Je me rappelle, de ce
film mystérieux, il y a bien longtemps qui m’avait donné à beaucoup réfléchir
pendant des années : il s’agissait de « 2001, Odyssée de
l’espace ». J’étais intriguée par cette hypothèse d’une main bienveillante
qui avait guidé l’humanité depuis ses racines perdues dans l’animalité, puis
guidé sur le chemin de l’hominisation, puis conduit sur la voie de
l’humanisation. Je m’étais toujours demandée si cette hypothèse d’une
intervention hétéronome bienveillante était la seule explication valable pour
justifier que du chaos des lois de l’univers, soit déterministes, soit soumises
au hasard, émerge des êtres vivants aussi complexes et évoluées que les êtres humains.
Un autre film
m’avait aussi conduite à m’interroger sur l’histoire du Christianisme : il
s’agissait du « Da Vinci code ». Je savais parfaitement que ce film
évoquait une fiction parfaitement loufoque, sans la moindre justification
historique, à savoir une descendance de Jésus Christ et de Marie Madeleine.
Toujours que certains commentaires sur ce film semblaient accréditer l’idée que
l’Église cachait une vérité sur le début de l’histoire du christianisme.
L’intérêt de ces
fictions n’est pas seulement de stimuler les imaginations les plus farfelues,
mais d’inviter à réaliser soi-même ses propres recherches pour donner une base
solide à ses références.
Alors il ne faut
pas aller chercher plus loin ma curiosité à comprendre les débuts du christianisme. Mes recherches
bibliographiques m’ont permis de comprendre que l’Église ne cachait pas de
secret, mais que d’une façon générale, c’était plutôt notre manque de culture
historique et religieuse qui risquait de nous induire en erreur, à la merci de
talentueux compteurs d’histoires merveilleuses ou de falsificateurs manipulateurs
exploitant notre naïveté. Les Évangiles ne sont pas des récits de contes et
légendes. Ils ne sont pas non plus de purs témoignages historiques. Ils doivent
être interprétés avec le prisme de la foi chrétienne sans quoi la parole sacrée
reste muette ou inaudible. Il n’y a pas de mensonge et de secret d’église sur
la genèse de notre religion. S’il l’on se donne la peine de s’intéresser aux
travaux des pères de l’églises qui ont succédé aux apôtres et évangélistes,
alors on constate qu’il n’y a aucun complot de rupture avec la source
évangélique.
Mais comment ne
point s’effrayer comme Pascal du silence des espaces-temps infinis au point
d’en avoir le vertige de la solitude, si l’on ne parvient pas à faire le lien
entre la vie terrestre de Jésus-Christ et notre propre vie éloignée de plus de
XX siècles. Cet éloignement ne peut être comblé qu’en prenant conscience de
cette longue chaine de vies humaines qui a tour de rôle, comme des athlètes
olympiques, ont porté le flambeau de cette lointaine parole sacrée, pour qu’elle
ne se perde jamais dans la nuit des temps et la finitude de chaque vie humaine.
Combien de personnes, des chrétiens, ont donné leur vie pour que la foi et l’espérance
ne soient pas oubliées et perdues à jamais, pour que cette parole nous
éblouisse encore aujourd’hui au cœur de notre modernité un peu trop arrogante.
Et regardant toujours plus en arrière dans le temps, bien avant les Évangiles,
je vois tous ces biblistes épris d’une frénésie d’écriture pour mettre en forme
des récits bibliques de tradition orale qu’ils estiment être un patrimoine
religieux et culturel essentiel à transmettre à l’humanité qui suit.
Cette pensée est
une immense prière d’action de grâce à l’égard de cette longue chaine humaine
chrétienne qui a toujours œuvré en toute abnégation et désintéressement, pour le
plus grand bénéfice de leurs successeurs.
D’ailleurs religion
dérive notamment du mot latin « religare « qui signifie « relier ».
Il n’y a pas de religion sans relation, relation à Dieu, au Christ, mais aussi
aux autres hommes, les vivants, mais aussi aux morts, ceux que nous avons
connus et aussi à nos prédécesseurs à qui nous devons aussi tellement. Jamais
nos prières ne parviendront à exprimer notre gratitude à la hauteur du don dont
nous avons hérité.
Emylia