Nous connaissons bien cette phrase de Saint Paul dans la
première épitre aux Corinthiens :
« Ne savez-vous pas que
votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu
de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes? ».
Cette phrase suggère que notre corps
est sacré et que nous lui devons un grand respect. Il ne nous appartient pas en
nue propriété. Il nous est confié en usufruit. Dans la mesure du possible, nous
devons l’alimenter sainement et l’entretenir de manière appropriée. Chez nous
autres chrétiens, nous sommes divisés sur les soins que nous devons apporter à
notre corps. Certains prônent de se détacher franchement de la chair pour mieux
se consacrer quasi-exclusivement à l’esprit tandis que d’autres considèrent que
nous pouvons disposer de notre corps
afin de faire honneur aux plaisirs de la vie qui nous sont accordés. Probablement
la meilleure attitude est celle qui consiste à ne tomber dans aucun des extrêmes :
ne jamais nier, renier, ne jamais maltraiter le corps, et ne point le gaver de
tous les excès possibles alimentaires ou médicaux, physiques ou psychologiques.
Notre corps est un membre du corps du
Christ, comme l’est tout autant celui de notre prochain. Nous considérerons
donc que tous les corps vivants sont sacrés.
Quelle est la situation normale d’un
corps ? Le silence des organes qui ne fait pas d’irruptions dérangeantes
ou envahissantes dans l’esprit. Cependant il ne faut pas être un grand
observateur pour constater que la souffrance des corps et des esprits est loin
d’être une exception sur notre terre. Cette souffrance semble assez partagée,
voire très généralisée. La souffrance des corps et des esprits est endémique
depuis toujours, en écho indéfiniment répété par analogie aux souffrances du
Christ. Que l’on ne vienne pas arguer que cette souffrance humaine est le
tribut inaliénable pour la crucifixion du Christ ou du péché originel. Rien ne
peut justifier ou légitimer la moindre souffrance et le mal subi. La
disposition la plus sage est celle du renoncement à comprendre l’origine du mal
qui fait souffrir les corps jusqu’à les détruire.
Une totale impassibilité face à la
souffrance serait-elle souhaitable ?
Si le corps est le lieu de la chute de
l’homme, il est aussi le lieu de l’élévation nous dit Alexis Jenni. Le corps
est à l’intersection du ciel et de la terre. Sans corps, sans souffrance
expérimentée, la foi serait-elle possible ? Le corps est une surface
vibrante d’échange avec le spirituel remarque l’auteur. Cette surface est
enroulée sur elle-même par analogie aux trois feuillets primitifs de l’embryon qui
s’enroulent les uns autour des autres pour former un corps doté d’une
profondeur, d’où jaillit la vie.
Je cite l’auteur dont je partage de
nombreux propos :
« Le
seul lieu de Dieu est le corps de l’homme, celui dont il prévoyait qu’il le
reconstruirait en trois jours. Le lieu de Dieu n’est pas ce ciel trop haut qui
accueille les nuages, pas ce ciel si noir qui accueille les étoiles, car ces
cieux à ne contiennent rien, simplement de l’air puis du vide. Le seul lieu de
Dieu est le corps de l’homme, il n’est pas d’autre lieu où il puisse être
perçu, connu, reconnu. Le lieu de Dieu, ce sont les cieux repliés dans le corps
de l’homme, ces voutes faites d’os et de chair à l’intérieur, les voûtes du
crâne et celle de la poitrine, repliement infini d’une grande surface où son visage serait
visible si elle était dépliée ; mais repliée, cette surface où il apparaît
constitue notre corps, et l’exploration de ses plis pour voir enfin l’image qu’il
contient est la tâche de toute une vie. » (Alexis Jenni, Son visage et le tien, 2014).
Paradoxe
considérable de ce corps vivant et pesant, de cette source de joie et de
souffrance, la seule porte d’accès à Dieu que nous ayons, la seule porte d’accès
au travers de nos sens au monde du visible comme de l’invisible, perçus par
notre mystérieux esprit, qui réside au cœur de l’intersection en nous du matériel et
du spirituel.
Emylia
Désolée, j'ai écrit un long commentaire, sans texte en essai: disparu encore! j'y avais mis tout mon cœur.
RépondreSupprimerThérèse.