Notes sur la Conférence de Maurice
Bellet sur « La Foi en l’homme », le samedi 22 mars 2014
Le week-end du 22 et 23 mars 2014, l’association
initial a invité Maurice Bellet et Jean-Claude
Guillebaud à une rencontre sur le thème de « La Foi en l’Homme ».
Voici les notes que j’ai prises lors de la
première conférence de Maurice Bellet, le samedi 22 mars 2014. Si j’ai rédigé mes
notes, je ne les ai pas organisées en un plan. Je donne donc linéairement, de
façon un peu abrupte, la liste des thèmes abordés. J’espère ne pas avoir fait
de contre-sens et je m’en excuse au cas où. Je me garderai bien de faire un
résumé structuré, plus explicite. Je préfère renvoyer le lecteur aux œuvres de
Maurice Bellet. À cette conférence, il a été mentionné que le livre « Incipit »
était une bonne introduction aux œuvres de l’auteur (plus disponible en
librairie, trouvable seulement d’occasion sur internet). Je ne maitrise pas
encore suffisamment son œuvre pour me permettre de donner au autre conseil.
Évidemment, personne n’est obligé de me
lire.
Emylia
Maurice Bellet a publié plus d’une cinquantaine
livres, parmi lesquels, le livre « Incipit », une petite œuvre de 70
pages qui résume l’essentiel de la pensée de l’auteur.
Cela n’empêche pas de prendre plaisir à lire
d’autres ouvrages plus développés. Maurice Bellet s’est inspiré initialement de
la pensée de Maurice Blondel qui a développé une philosophie de l’action,
inscrite dans le christianisme.
Le principe est de permettre un développement et
un approfondissement de la foi en y introduisant une dimension critique essentielle
à sa vitalité.
L’enjeu de la philosophie de MB est d’inviter
les hommes à s’engager dans l’humain et par la même de séparer de toute forme
d’inhumanité. Aucune société qui voudrait persévérer dans son être ne peut s’en
passer.
Des menaces profondes et constantes planent sur
l’humanité. Rien n’est jamais définitivement acquis. Cette attitude est à
reprendre inlassablement à chaque génération. L’objectif est ni plus ni moins
de permettre à l’homme d’assumer sa condition humaine.
A cœur de son errance sans repère qui risque de
le mener à la folie, il lui faut opérer un décrochage radical qui doit le
préserver de la violence (je pense qu’il s’agit de se préserver de sa propre
violence, signe grave de pathologie spirituelle).
Il ne s’agit pas d’avancer tout seul. L’enjeu
est de trouver une foi commune qui parvient à diminuer les sources de discordes
aussi bien internes qu’externes.
La mondialisation brasse tout et donc trouble
fortement les tranquillités installées et les croyances établies depuis des
millénaires.
Une foi nouvelle est nécessaire de retrouver
l’assurance première, de trouver un dénominateur commun pour éviter la décomposition
collective de nos sociétés mondialisées.
Le constat est que les sciences et les
techniques qui mènent notre société mondialisée sont totalement indifférentes à
l’homme. Le monde s’est même vidé de ses idéologies et il n’est même plus
possible de s’opposer au cours des choses (il y a comme un renoncement à la
liberté qui précisément donne à l’homme sa dignité d’homme).
On est plongé dans le monde, il n’est pas
question d’en sortir. Comment alors la foi en l’homme peut-elle
subsister ? Comment protéger l’humanité de ce qui la menace en temps
qu’humanité. Une foi qui ne soit pas rivée à la tradition et qui donne une
fausse image de la foi.
La succession vertigineuse des différentes
formes des sociétés au cours des âges montre bien l’instabilité qui conduit à
la folie. La folie, s’est illustrée par le déchainement de violence des deux
première guerres mondiales. Et malheureusement nous n’en sommes pas sortis de
cette violence là qui peut basculer à tout moment sans garde-fou.
Ce que cette conférence martèle (JCG et MB),
c’est qu’il faut absolument refuser la résignation. Il faut aussi dénoncer l’illusion optimiste et
dénoncer Thanatos.
Que faire alors ? Il faut une action ou
engagement (cf philosophie de Maurice Blondel) qui ne se retreint pas seulement
au débat. Sur le fond d’une adhésion éthique à une foi humaine et de respect
d’autrui, en se dégageant de toute emprise de l’intégrisme et de la tradition
qui induisent un glissement doctrinaire, le rapport entre l’humain et la foi
doivent se redéfinir sur la base d’un esprit démocratique, le gout du dialogue
et l’amélioration de la condition humaine.
Les obstacles à surmonter sont ceux qui empêche
la nature universelle de la foi, c’est à dire les attitudes pessimistes,
cyniques et intégristes.
La loi actuelle fait éloge à la démocratie en se
fondant sur le culte de la marchandise. Le néolibéralisme s’accommode amplement
de la démocratie, sur fond de manipulations inconscientes des consciences.
La foi en l’homme est avant tout une intention
généreuse.
