Dans quelques heures, ça va être
la résurrection. La vérité de la victoire de l’amour sur les ténèbres va être
établie. Moi aussi, cela fait longtemps que je suis partie sur ce chemin d'Emmaüs. Je me suis faite abordée par un
inconnu. Je n’ai même pas levé les yeux. Je n’ai pas osé le dévisager. J’étais
trop perdue dans mes pensées et enfoncée au cœur de mes problèmes. J’ai
seulement écouté sa voix. Par la mémoire, j’ai parcouru le chemin de mon
histoire à l’envers pour en rechercher la vérité. J’ai repassé en souvenir une à
une toutes les épreuves et les joies de ma vie sans m’y arrêter. Il y a un
grand attracteur étrange qui m’a mené au point d’orgue de toute mon histoire.
J’ai toujours su qu’il y avait quelque-chose au début de mon grand tohu-bohu,
qui précède ma naissance. Lytta Basset m’a aidée à l’admettre grâce à son
dernier livre. Je ne pourrai jamais le prouver et je ne peux que soupçonner sa
réalité. Il y a forcément un secret de famille que j’ignore mais que je devine.
Il y a un ou plusieurs enfants morts en bas âge, et un amour maternel terrorisé
par une angoisse de mort qui se transmet de mère à enfant. Et cette angoisse de
mort m’a terrorisée tyranniquement pendant plus de quatre décennies. Elle m’a
paralysée et muselée. Pendant tout ce temps, je n’ai pas pu sortir de mon
tohu-bohu. Je me suis murée pendant tout ce temps dans le silence, je n’ai pas
osé vivre de peur d’éveiller l’attention de la mort. Je suis donc demeurée sans
pouvoir le comprendre dans une extrême timidité, d’une timidité mortifère, dans
l’incapacité de communiquer avec autrui par oral ou par écrit. Les relations
humaines étaient gravement atteintes. Je ne sais même pas comment j’ai pu faire
mes études, rencontrer mon époux, et fonder une famille. Ce que je sais, c’est
que cette angoisse de mort, je l’ai transmise inconsciemment à l’un de mes
enfants, alors que l’autre imperturbablement toujours gai, a refusé l’emprise
de cette tyrannie de la peur de la mort. Ce que je sais, c’est que quand la
grande faucheuse a voulu m’emporter, l’amour des miens m’a retenue de toutes
ses forces à mon petit bout de terre. C’est seulement à ce moment là que j’ai
commencé à enquêter sur toi, le porteur d’amour. Qui es tu ? D’où viens
tu ? Quelle est ton histoire ? J’ai tout voulu savoir sur toi parce
que j’avais l’intime conviction que ma vie était à ce prix, complètement liée à
ta vérité. Tu m’as parlé au travers des livres. Tu m’a donné ta parole de vie
qui a travaillé en profondeur ma glaise. En échange de mon désir de vie, tu m’as accordé
la foi. Tu m’as libérée de mon asservissement à la peur. Tu as retourné ma vie
à l’envers pour m’en révéler le meilleur. Alors j’ai explosée de vie. J’ai
retrouvé une parole que je n’avais jamais eue et je m’en suis servie. Je vais à
ta recherche dans mon écriture puisque c’est comme cela que je t’entends. Aujourd’hui
j’ai compris l’erreur de mon passé. Mon silence et ma discrétion n’avaient rien
à voir avec l’humilité, mais avec la peur de la relation et la peur de vivre. Pour
conjurer toutes les formes de tyrannies, je me suis plongée éperdument dans
l’étude de ce qui donne la vie que certains prennent par erreur pour de l’érudition.
Il s’agit en fait d’ouvrir grand ce chemin d’humanité qui me conduit à toi, le
chemin de vérité et de vie. Et mon combat pour déjouer toutes ces forces
mortifères qui m’entourent, je l’ai retrouvé avec fascination dans les
témoignages de Guy Coq et de Lytta Basset ainsi que dans tous les livres de
Maurice Bellet. Ce sont les mêmes histoires que je retrouve dans La Bible et les
Évangiles avec un style un peu moins contemporain mais à peine différent. J’ai
découvert que cette parole thérapeutique que tu m’accordes et que je reçois ne
s’arrête pas à ma personne. Elle me traverse de part en part et répare des effets
néfastes du malheur ailleurs. Mon fils lui aussi sort peu à peu de son mutisme
et devient capable de relations humaines. La bonne nouvelle est que cette
parole de vie est contagieuse. J’ai encore pris du temps pour naitre au monde,
pas moins de six ans déjà après toutes ces décennies d’attente passive. Entre
temps, la peur et l’angoisse de mort se sont dissipées comme par miracle. Vous
me trouverez peut être parfois un peu trop impertinente devant le malin quand
il fait un peu trop de comédie, toujours la même. Vous m’excuserez, mais je ne
peux plus m’empêcher de parler maintenant, puisque parler et connaître, pour
moi, c’est affirmer plus que jamais que je suis en vie. J’ai fini par mettre de
l’ordre et du sens dans mon histoire chaotique. Je crois être sortie de mon
tohu-bohu. Comme Job, j’ai lâché l’obstination à tout vouloir comprendre et
expliquer, j’ai renoncé à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, mais
pas à l’arbre de la connaissance de la vie. Jamais je ne percerai le secret de
mes origines, car seul compte le fait de s’en être sortie vivante. Sur ma
route, j’ai fini par te reconnaître. C’est toi qui a fait tout cela. Jamais je
ne m’en serais sortie toute seule. Alors comme beaucoup d’entre nous, je vais
pouvoir témoigner à Pâques que je crois à ta résurrection puisque je t’ai déjà
rencontrée sur ma route d'Emmaüs.
