanité.

      Emylia

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    2. j'aime beaucoup votre réflexion sur le Dieu extérieur qui assiste et le Dieu intérieur qui sauve. Très belle réflexion surtout très belle vérité.
      A réfléchir....+tôt à méditer!

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  20. Chère Emylia,

    Je trouve votre dernier message très intéressant.
    En réfléchissant ces jours ci à partir des billets concernant Etty et Magda, je pensais aussi au Dieu extérieur et au Dieu intérieur. (En ayant en tête ce qu'en dit Maurice Zundel, Je pensais d'ailleurs qu'elles ont su atteindre le Dieu intérieur qui est en chacun.)
    Votre rapprochement avec le livre de B. Vergely m'a fait vérifier tout de suite si c'est bien ce titre que j'ai en ma possession. Comme vous, je l'ai un peu négligé, mais vous m'avez donné envie de le relire.
    Cette idée de Dieu culpabilisateur et Dieu des profondeurs m'intéresse beaucoup aussi. J'ai besoin d'approfondir cette question.

    Que ceux qui n'ont pas lu ces auteurs ne se sentent pas exclus de nos dialogues..
    Je crois qu'on peut dire que les idées et sentiments dont parlent Etty et Magda sont simples et que ce qui a été extraordinaire chez elles, c'est l'intensité avec laquelle elles les ont intériorisés et vécus, dans des circonstances qui les ont révélées à elles-mêmes. Mais je me trompe peut-être?

    J'ai repris aussi hier soir:"Prier 15 jours avec Etty Hillesum"
    Avec ça, j'ai de quoi méditer! Merci à vous toutes d'orienter ainsi mes réflexions
    Bonne journée. Si l'Esprit souffle autant que le vent en ce moment, ce sera formidable. ( J''habite au bord de la mer, sur la côte sud de la Bretagne.)
    Thérèse.

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  21. Bonjour à tous,

    Voici une phrase de l'évangile du jour :

    "Jésus appelle les Douze, et pour la première fois il les envoie deux par deux. Il leur donnait pouvoir sur les esprits mauvais."

    Si l'on peut sentir que notre conscience est capable de résister à des pressions perverses, peut-on avoir un impact sur ceux qui génèrent le mal ?

    A t'on reçu ce pouvoir ?


    À vous !


    Bonne journée.

    Emylia

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    1. L'unique pouvoir que 'Sa Magesté' nous a donné est celui d'aimer ! Sans l'amour je ne peux rien, je ne suis rien. Le pouvoir d'être simplement amour même pour nos ennemis, même pour 'ceux qui génèrent le mal'... oui je crois que ceux qui aiment le possède vraiment ! D'ailleurs Jesus choisit qui Il appelle - ceux qui étaient avec Le Père et que Le Père lui a donnés - ceux qui viennent de L'Amour, qui ont un coeur plein d'amour parce qu'Il sait que seul L'amour guérit, seul L'Amour peut tout, résiste a tout - L'Amour qui aime l'être atteinte du mal mais déteste le mal qui est en lui...

      Bonne continuation et merci Emylia encore pour vos billets qui nous font réfléchir.
      doris +

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  22. Bonjour!
    Je reviens ce matin à cette distinction entre le Dieu qui assiste et le Dieu qui sauve, le Dieu extérieur et le Dieu intérieur.

    Vous écrivez, Emylia, que le Dieu extérieur assiste seulement, en prenant comme exemple les quatre bouts de pains donnés à Magda, et la possibilité de se réhydrater.
    A mon avis, c'est le Dieu qui sauve qui est à l'œuvre en ces évènements. La vie de Magda est sauvée. Sa vie physiologique, mais aussi sa vie spirituelle, puisque grâce à ces gestes de très grande générosité, vu le contexte, elle peut croire en la bonté humaine.

    De plus, c'est le Dieu intérieur , intérieur aux femmes généreuses, qu'elles en soient conscientes ou non, qui les a fait agir ainsi. C'est leur conscience, leur vie intérieure qui les a fait accomplir de tels actes de générosité.

