Tandis que je
recherchais des informations archéologiques sur la bible, je suis tombée sur
les cours du professeur Israel Finkelstein
donnés au collège de France en 2012. Ces cours ont eu un grand retentissement
dans le milieu intellectuel. Les cours ont été publiés dans le livre « Le
royaume oublié ». Il est vrai que j’ai trouvé ce livre écrit rigoureusement
du point de vue de la science archéologique. Je me dois de souligner que j’ai
été véritablement captivée par le livre de vulgarisation « La bible
dévoilée » co-écrit avec Neil Asher Silberman,
un autre archéologue de renom. Ce
bestseller mondial a été publié en livre de poche (folio).
Depuis longtemps,
je savais qu’il planait un certain doute sur la véracité de l’exode d’Égypte,
la conquête de Canaan.
Il est certainement
très profitable de faire un bilan des connaissances archéologiques accumulées
sur ce sujet. Les différentes régions du Levant incluant les antiques
territoires égyptiens, ceux d’Israël, d’Assyrie et de Mésopotamie. De nous
jours les archéologues utilisent des méthodes de datation de plus en plus
précises, réalisent des fouilles sur des sites d’importance aussi bien que sur
de modestes sites et procèdent à des comparaisons entre les différents sites
archéologiques. Ils parviennent ainsi à reconstruire une histoire consistante
et cohérente des peuples ayant habités cette région. Cette histoire
reconstruite est ensuite comparée aux narrations bibliques.
Le scénario
historique reconstruit apparaît très manifestement incompatible avec l’ancien
testament. Ce scénario cohérent nous décrit aux alentours du X siècle avant
Jésus Christ, un ancien peuple hébreu aux probables origines de pasteurs
nomades du désert de l’est. Ils ressemblent en tout point aux autres peuples
cananéens de la région.
Plus précisément au
XVème siècle av JC, le pays de Canaan est une province égyptienne, bien
contrôlée (bien policée) par des garnisons égyptiennes qui garantissent
l’approvisionnement du royaume en divers matériaux absolument nécessaires. La
moindre exfiltration d’esclaves fuyant l’Égypte n’aurait en aucun cas pu passer
inaperçue. Elle aurait été impitoyablement détruite et cet acte aurait été inévitablement
notifié dans les textes égyptiens que la bureaucratie des scribes se serait
fait un plaisir de rapporter.
Non, en fait les
futurs israélites étaient déjà là, mi-nomades et mi-sédentaires selon les conditions
économiques, alternant tour à tour une activité pastorale, installés sur les
hauteurs de plateaux à l’est, soit retournant à une vie nomade dans le désert.
Nulle trace
d’Abraham, de Moise, de Josué. Le souvenir réel ou mythique de ces illustres
ancêtres est transmis de génération en génération par la tradition orale. L’écriture
n’existant pas à Canaan à cette époque, il n’y a pas de vérification historique
possible.
En contrebas des
plateaux de l’est, la plaine est beaucoup plus accueillante pour les autres populations
cananéennes. Sous la férule des égyptiens, il ne peut y avoir de conflits
militaires entre des peuples modestes et pauvres. Mais un jour vers le XIII,
les peuples de la mer déferlent et mettent à mal la domination égyptienne en brulant toutes les places fortes dans le
pays de Canaan. Les terribles peuples de la mer s’installent dans la région la
plus hospitalière au bord de la mer méditerranée et deviennent les Philistins.
Le retrait des
égyptiens pendant quelques siècles favorise l’essor des peuples cananéens,
particulièrement les peuples des hauteurs de l’est qui vont devenir les
hébreux. Les tribus les plus au Nord s’installent dans des régions très
propices aux cultures. Elles s’enrichissent assez rapidement grâce à la culture
de l’olive et aux échanges commerciaux avec les peuples des plaines de l’ouest.
Ainsi sera fondé le royaume d’Israël. Les
tribus installées plus au sud héritent d’une terre très ingrate aux cultures.
Le développement du peuple du sud est figé car ce dernier vit en quasi-autarcie,
refermé sur lui-même sans avoir les moyens de pratiquer les échanges
économiques avec ses voisins. Le peuple du Sud va fonder le royaume de Juda (le
royaume de Jérusalem). Si l’existence du personnage du roi David est tout à
fait plausible, le royaume de Juda ne peut en aucun cas avoir eu la notoriété
décrite dans la bible. Les archéologues ne trouvent nulle trace de royaume
prospère de David ou de Salomon (IX siècle). Le royaume de Juda est
politiquement et démographiquement insignifiant. Jérusalem n’est qu’un petit
village.
Au contraire, au
VIIle siècle, le royaume d’Israël au Nord atteint un prestige économique, culturel
et politique considérable grâce au stimulant commerce de l’olive.
L’histoire des
hommes peut basculer en très peu de temps en dépit des pronostiques. Le succès
de du royaume du Nord attire la convoitise du royaume assyrien qui l’anéanti totalement
et définitivement à la fin du VIII siècle.
Les récits de la
Bible vont émerger de cette catastrophe humaine, grâce à l’essor du royaume de
Juda impulsé par l’anéantissement d’Israël.
Mais la suite de
cette passionnante histoire, je vais la raconter dans mon prochain article.
En attendant, je ne
peux m’empêcher de conseiller l’écoute de cet excellent reportage (en anglais malheureusement
sur les travaux du professeur Israël Finkelstein) associé au livre « La
bible dévoilée ». Il n’existe malheureusement pas de traduction en
français (aucun média français n’a jugé opportun de traduire ce très bon
reportage).
Bonne écoute si vous le pouvez.
À bientôt.
Emylia
À bientôt.
Emylia
Bonjour, pour info, un reportage sur le sujet existe bien en français, et a été produit et diffusé par Arte il y a quelques années... Les auteurs ont fait également pas mal d'émissions sur RCF et de conférences.
RépondreSupprimerBonne journée,
Bob.
Merci Bob, pour ces infos.
RépondreSupprimerThérèse;
Merci Bob,
RépondreSupprimerJ'ai bien retrouvé le reportage que je viens de mettre sur l'article suivant.
À bientôt.
Emylia