Depuis que le christianisme existe, des
théologiens ou philosophes se sont obstinés à donner des preuves de l’existence
de Dieu.
Ils ont qualifié ces preuves par des noms
très savants comme la preuve ontologique, la preuve cosmologique ou la preuve
téléologique. Les définitions sont très précises (voir
les explications sur Wikipédia). Ces démonstrations sont très savantes.
Elles nécessitent l’usage de la raison. J’avoue que je m’y perds et que je ne
les retiens jamais. Elles me laissent assez froide. Parce qu’elles en appellent
à l’intellect, le cœur m’y paraît exclu.
Par exemple, le philosophe Descartes au VII siècle (instruit à l’école des Jésuites de La Flèche), est l’inventeur du cartésianisme donc le grand promoteur de la raison, de la logique mais aussi du doute hyperbolique. Il se sent obligé de prouver l’existence de Dieu par des arguments imparables (indiscutables). Descartes se rappelant l’affaire Galilée ne veut surtout pas froisser la sainte inquisition.
Par exemple, le philosophe Descartes au VII siècle (instruit à l’école des Jésuites de La Flèche), est l’inventeur du cartésianisme donc le grand promoteur de la raison, de la logique mais aussi du doute hyperbolique. Il se sent obligé de prouver l’existence de Dieu par des arguments imparables (indiscutables). Descartes se rappelant l’affaire Galilée ne veut surtout pas froisser la sainte inquisition.
À cet égard, le philosophe Pascal, un génie
en mathématique exceptionnel du XVII siècle qui n’est jamais allé à l’école (qui
étaient tenues par des Jésuites ; son père éduquait lui même ses enfants),
s’est converti (à la suite de plusieurs drames personnels). Il comprend que l’existence de Dieu ne se
démontre pas mais est une expérience intérieure qui échappe à la raison. Ce
que j’aime bien chez Pascal, c’est qu’il est l’inventeur des trois
ordres : l’ordre du corps, l’ordre de l’esprit au sens de l’intelligence
et enfin l’ordre du cœur, le champs de la foi. Ces trois ordres sont
indépendants mais hiérarchique. L’ordre du cœur domine, l’ordre de l’esprit,
qui lui même contrôle l’ordre du corps. Certaines vies humaines se limitent
qu’à connaître seulement l’ordre du corps. On peut être très intelligent et
demeurer absolument insensible à l’ordre du cœur.
(En aparté, Pascal est devenu Janséniste et
s’est affronté aux Jésuites au cours de polémiques épistolaires très virulentes.
À cette époque, la rigueur religieuse des Jésuites s’était très assouplie face
au pouvoir et à l’argent. Je ne comprends pas trop comment le grand Pascal
s’est laissé entrainé dans des polémiques qui prenaient un tournant intégriste
radical. Mais nul n’est parfait).
À notre époque moderne, on oublié les
preuves d’autorité de la raison sur l’existence de Dieu. La contradiction vient
des sciences historiques (et de la paléontologie) qui mettent en difficulté les
faits bibliques de l’ancien et nouveau testaments.
Je suis en train de lire avec intérêt le
livre « Le Royaume » d’Emmanuel Carrère. Ce livre commence par le
récit de la conversion de l’auteur. Puis pour nourrir sa vive foi, l’auteur se
lance dans une enquête historique très approfondie sur St Paul et Luc.
J’apprends beaucoup sur cette période méconnue du début du christianisme. Je
partage quelques doutes sur la parfaite authenticité des témoignages de
certains auteurs. Je peux imaginer les conflits d’intérêt et d’exclusivité
entre les « vedettes » concurrentes de la première évangélisation.
L’auteur laisse dérouler l’histoire, puis reprend le contrôle de la narration
pour exprimer ses doutes et ses troubles. Ses découvertes historiques font vaciller
sérieusement sa foi première. Il n’est pas certain d’avoir tout perdu de sa foi
originale.
Pour moi, les preuves historiques rejoignent
les preuves intellectuelles ontologiques, cosmologiques et téléologiques. Elles
appartiennent à l’ordre de l’esprit comme dirait Pascal. Elles n’enseignent
rien sur ce qui est de l’ordre du cœur (« Le cœur a ses raisons que la
raison ne connaît point ».).
La foi est une expérience intérieure qui ne
peut aucunement prouvée à l’extérieur. Quand bien même des transformations
intérieures peuvent conduire à des miracles manifestes comme des guérisons
spontanées, des visions ou autres manifestations étonnantes, elles ne constituent
pas des preuves. De ce côté là, je trouve que l’église est raisonnable de ne
pas fonder la foi sur des miracles. La foi est bien plus qu’une simple croyance
dans des faits. Elle est aussi une transformation intérieure, un soupçon de l’existence
de l’âme.
Peut être bien que ma foi évolue. Elle
devient moins philosophique et plus spirituelle et poétique. Les métaphores et
les oxymores me sensibilisent bien plus que les idées maintenant. Sans avoir
terminé le livre « le Royaume », je pense aux autres évangélistes comme
Jean, qui a certainement connu Jésus de son vivant (« le disciple que
Jésus aimait ? »). Je suis toujours fascinée par le Prologue de Jean,
par le vocable de Verbe ou de Parole ou de Logos. C’est aussi cette idée de
cette Parole de vie qui hante l’œuvre de Maurice Bellet.
Appréciant
le poète Christian Bobin, j’avais commandé quelques livres de son maitre d’inspiration,
le poète Jean Grosjean il y a quelques mois. Cependant je ne les ai pas
ouverts immédiatement car j’étais alors plongée dans d’autres lectures. Puis
alors que je résistais à la vérité historique énoncée par Emmanuel Carrère sur
St Paul, j’ouvre machinalement « l’Ironie
Christique » de Jean Grosjean qui propose un commentaire poétique de l’Évangile
de Jean.
De nouveau, je sens que la Parole me saisit
de nouveau le cœur, comme elle opère mystérieusement sur moi dans les livres de
Guy Coq ou de Maurice Bellet. Me voilà complètement subjuguée. La lecture est
lente, appliquée, pas facile mais belle ; Chaque phrase, chaque porte son
poids lourd de sens. Je relis plusieurs fois les chapitres. Le poète m’ouvre
aux énigmes, aux mystères et à la beauté de cet Évangile en les éclairant de la
lumière de son langage. Pour moi, la Foi n’a que peu ou pas de rapport avec l’Histoire.
À trop vouloir cerner cette dernière, les faits en viennent à troubler la foi
comme l’eau transparente devient floue quand on y plonge la main en générant ondes et miroitements à sa surface. Il faut lâcher prise à toute science du savoir et se
laisser transporter de l’intérieur.
Emylia