    Par ces actes de bonté, elles ont ouvert à Magda les portes de l'intériorité, l'accès au Dieu intérieur quand elle a pu, le danger étant écarté, réfléchir à ces actes. Elle a donc bel et bien été sauvée.
    Qu'en pensez vous?

    Nous révélons à l' autre un Dieu intérieur, parfois à notre insu, quand nous nous comportons de telle manière que l'autre se sent grandi, ayant de la valeur .Quand nous croyons en lui, quand nous donnons plus de vie à son existence. Sans même parler de Dieu, notre façon d'être parle.
    Bonne journée.
    Thérèse

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  23. Bonjour Thérèse,

    Je suis entièrement d'accord avec vous, cependant je voudrais préciser un point qui me parait essentiel. La différence entre Magda et Etty est l’âge. Autant Etty était une jeune femme très mature sur le plan spirituel et qui connait très bien la bible, autant Magda une jeune fille de 16 ans qui ne savait rien de la vie (peu de paroles et d'échanges dans sa famille), et elle était démunie de tout savoir.

    Pour Etty, il n’y a que le Dieu intérieur qui est présent, tellement présent qu’elle devient le Dieu extérieur pour ses prochains.

    La vulnérabilité de Magda dans ces camps est énorme. Son Dieu intérieur ne se dévoile pas tout de suite. Il agit en toute discrétion en la conduisant par intuition. Il la conduit pour la préserver de la folie, pour faire les choix qui lui permettront de survivre. Elle peut enfouir ses souvenirs dans sa mémoire profonde sans mesurer de plein fouet dans le présent toute l’horreur de cette vie des camps. L’entreprise perverse de destruction des victimes ne porte pas seulement sur plan physique, mais aussi sur le plan moral. Les victimes doivent se transformer en bourreaux entre elles : peur, indifférence, vol, agressivité,…). L’urgence de la survie exige de se plier aux vœux des bourreaux. Mais sur son chemin de croix, des indices que la barbarie n’a pas eu raison l’amour sont manifestés par ces quelques dons vitaux révélateurs.

    Ce n’est qu’après la sortie des camps, avec toute la douceur divine qui le caractérise, le Dieu intérieur lui fait rencontrer le vrai visage du christianisme, pas celui qui est aveugle et sourd à l’Évangile et qui s’attaque aux juifs sous le prétexte de la crucifixion, mais à celui qui sauve de l’En-bas : celui qui donne à manger quand on a faim, qui donne à boire quand on a soif. Il lui ouvre délicatement les portes de sa mémoire. Avec les Évangiles, elle peut interpréter la signification des dons qu’elle a reçu. Et à son tour, elle sait qu’elle doit donner à la jeunesse qui peut elle aussi être en désespérance.

    Ce qui m’interpelle, c’est l’action de longue durée de ce Dieu intérieur qui agit comme il faut à chaque instant de la vie. Il transforme doucement le cœur de Magda durant des décennies, sans coup d’éclat. Il faut même peut être toute une vie pour comprendre son action a posteriori.

    Pour revenir à cette femme mourant de faim et qui donne les bouts de pain, je suis persuadée que son Dieu intérieur l’a sauvée en lui suggérant ce don inouï, quoi qu’elle ait fait antérieurement dans sa vie. C’est un coup de génie qui me fait penser au cas du bon larron qui a été sauvé in extremis.

    Je suis persuadée que Jésus ou l’Esprit utilise chacun d’entre-nous, croyant ou non, pour se manifester à autrui, pourvu qu’intérieurement on acquiesce de notre contribution, sans en avoir explicitement conscience. Pour cette raison, je suis persuadée qu’il ne faut pas vivre sa foi en ermite solitaire, pour que Dieu vienne habiter notre temple de chair et nos relations à autrui.

    Bonne journée.

    Emylia

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  24. Entièrement d'accord , Emylia, à chaque ligne.
    Thérèse.

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  25. Je suis d'accord avec l’écrivain Cécilia Dutter au sujet de la lecture
    de témoignages tels que celui d'Etty Hillesum (ou d'autres).

