Pourquoi encore
lire un livre sur l’histoire de Jésus-Christ quand on a déjà lu une ou
plusieurs fois les évangiles, quand on en écoutent des fragments et leurs
commentaires pendant les messes, quand on a déjà lu son histoire sous plusieurs
éclairages rapportés par des écrivains ou théologiens (pour ma part Joseph
Ratzinger et Frédéric Lenoir).
Je n’avais pas
spécialement envie de me relancer dans la lecture du gros livre
« Jésus » de l’historien Jean-Christian Petitfils (paru en 2011,
disponible aujourd’hui au format livre de poche), mais j’ai quand même accepté
l’exemplaire que me tendait le guide de la maison d’Ernest Renan à Tréguier. Il
faut dire que l’auteur semble tout à fait respectable (prix de l’académie
française, prix des sciences morales et politique, reconnu par l’Institut…).
Pour sûr, je
n’aurais pas lu le livre d’Ernest Renan qui a écrit un livre sur le même sujet
à la fin du XIX siècle, livre qui a connu un succès retentissant, avec parfois
des réactions scandalisées.
Mais dès les
premières lignes, je me suis sentie captivée comme si je lisais un roman (ce
livre se lit facilement et rapidement). J’étais comme transportée sur les chemins
de Palestine. Tous les événements relatés devenaient réels, avec des preuves
sur le terrain mises à jour par les découvertes récentes des archéologues,
associées aux écrits sacrés ou profanes (l’historien du 1er siècle
Flavius Josèphe par exemple) qui existent. L’historien (JCP) nous retrace la
vie réelle des petites gens comme celles des grands et puissants du premier
siècle. La suite des événements semble s’enchainer naturellement, logiquement
en suivant presque sur une carte les progressions des pérégrinations du Christ.
À chaque étape, les preuves archéologiques des évangiles semblent s’accumuler. Les
identités et les personnalités de tous les protagonistes sont présentées de
façon historique et scientifique, sans fiction ou présupposés dogmatique. Je
finis par comprendre qui sont véritablement les apôtres, les évangélistes (qui
a vraiment été témoin !), les grands prêtres et Ponce Pilate.
Et pourtant
l’auteur, en historien professionnel ne prend nullement partie pour ou contre
l’existence de Jésus, ne professant aucun prosélytisme en faveur d’une
idéologie croyante ou athée. Respect du lecteur, de ses
convictions personnelle ! La réalité des événements est exposée avec
clarté et preuves. Les faits se suffisent à eux-mêmes.
Mais ce qui m’a le
plus touchée, c’est le récit de la passion. Je n’imaginais pas que les
scientifiques et les historiens avaient réussi à assembler le puzzle d’autant
d’éléments disparates mais cohérents. Bien sûr, il fallait enquêter sur les
protagonistes. L’auteur nous présente les intrigues des grands prêtres et une
surenchère d’un cynisme excessif et fou, entre les prêtres en chefs corrompus
du Sanhédrin noyauté par les intérêts personnels de leurs chefs et le
procurateur romain Ponce Pilate. Un Ponce Pilate atteint de paranoïa aigue, n’est
pas épargné dans le livre de l’historien en comparaison de sa présentation indulgente
dans les Évangiles, surtout celle de Jean (d’ailleurs on découvre qui était
vraiment Jean l’Évangéliste, et rien que par le portrait de Jean, ce livre
mérite d’être lu. Il y a des vérités que Jean ne pouvait pas connaître et que
nous connaissons aujourd’hui).
L’innocence d’une
personne ne pèse pas grand-chose face à des enjeux de pouvoir et d’amour propre
entre les puissants. La violence « gratuite et inhabituelle» de la
flagellation ordonnée par Ponce Pilate sur un prisonnier reconnu notoirement
innocent, a été précisément et scientifiquement reconstituée grâce à l’étude
minutieuse et scientifique selon les études de médecine médico-légale des trois
reliques principales dont je parlerai dans mon prochain article. Il est vrai
que la violence qui nous est rapportée semble totalement irrationnelle et
inhumaine alors qu’elle a été irréfutablement bien réelle.
Aux côtés des
textes sacrés nous qui nous éclairent selon l’esprit, les reliques nous
apportent une réalité matérielle incarnée 20 siècles après les événements. Les
reliques constituent le cinquième Évangile nous assure Jean-Christian
Petitfils. Je pensais selon une propagande retentissante et bien orchestrée d’une
expérience biaisée ou truquée de datation au carbone 14 qui n’avait jamais été
démentie ouvertement, que le linceul de Turin était un faux. Or dans la
discrétion, plusieurs scientifiques ont poursuivi leur travail avec acharnement
durant deux décennies. Ma conviction est désormais acquise.
Pour visualiser les
paysages de Judée et de Galilée, j’ai retrouvé un documentaire récent de
Stéphane Berne dans lequel s’exprime, Ô surprise Jean-Christian Petitfils.
Sauf
que cette émission n’exprime pas forcément la véritable pensée de l’historien,
mais celle du réalisateur. Il n’empêche que l’histoire de Jésus rapportée dans
les Évangiles est intéressante et apparaît
réaliste.
Toutes ces preuves scientifiques
et historiques qui nous sont révélées à notre époque, ne serait-elles pas le
signe d’une réalité qui nous est adressé en dépit d’un éloignement temporel et
d’une perte de la mémoire transmise qui se creuse avec nos vies hyperactives
bien trop occupées à brasser l’inessentiel et le contingent. Il n’y aura
probablement jamais de consensus reconnu sur la vie de Jésus Christ. Il
appartient à chacun de trouver sa propre vérité selon sa foi ou sa raison, ou
les deux.
À bientôt.
Emylia