L’espérance et l’enfant

L’enfant qui vient au monde apporte à ses parents l’espérance, même si ces derniers ne sont pas croyants. L’enfant qui n’a pas de passé et ne peut encore imaginer l’avenir et vit dans le présent. Pour les parents, l’enfant les inscrits dans l’axe orienté de l’espérance qui surgit de leur passé, en passant par le présent de la communion familiale pour se prolonger vers un avenir pour l’enfant, porteur de vie. Les parents projettent mentalement cette espérance que leur vie se prolonge en celle de leur enfant. Ce désir de la vie dans l’avenir ne peut s’exprimer que si un lien d’amour s’est manifesté à la naissance ou même antérieurement. Car sans amour, il n’y a pas de désir de vie, donc aucune espérance ne peut subsister. Sans espérance, le temps est écrasé en un seul présent éternel sans perspective. Pour cette raison, les parents sont redevables à cet enfant qui leur ouvre la porte de l’espérance qui les transcende. Les parents ont la responsabilité d’accueillir l’enfant et de l’introduire dans le monde. En lui présentant le monde, ils doivent le montrer sous un angle favorable. Malgré les difficultés du présent, l’avenir doit être possible et meilleur que le présent. Aimer l’enfant consiste aussi en tant que parent, à lutter contre ses propres tendances pessimistes. Quand ces conditions d’espérance et d’amour sont réunies, alors l’enfant est bien parti dans sa vie. Il sera capable de donner beaucoup autour de lui. Comment ne pas faire d’analogie avec la venue du Christ en notre monde humain sous la forme d’un nouveau né qui apporte l’espérance et l’amour à l’humanité.

Cependant il peut arriver, que malgré tout l’amour et l’espérance que les parents adressent à l’enfant, ce dernier refuse cette espérance. L’enfant refuse d’avancer vers son avenir qui lui fait peur. L’amour et la confiance de ses parents ne lui suffisent pas. La progression dans la vie est infiniment lente et pénible. Ce cas de figure est incompréhensible et pourtant il existe. Je ne peux le comprendre que si j’admets que l’amour et l’espérance ne viennent pas seuls à la naissance. Mon hypothèse est qu’une forme de peur inconsciente peut venir troubler l’harmonie de la vie. D’où vient cette peur, d’un événement traumatique natal ou prénatal pour l’enfant, ou bien d’un souvenir traumatique porté par l’un ou les deux parents. Inconsciemment, les parents ont transmis leur souvenir refoulé à l’enfant. Mon espérance de parent est que pour l’enfant devenu adulte, une autre naissance à la vie soit possible. Qu’une nouvelle rencontre d’amour puisse contrer cette peur de la vie et réaffirmer l’espérance en la vie. Ce peut être la rencontre d’une âme sœur, et aussi la rencontre de l’enfant au travers de la paternité/maternité. Il y a aussi dans le champs des possibles, la rencontre avec le fils de l’homme qui finira bien par faire surgir inévitablement l’espérance.

Que se passe t’il quand l’espérance est barrée à l’enfant ? Parfois l’enfant peut passer outre sa fermeture de l’avenir auquel le condamne son environnement familial. Il peut trouver en lui, la force de décréter l’espérance. D’où vient cette force lorsqu’elle ne vient pas de l’amour parental ? Et quelles seront les conséquences de cette enfance barrée à l’espérance chez l’adulte devenu parent ? Une nouvelle peur inconsciente transmise ?

Emylia