    "La lecture, à un certain degré d’intensité, est une amitié. L’absence n’y fait rien. Cela se passe par delà le temps et l’espace, dans le monde des cœurs que d’autres lois régissent."

    http://www.blog-laprocure.com/auteurs/etty-hillesum-soeur-ame/

    Cela vaut pour Etty, Magda, et bien d'autres, même au delà des siècles.

    Emylia

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  26. C'est vrai que les écrits d'Etty Hillesum m'avaient paru, en première lecture, étrangement modernes. Je trouvais que sa façon de vivre, ses réflexions, rejoignent celles d'une jeune femme de notre époque.

    Je ne suis pas sûre de comprendre ce passage souvent cité et que Florence nous a proposé cette semaine car il est, en effet ,vraiment frappant:

    " Ce n'est pas Toi qui peux nous aider mais nous qui pouvons t'aider..."

    On dirait qu'elle veut répondre déjà aux questions que se poseront de nombreux philosophes après la Shoah: "Que faisait Dieu, pourquoi s'est -il tu?"
    Je crois qu'elle ne cherche pas à innocenter Dieu à tout prix. Ce Dieu qu'elle vient de découvrir avec bonheur, non , on dirait qu'en le découvrant, elle comprend tout de suite ce que certains appellent l'humilité de Dieu.
    Ou alors, elle redécouvre cette idée juive qui porte un nom, un nom oublié de moi: "Dieu crée le monde en se retirant "?
    Dieu créerait donc le monde encore de nos jours (c'est ce que je crois pour ma part) et se retirerait pour laisser aux hommes la responsabilité de sa bonne marche? (avec tous les risques que cela comporte.)

    Cela, je le crois volontiers, mais alors qu'en est-il de notre foi en la Providence?
    Si Dieu n'intervient pas, pourquoi le prier pour tel malade, pour la paix etc...
    Je veux bien croire que trop souvent nous ne demandons à Dieu que son assistance alors qu'Il veut nous sauver. Croire aussi qu'Il nous exauce en changeant notre cœur par la prière, mais je crois aussi qu'Il exauce les prières au delà de simples petites aides"quand deux ou trois sont réunis en son nom" comme nous l'a promis le Christ. Et même, les petites aides, il nous les apporte, non?
    Même seule, je crois avoir été exaucée à maintes reprises pour certaines personnes pour qui je priais.

    Comment concilier ces deux façons de voir? Je les sens vraies toutes les deux, et pourtant elles paraissent contradictoires.

    " Ce n'est pas toi qui peux nous aider..."Dieu est tout puissant, mais en amour seulement (comme disait le Père Varillon ) et Il se heurte à nos manques d'amour. Ca le limite.
    Comment rapprocher cela de l'injonction du Christ: " Demandez et vous recevrez, frappez, on vous ouvrira..." ?
    Vos lumières seront les bienvenues. Merci.
    Thérèse.



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    1. Bonjour Thérèse, je ne sais si je comprend bien ... mais je réfléchis ... et à mon humble avis je ne pense pas que Dieu se 'retirerait' de Sa Création. Dieu est Père, Dieu est Amour, Source d'Amour, un Père amoureux de Ses enfants ne peut se 'retirer' d'eux, au contraire. Dieu est PRESENCE - comment Se retirerait-Il ? Dieu est Vie - Il vit, et habite pleinement en l'enfant qui veut bien de Lui... Dieu a besoin de nous, OUI, sinon Il ne nous aurait pas créés - Il a besoin de nous parce qu'aimer est un besoin chez Lui, Sa nécessité ... et qui va-t-Il aimer ? de qui attendra-t-Il de l'amour sinon celui/celle qu'Il a créé ... Nous avons besoin de Dieu - parce qu'en nous est Sa semence d'amour - nous aussi avons besoin de Lui pour nous aimer comme Lui seul sait aimer - inconditionnellement... L'amour toujours l'amour qui conduit tout - qui relie tout - qui fait le va et vient entre Lui et nous... Enfin là est mon petit avis :) Merci pour cette réflexion.
      doris +

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  27. Vous me direz peut-être qu' Etty ne connaissait pas le Christ. Je crois que si car elle lisait "Les confessions" de Saint Augustin et aussi les Evangiles sans doute mais je ne pourrais l'affirmer.
    Elle n'a pas de religion à proprement parler mais, comme je l'ai lu cet après-midi, sa spiritualité était très marquée par la christianisme.
    Th..