L’homme occidental se caractérise par une
légèreté inadmissible et une prétention à tout savoir, ou bien à tout
comprendre. Il est évident qu’il faut admettre l’existence de l’impénétrable et
le l’inconnaissance (on pourrait dire admettre l’existence de
l’invisible : ce n’est pas parce que l’on ne voit pas l’invisible qu’il
n’existe pas).
L’homme ne peut se résumer à son seul présent.
Il se construit dans une histoire et dans la durée. La modernité dont nous
venons se caractérise par des mutations plus ou moins heureuse, habitée par des
conflits entre religion-raison, entre crédulité-incrédulité.
La religion chrétienne telle qu’elle s’est développée
est la suivante :
-
Dieu est premier,
-
L’homme est soumis à la loi. Il est triste et
doit se dégager des soucis terrestres par l’ascèse qui constitue un revers de
la perfection.
-
Dans la théorie de la grâce soutenue par le
jansénisme, Dieu n’accorde sa grâce qu’à qui il veut. Cette religion est d’une
tristesse abyssale.
Ceci est à relier
en psychanalyse au problème de la culpabilité qui conduit à la perte de toute
forme de responsabilité.
Selon Spinoza,
l’homme premier revendique le libre exercice de la raison et la liberté des
mœurs.
Si les enfants
n’ont pas la foi en général, ils sont bien plus chrétiens que leurs parents.
Il faut sortir de
l’enfermement dans une forteresse de la loi qui s’enkyste dans le conflit et qui met l’église dans une posture purement défensive.
Il y a l’obsession de la trahison qui mène à la stérilité.
Pour l’église, elle doit s’engager dans un processus
d’engagement à passer au monde au lieu de
s’enfermer sans oser se risquer à s’en sortir.
Remettre au gout du jour la fraternité
universelle, remettre en marche le principe d’espérance, mettre l’évangile dans
toute la vie.
Il ne faut plus faire de discours sur Dieu et se
souvenir de na nature de la parole indépassable du nuage d’inconnaissance (Dieu
est derrière le nuage d’inconnaissance qui sépare l’homme de Dieu). Car la
facilité de parler de Dieu incline aussi à s’en écarter. (Allusion à l’arbre de
la connaissance du Bien et du Mal,…)
Il faut être plutôt attentif à la présence sans
tenir des discours, d’entendre la parole de Jésus Christ qui ose nommer Dieu.
Il y a un double langage chrétien non humain au
travers de la substance chrétienne.
Il y a eu un glissement de la foi agissante vers
la politique, la psychanalyse et la critique tandis que le christianisme s’est
peu à peu effacé (cela me rappelle le livre de Guy Coq « Que m’est-il
arrivé qui décrit comment son espérance révolutionnaire avait supplanté sa foi
chrétienne. Le retour vers la foi, après la longue traversée des illusions fut
très long à l’échelle d’une vie).
À tout changement, évolution de la religion, il
y a inévitablement une réaction bornée des intégristes et nationalistes qui
veulent revenir au passé, à un soi-disant âge d’or qui n’a jamais existé.
Or il faut savoir qu’on ne revient jamais vers
le passé (le temps grec et romain est cyclique, le temps hébraïque et chrétien
est linéaire).
La foi en Dieu donne tout son poids, sa
dimension et sa justification en la foi en l’homme. Et il faut faire attention
à ne pas éliminer Dieu dans cette foi en l’homme (attention aux différents
humanismes laïques, à l’humanitaire,…).
Croire en l’homme, c’est croire en qui ?
C’est croire à une possibilité, croire en
quelque-chose qui dépasse le courant, croire en un principe idéal d’une réalité
qui s’engendre.
L’homme doit se créer, aller jusqu’à cet homme
où il perçoit les traces de l’évangile qu’il a en lui.
Cette révélation est une véritable subversion
pour le monde.
Le lieu de l’enjeu est donc la foi en l’humain
dans la redécouverte en lui du lieu de l’évangile.
Le paradigme est qu’il faut changer de monde,
approfondir ses relations concrètes avec les autres humains, une façon de croire
en lui, qui donne et qui caresse.
Il n’est pas nécessaire d’ajouter Dieu car il
est déjà là. Tout homme béni de Dieu connaît Dieu.
Ce n’est pas seulement une question d’éthique ou
de devoir.
Qu’est ce qui reste quand il ne reste rien, c’est
une manière d’exister, de résister à la violence de se déployer dans son être.
La violence est présente au cœur de l’évangile.
Cette violence est engendrée par la tentation du pouvoir, les envies de
cupidité et les jalousies au meurtre.
Le
lendemain, le dimanche 23 mars, Maurice Bellet devait revenir sur la violence.
Malheureusement, je n’ai pas pu assister à cette nouvelle intervention. Durant
ces deux jours, les conférences des deux auteurs ont été enregistrées par l’association
initial, auprès de laquelle il sera
possible de se procurer les enregistrements de ces deux jours.
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Emylia