La fin d’une année, le début de l’année suivante est toujours le moment où l’on fait des bilans. Mais pour le thème de ce site qui nous intéresse, peut-on faire un bilan sur sa foi, sur sa croyance et espérance en Dieu ? Peut-t’ on parler de progrès, de retour en arrière ? D’ailleurs peut-t’on évaluer ces choses là comme on en évalue d’autres dans tous les domaines courants de notre vie ?
Je ne suis pas sure qu’une telle évaluation ait le moindre sens. Il y a des périodes de la vie ou la présence obsédante de Dieu est moins prononcée, moins exigeante que dans d’autres moments. Il y a des périodes de foi enflammées et des périodes de foi tranquille à faire peur de tomber dans une routine religieuse. Je crois qu’il faut accepter ces variations qui font partie de l’expérience de la foi. Ces oscillations ne sont-elles pas le signe d’un doute qui s’insinue en douce dans la torpeur de l’habitude ?
Au terme de cette année de lectures et d’expériences combinées, je commence à mieux comprendre ce qu’est ce genre de doute. D’après les lectures des livres de Maurice Bellet et de Joseph Moingt, deux éminents théologiens, je crois savoir que ces derniers désignent cette forme doute sous le terme de « la foi critique ».
La foi critique ne se cantonne pas à contester pour contester, la véracité des dogmes de l’Église, à rechercher des incohérences historiques. Elle est un processus subjectif inlassable, intellectuel et spirituel, de confrontation de la foi expérimentée avec la réalité de la vie vraiment vécue. J’ai déjà tellement parlé cette année de Maurice Bellet que je vais plus particulièrement évoquer le dernier livre de Joseph Moingt.
Joseph Moingt est presque centenaire. Après une œuvre abondante en théologie, cet auteur découvre qu’il doit repenser tous les fondements de sa propre foi, pour bien dissocier ce qu’il pense vraiment croire vraiment, des dogmes de l’église appris, de l’interprétation toujours en évolution des textes religieux fondateurs tels que la bible, les écrits des Pères de l’Église. Il nous livre son questionnement personnel, ses propres doutes qu’il appelle foi critique. Il se remet en question sur sa manière de penser de la foi et des principaux objets de cette foi. Et on peut aller très loin dans la foi critique : Est-ce que ma foi est réelle ? À quoi et en quoi je crois vraiment ? Quel est ce Dieu que l’on ne peut pas connaître complètement ni définir précisément ?
Je pense que par une attitude de ne jamais cesser de penser sa propre foi, on la dynamise plus que jamais et on évite de tomber dans une routine religieuse qui endort la foi.
Alors que l’un de ses livres antérieurs se titrait « L’homme qui vient de Dieu », son nouveau livre s’intitule « Croire au Dieu qui vient ».
Il est vrai que le premier titre correspond bien à l’enseignement dispensé sur la religion chrétienne : l’homme dépend de Dieu. Le titre du second livre me semble parfaitement suggérer la véritable expérience de la foi. Cette expérience de la foi est celle d’un rencontre inattendue entre soi-même et Dieu qui vient à notre rencontre. Initialement (avant une vrai conversion), on ne peut pas savoir que Dieu existe. On a encore moins de raison de penser que l’on vient de Dieu. (J’ai toujours été gênée par « la table rase » du philosophe Descartes qui déconstruit toute la connaissance humaine, pour la rebâtir par la suite de façon cartésienne, tout en se refusant de déconstruire l’idée de Dieu. En ne déconstruisant pas l’idée de Dieu, on ne le cherche pas, on ne s’en étonne pas, et on ne réfléchit plus à son sujet.).
Mais quand on croit que Dieu va venir dans notre vie, il faut être dans une veille permanente (comme les jeunes filles et les lampes dans l’un des évangiles.). Et encore une fois qu’il est venu, l’attente n’est jamais terminée. Car la rencontre est appelée à se renouveler en permanence, la relation à évoluer, notre être-spirituel à se transformer.
Je pense qu’avec ces deux auteurs perspicaces, nous pouvons nous engager dans ce processus de dynamisation et de vitalisation de la foi.
Je vous souhaite une foi critique et vivante pour vous accompagner en cette nouvelle année 2015, mais aussi ne santé et des événements de la vie qui ne vous perturbent le moins possible.
À tous mes lecteurs et lectrices, j’offre mes amitiés en Dieu. Que mon amitié continue de vous accompagner en 2015.
Emylia