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  28. Bonsoir Thérèse,

    Je ne suis pas très calée en théologie. Je crois sans en être sure que le terme que vous recherchez qui signifie extrême humilité de Dieu est la kénose.
    Ayant lu aussi Simone Weil, cette philosophe dit que Dieu qui emplissait tout l'univers a du se décréer, par amour et respect pour l'humanité, pour laisser l'homme vivre en liberté. D'où son absence apparente de notre monde. S'il revenait dans notre monde pour imposer son règne, l'homme ne serait plus libre de choisir entre le bien et le mal.
    Pour revenir vers Dieu, l'homme doit se décréer en se délestant de son Moi pour se laisser remplir par Dieu, ou par la volonté de Dieu.

    Je ne sais pas si le terme kénose est équivalent à la notion de décréation.

    Pour l'innocence de Dieu, je vais citer Bertrand Vergely dont j'ai poursuivi la lecture.

    Emylia

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  29. Ma suite sur l'innocence de Dieu,

    Au sujet de l’innocence de Dieu, je viens de lire un passage qui m’a plu, dans le livre de Bertrand Vergely, « Le Silence de Dieu face au malheur du monde » (chapitre Les logiques invisibles, paragraphe sur la vérité de l’innocence).
    Ça me parait tellement vrai …


    « La méchanceté est une accusation de l’autre, qui l’accuse pour masquer qu’elle accuse. C’est une violence qui prête à l’autre une violence pour se donner le droit d’en user. D’où le côté diabolique de la méchanceté. La mauvaise pensée crée un cycle infernal. Comment expliquer que l’on est innocent ? Dès que l’on commence à se justifier, on n’est plus innocent.[…] »

    « On a raison de dire que ce n’est pas à l’innocent de prouver son innocence. C’est à la justice de le faire. Cela explique le silence de Dieu face au mal. C’est à l’homme de prouver l’innocence de Dieu et non à Dieu de le faire. […] »

    Le silence de Dieu est la plus belle réponse au mal régnant sur terre. Il maintient l’innocence de la vie. L’innocence de Dieu. L’innocence de la relation de Dieu à la vie. Dieu est d’abord innocence. Il crée la vie en toute innocence. Il maintient la vie en toute innocence.[…] »

    « Et quand il se présente dans l’Histoire, sous la forme de son Fils, il est innocence ne renvoyant que de l’innocence aux méchants. Ce qui dès lors, nous renvoie à nous-mêmes. Le problème du mal qui nous torture tant est notre problème. Il pointe notre méchanceté.[...]»

    « Le méchant qui est furieux cherche des raisons d’être furieux. Il voudrait que la vie les lui donne. Comme il ne peut en trouver, il est furieux et par là même méchant.[...] »

    « Il n’y a, autrement dit, que deux issues possibles au problème du mal, si on ne veut pas devenir fou et furieux. L’innocence ou l’athéisme. »

    J’arrête là. Tout ce livre est une longue dissertation qui répond à la question qui traverse notre fil de discussion de toute la semaine. Comment résister au mal et que signifie être sauvé…


    Emylia

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  30. Je crois voir où était mon erreur à propos de la question que je posais hier. Il faut lire attentivement tout l'extrait et cela s'éclaire , je crois.
    Je ne pourrai écrire plus longuement aujourd'hui, sans doute.
    Repris la lecture de Vergely aussi. C'est lui qui m'aura permis de comprendre...si j'y arrive vraiment.
    Merci Emylia d'avoir guidé mes pas vers là.
    Bonne journée.
    Thérèse;

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