Voilà à peu près de
cinq ans que j’ai débuté mon chemin de foi. Dans les premières années, j’ai eu
besoin des témoignages de plusieurs croyants contemporains ou anciens, pour
consolider ma propre foi. J’ai commencé par la lecture des évangiles et des
lettres de Saint-Paul que je pense avoir bien compris. J’ai complété ces lectures
religieuses par celles de philosophes très critiques à l’égard de la religion.
Si leurs écrits m’ont captivée, leur athéisme affiché ne m’a nullement
entrainée dans leur direction. Au contraire ils ont enrichi et stimulé mes
propres réflexions et m’ont donné le gout de persévérer dans ma recherche d’une
meilleure compréhension de ma foi. À un certain moment j’ai décroché d’une
pensée peut être devenue trop rigide car elle était d’une logique implacable,
entièrement canalisée par la raison. Or la route de la vie réelle est parfois
traversée de phases critiques avec des moments d’irrationalité. Alors j’ai
commencé à rechercher une parole plus vague et suggestive comme celle que l’on
trouve dans des textes de type psycho- psychanalytiques ou même poétiques, très
porteurs d’images fortes et symboliques. J’ai particulièrement été très addicte
aux textes de Maurice Bellet. Je crois que je suis allée au bout de constat de
la situation réelle de notre civilisation et des multiples chemins qu’il est
possible de suivre individuellement et collectivement pour s’échapper de
l’enfermement dans l’en-bas. Je reviendrai très certainement sur la refondation
de la théologie à laquelle cet auteur nous invite. Mais il est vrai que je
m’éloigne du temps de la conversion pour me diriger vers les fondements de la
foi. Ces fondements se trouvent dans l’ancien testament. Pierre Marie Beaude a
raison de prévenir qu’il est très difficile de parcourir la bible tout seul sans
accompagnement de qualité. Les histoires relatées ne sont jamais à prendre au
premier degré. Il y a tout un travail personnel d’interprétation au second
degré ou plus à réaliser à la lumière de l’expérience de nos propres vies.
C’est pour réaliser cet exercice que nous avons besoin d’être guidé. Je crois
que les dogmes peuvent nous aider seulement s’ils nous éclairent vraiment et
non pas s’ils nous aveuglent d’une vérité imposée que l’on ne sent pas. La
bible est un ensemble de mythes comme le sont les épopées des mythes fondateurs
des autres civilisation. L’intérêt des mythes est d’introduire la situation des
êtres humains dans leur monde dans lequel ils sont plongés. Après cette
situation bien posée, on peut réfléchir et évoluer. En particulier ces mythes
fondateurs rappellent en permanence aux
hommes, leur nature de mortel non divin. La différence entre les mythes
bibliques et les mythes païens (grecs, babyloniens, etc..) résident dans le
fait que les premiers nous interpellent dans nos propres vies par effet miroir,
tandis que les seconds nous laissent assez indifférents (j’admet que la bible
laisse des personnes totalement indifférentes.). Je me rappelle d’Etty Hillesum
qui lisait très assidument la bible alors que l’univers humain s’écroulait
autour d’elle sous les coups des nazis : « J’aime la profondeur
psychologique des personnages de la bible ». C’est curieux, parce que je
ne parlerais pas de profondeur psychologique. Les personnages font des actes,
s’entretiennent éventuellement avec Dieu. Ils éprouvent des sentiments
« primaires » tels que la colère, la jalousie, la gaité,.. . On
comprend facilement quel est leur tempérament. Mais on ne sait pas ce qu’ils
pensent ni ce qu’ils ressentent dans leur intériorité. La culture de l’époque
antique ne permettait pas d’exprimer l’intériorité. Par contre, on peut se
demander quel personnage a une attitude emblématique représentative de la
notre. Sommes nous des saints parfaits comme cet Abel devenu la première
victime innocente assassinée ? comme ce Caïn qui a commis l’acte extrême,
mais qui s’est couvert de culpabilité et de honte tout en étant protégé inconditionnellement
d’éventuelles représailles par Dieu en personne, comme Seth, ce chercheur de
Dieu à la quête sans achèvement ? Comme Abraham marcheur infatigable qui
obéit aveuglément à Dieu sans se poser de question, mais qui part à la
découverte de lui même. Il y a beaucoup de personnages et d’histoires dont le
canevas peut ressembler à la notre. Oui je crois qu’il est temps pour moi
d’emprunter ce chemin des fondements bibliques, accompagnée, sans aller trop
vite en besogne. Plus que les histoires, c’est le reflet de leur sens contemporain
qui me concerne et m’émeut. La durée raisonnable est probablement de trois ans recommande
Pierre-Marie Beaude. Curieusement ’est aussi la durée d’un cycle liturgique. J’achève
cette rédaction pour m’y replonger avec délectation et grand plaisir.
Emylia
Bonjour,
RépondreSupprimerJe suis très heureuse, Emylia, de ce que vous écrivez cette semaine. C'est vrai que c'est très difficile de lire la Bible seul. Je suis très contente de voir que cet accompagnateur qu'est Pierre-Marie Beaude vous convienne si bien. Je ne le connaissais pas avant votre article de la semaine dernière.
Il y a dans la Bible de pures merveilles, mais comme pour les marches un peu sportives et difficiles, il y a des chemins ardus à franchir pour les atteindre et avoir un bon guide est très précieux.
Vous allez vous sentir nourrie d'aliments solides. J'en suis très très heureuse pour vous.
Je vous souhaite une bonne journée.
Thérèse.
Bonjour Thérèse,
RépondreSupprimerMerci beaucoup Thérèse. J'avais l'impression de tournicoter dans toutes les directions comme une boussole
qui n'arrive plus à se fixer sur une direction. J'avais pourtant exploré à fond de nouvelles façon de faire de la théologie à la Maurice Bellet. J'avais aussi tenté l'aventure poétique et symbolique. Je vivais aussi l'aventure musicale dont je n'ai pas encore beaucoup parlé.
Je vais bientôt parler de mon étonnement au sujet de l'histoire d'Abraham.
Je n'ai pas eu de nouvelles de l'opération de la personne qui vient d'être opérée. J'en saurais peut-être plus vendredi soir.
Je vous souhaite une excellente semaine.
Emylia