Bonjour à tous,
Ne parvenant pas à publier un commentaire de plus de 4096 caractères sur blogger, je poste le témoignage de Florence en réaction à mon article "Confessions".
Je vous souhaite une très bonne lecture.
Emylia
Chère Emylia,
Dans la difficulté d’écrire via votre blog, je vais essayer de vous parler de ma conversion via votre mail.
J’ai été élevée dans la religion catholique, j’ai « pratiqué » jusqu’à mon mariage, et puis sans raison, sans savoir pourquoi j’ai cessé toute pratique religieuse, mon époux ayant le même parcours de pratique religieuse que moi m’a suivie. Je suis donc totalement responsable de son éloignement de l’Eglise. Nous ne parlions pas de religion mais nous avions tous deux la foi. Nous vivions heureux et sans aucune « contrainte » par rapport à notre foi.
En 2005 sans alors que mon époux n’avait pas le moindre signe de fatigue, on a descellé un cancer du pancréas tout bêtement à l’occasion du vaccin anti grippe ! Il a été opéré sous 24 heures, mais le cancer était trop avancé et on ne l’a pas extirpé, « on l’aurait tué » m’a dit le chirurgien. On a donc recousu, et on lui a donné 2 mois de vie. Je dois préciser que mon époux était un saint homme, et que même pendant notre éloignement de l’Eglise il vivait « Les Béatitudes », texte de l’évangile que j’ai voulu pour la messe de son départ.
Dès sa maladie nous avons tous deux éprouvé le réel besoin de revenir à l’Eglise. Par chance mon mari a passé la plus part du temps de son hospitalisation à Jeanne Garnier, un endroit extraordinaire tenu par les Xavières. Monsiegneur Lustiger est DCD 10 jours après mon époux à Jeanne Garnier. Précision : voulant vivre, mon époux croyait que l’opération ne pouvait que le guérir !! et alors qu’en général les médecins sont obligés d’en informer le malade ils ne l’ont pas fait, c’était un cas à part « et il fallait le laisser croire »…..et ce à l’unanimité de tous les médecins.
Je parle de Jeanne Garnier parce que tout en étant une maison de soins palliatifs, on se croirait en maison de convalescence, ce que mon mari croyait, moi j’avalais mes larmes dans la joie permanente pour lui faire plaisir, il fallait être gaie avec lui et lui rendre sa courte vie le plus belle possible, et le Seigneur m’a accordé cette grâce.
A Jeanne Garnier l’équipe de l’aumônerie est extra-ordinaire, quel accompagnement !!, l’aumônier idem, l’anti chambre du Paradis. Il nous a été très facile de reprendre la pratique religieuse à fond, comme si nous n’avions jamais été éloignés de l’Eglise. Nous avons beaucoup prié, nous étions plus unis que jamais, et dans la déchéance de la maladie je l’ai aimé plus fort que jamais, car il ne laissait voir que la beauté de son âme, sa foi profonde, qu’il me transmettait, et là a commencé ma conversion.
Les deux mois maxi que la médecine a diagnostiqué après l’intervention ont duré presque deux ans au grand étonnement de tout le corps médical. Tous me disaient que son amour pour moi le « tenait en vie » et à un moment donné les médecins m’ont demandé de lui parler, de lui dire « qu’il pouvait partir au Ciel » ce que j’ai fait, il est parti après l’avoir « autorisé »……
Depuis 2005 j’ai repris ma pratique religieuse, ma foi est profonde, mon époux d’éternité est avec moi, d’une autre façon, mais il ne me quitte pas, trop long à raconter les clins d’œil qui donnent la chair de poule. Je crois à la communion des saints de toutes mes forces, et cela me fait avancer.
Lorsque mon époux est parti au Ciel j’ai voulu faire une retraite chez les Jésuites à Manrèse, lieu extraordinaire, or je n’étais pas disponible, envahie par la souffrance j’étais ailleurs….Le premier jour j’ai parlé au Père Kobic donnant la retraite, ancien supérieur de Manrèse, du-miel !! Je lui ai raconté mon malheur et pourquoi j’étais venue, mais sans conviction car pas disponible. Le père m’a répondu : « Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant » ? Cela peut paraîtra banal, mais quel électrochoc !!! Eh, oui, il est vivant !! et je me suis sentie immergée dans cette retraite qui m’a fait le plus grand bien. 10 jours avec 19 religieuses, j’étais la seule laïque.
J’ai vécu ce que j’appelle ma période de purgatoire, à Jeanne Garnier j’ai fait une confession générale, mais comment me souvenir de tous les péchés de tant d’années hors de l’Eglise ?? Il m’est arrivé de douter de la Miséricorde de Dieu, et lors d’une de mes confessions rue du Bac j’ai fait part au prêtre de ma crainte que le Seigneur ne me pardonne pas tout. Encore un électrochoc car il m’a répondu : « Si vous doutez de la Miséricorde de Dieu je ne peux pas vous donner l’absolution ». Bigre !!! Maintenant je crois que Dieu m’a tout pardonné, et je dois lui payer ma dette en AMOUR.
Je prie tous les jours avec « Prions en Eglise », puis « l’évangile au quotidien dont le commentaire aide beaucoup ». Je lis beaucoup, plus de livres profanes si beaux soient-ils, je n’ai pas de temps à perdre, sinon tout ce qui peux me rapprocher de Dieu.
Je sais que mon époux d’éternité y est pour beaucoup dans ma conversion, et que du Ciel il m’aide à vivre ma foi, car malgré l’immense douleur qui perdure malgré le temps, j’ai faim et soif de Dieu, et mon seul but désormais sur terre est de vivre à fond ma spiritualité, et d’avancer à tous petits pas vers cette Eternité où je vivrais mes noces éternelles.
Voilà chère Emylia pour aujourd’hui, si vous pouvez, si vous voulez m’aider je suis devenue une éponge pour m’imbiber de Dieu.
Merci de m’avoir lue jusqu’au bout !!!
Restons unies dans la communions des saints, et priez pour moi.
Florence.
Petite conclusion pour clore mon témoignage car on oublie toujours quelque chose.
Notre amour pendant les 2 ans de maladie de mon époux d'éternité, ont été les plus merveilleux de toute notre vie de couple, car enrichis par notre vie spirituelle si forte....Nous communions tous les jours ensemble, et ce jusqu'à la veille de son départ chez le Père. Ne pouvant plus avaler, moi j'ai reçu "le corps du Christ" mon époux, avec un compte gouttes, une goutte "du sang du Christ", et ce dans le bonheur car il n'y avait pas de souffrance physique, à Jeanne Garnier on ne souffre pas.
Par ailleurs, l'aumônier voyant notre union spirituelle, nous ne formions qu'un, m'a dit "je vais faire quelque chose que je ne fais que très rarement, vous donner ensemble le sacrement de malades", et nous l'avons reçu ensemble. Je considère une grâce d'avoir tout absolument tout partagé avec mon époux.....Lui était, en toute conscience, mais dans une paix totale, si j'osais je dirais presque bonheur......
Pour tant de grâces, merci Seigneur.
Florence.