lundi 15 juin 2015

Apartheids, ségrégations, stigmatisations, exclusions et autres clivages

J’ai toujours été très inquiète au sujet des mécanismes d’exclusion à l’œuvre dans les groupes sociaux, à commencer à l’école, puis dans la vie professionnelle, dans les structures associatives de toute sorte (jusque dans les paroisses catholiques par exemple), et aussi à l’échelle de la société d’un pays tout entier. J’ai particulièrement été édifiée par la présentation des inégalités culturelles  par la sociologue d’origine québécoise Michèle Lamont  sur France Culture.
Effectivement, j’ai le sentiment de toujours entendre des discours de rhétorique sur la république, l’égalité des chances et le mérite, alors que tout le monde sait bien que la France est un pays qui fabrique massivement non seulement de l’exclusion sociale mais aussi de l’exclusion culturelle par un mécanisme conjugué d’une part de nivellement par le bas de l’éducation et d’autre part d’un système de sélection impitoyable. La France n’est certainement pas plus vertueuse que les États Unis ou le Royaume Unis dans ce domaine.
La France se complait hypocritement dans un aveuglement face à ces inégalités, en refusant de procéder aux analyses qui l’acculerait on seulement à les reconnaître, mais aussi à admettre l’inefficacité économique de cette situation. Pourquoi faudrait-il que les sociétés soient clivées en classes sociales qui s’ignorent mutuellement jusqu’au mépris. Je ne vais pas insister sur la situation contemporaine. Mais je voudrais  faire remarquer que les clivages ont toujours existé. Il y a toujours eu un « Nous » qui s’oppose à un « Eux », les deux générant indéfiniment peur, colère et haine.
On retrouve cette ségrégation dans la Bible, à commencer par les hébreux victimes d’exclusion en Égypte. Puis lorsque les hébreux pénètrent en terre cananéenne, ils entrent régulièrement en guerre avec les autres peuples païens déjà installés sur ces territoires. Quand la situation se stabilise, le peuple hébreu se fragmente en douze tribus qui s’affrontent pour obtenir le pouvoir. Elles ne tardent pas à se regrouper les unes en un royaume du Nord dit d’Israël et le royaume du Sud dit de Juda. Les tribus des deux royaumes  s’affrontent les unes au autres. Deux grandes catastrophes frappent le peuple hébreu : d’abord la disparition du puissant royaume du nord, écrasé par les assyriens au VIII siècle avant Jésus-Christ, puis la déportation des tribus restantes du royaume de Juda à Babylone au VII siècle. D’ailleurs ce sont les rescapés du royaume de Juda qui écriront l’ancien testament. La bible est la réponse à un sursaut identitaire de survie des juifs de Juda qui ont compris que la discorde les a menés au bord de l’anéantissement.
Quelques siècles plus tard, à l’époque du Christ, les évangiles dépeignent très clairement les clivages dans la société juive. Sans parler des romains, les samaritains et les cananéens sont les paria-exclus de l’époque. La grande métropole de l’état juif « Jérusalem » méprise ses provinces. Les pharisiens de Jérusalem ont le monopole du savoir religieux par l’accès restreint au temple. Les évangiles nous décrivent une société judaïque complètement rigide et bloquée par ses propres clivages sociaux. Ces murs d’incompréhension et des sentiments légitimes de révolte la conduiront à la destruction de Jérusalem par les romains au premier siècle.
Il n’est guère de doute que Jésus a tout compris des mécanismes d’exclusion qui étaient à l’œuvre à son époque.
Après ce furent les premiers chrétiens qui étaient victimes de stigmatisation dans l’empire romain. Au moyen-âge les sociétés humaines se sont fragmentées en classes appelées des états (noblesses, clergé, tiers-état). Plus tard, il y a eu la bourgeoisie, le prolétariat, les paysans qui se sont opposées.

Bref, plus les pays deviennent grands, voir lorsqu’ils sont mondialisées dans une monde sans définition claire, toute l’organisation sociale se fragmente indéfiniment en microstructures avec des relations sociales inter-structures qui deviennent presque impossibles. Les divisions sont sans fin.

Emylia

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Malheureusement, comme souvent, j'aurais beaucoup de commentaires à faire mais je ne peux les faire encore .

    Pourtant, de semaine en semaine , j'engrange les récoltes faites grâce aux lectures et écoutes d'émissions et je commence à pouvoir faire se rejoindre les divers sujets et composer dans ma tête une petite synthèse de tout cela. Il faudrait que je réussisse à l'écrire quelque part.

    Pour le sujet de cette semaine, je dirai, rapidement pour aujourd'hui, que j'ai toujours eu une horreur viscérale des exclusions, stigmatisations et autres formes de mépris quelles qu'en soit les causes: pays d'origine, couleur de peau, façon de vivre, culture plus ou moins grande, sexe, handicap, niveau social...j'en oublie tellement les causes de rejet peuvent être variées et multiples.

    Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, je me suis toujours identifiée à toute personne méprisée et j'ai toujours souffert personnellement du mépris exprimé envers quelqu'un , même, bien sûr, envers une personne, des personnes, que je ne connais pas.
    J'ai entendu le Père Christian Delorme ("Le curé des Minguettes") dire la même chose et il en donnait cette explication probable: le fait qu'étant enfant, il s'était senti méprisé lui-même.
    Pour moi c'est sans doute aussi la même explication.

    Aux yeux de Dieu, nous avons TOUS la même dignité.
    Bonne soirée.
    Thérèse.

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