Emylia
Bonjour Emylia,
RépondreSupprimerTres tot, ce matin, je decouvre votre texte tres emouvant. C'est un jour tres particulier et votre texte est significatif de cette periode. Merci de nous faire partager votre parcours, qui me donne une belle lecon de vie. Vous avez trouvez la "lumiere" mais vous vous etes donnee beaucoup de mal et l'amour de vos proche y est pour beaucoup.
Tout est dit, dans votre texte. Jesus est la, aupres de nous tous, il suffit simplement d'ouvrir grands nos yeux et nos oreilles pour passer de l'ombre a la lumiere. Comme vous aviez raison de m'avoir dit un jour, que cela prenait du temps !!! le chemin est long, si long !!!
Emylia, a vous et a votre famille je vous souhaite une Joyeuse fete de Paques.
A toutes et toutes les Chretiens anonymes de ce blog, bonne fin de Careme et Joyeuses Paques.
Aujourd'hui, le ciel est sombre, mais nous allons vers le soleil, la lumiere est au bout du chemin. que nos coeurs se remplissent de joie.
Que Dieu vous Benisse, Emylia, ainsi que tous les Chretiens Anonymes. J'ai aussi une pensee pour Thierry, qui dans son absence est encore toujours si present
Nainai
Bienvenue dans la vie Chère Emylia !
SupprimerA la suite de votre témoignage bouleversant, je prie afin qu'en réponse à la Croix d'Amour, Jésus devienne le Maître de nos jours...
Soyez bénie,
EnfantdeDieu
Magnifique!
SupprimerThérèse
Merci Emylia pour ce partage..Par le Verbe vous avez été crée..La lumière a été déposée au fond de vous, et, comme dans le prologue de Jean, les ténèbres ne l'arrêtent pas. Que la vie continue de passer par nous..A tous , bonne nouvelle de Pâques ! Claire
RépondreSupprimerBonjour à toutes et à tous,
RépondreSupprimerJe vous remercie. Il est vrai qu’il faut beaucoup de travail sur soi, c’est à dire de se construire son chemin de vérité. En effet il faut d’abord pour reconnaître cet insaisissable essentiel de sa vie et cela prend beaucoup de temps et d’énergie. Ensuite il faut arriver à l’exprimer alors que les mots se dérobent pour l’expression verbale. Vous avez raison d‘évoquer le rôle indispensable du Verbe qui donne l’énergie pour franchir le cap de la réserve ou de la nudité de l’âme. Il m’a fallu cinq ans pour oser le dire.
Comme il est écrit dans le livre que je lis en ce moment « Cinq éloges de l’épreuve » : « le prix de la Grâce coute cher ».
Mon témoignage m’a temporairement vidée mais probablement libérée. Après ce passage obligé par cette catharsis, je m’interroge sur mon prochain itinéraire.
En attendant, je vous souhaite un bon dimanche de Pâques et une excellente fête de la résurrection.
Emylia
Vous avez dit : "Jamais je ne m’en serais sortie toute seule." Ainsi vous avez proclamez LA VERITE, ainsi vous avez donné raison au Verbe : "Sans moi vous ne pouvez rien faire !" (Jn.15:5) Ainsi vous avez accompli Les Saintes Ecritures chère Emylia. Ne vous interrogez plus ! Vous avez vaincu, vous avez rencontré L'Essentiel. ALLELUIA ! Avec Lui, vous pouvez tout à présent !
RépondreSupprimerJoyeuse Fête de Jésus Ressuscité à vous et à votre famille et à tous et toutes sur ce blog.
doris +
Bonsoir Doris,
RépondreSupprimerVous savez, cela me fait tout drôle quand vous écrivez que j'accomplis les Saintes Ecritures.
Le mot accomplissement est très important. Il représente le passage à l'acte. Or le christianisme n'est ni une pure doctrine théologique, ni une pure idéologie, ni une philosophie, il est pour chaque croyant l'incarnation d'une âme dans un corps que l'on appelle la chair. La chair est pensée mais aussi action.
Peut être que vous voulez dire que je passe peu à peu de l'esprit à l'acte. C'est probable.
Bonne poursuite de Pâques.
Emylia
Emouvant!! je pense que pour beaucoup d'entre nous c'est +/- comme cela que ça se passe notre histoire avec Jésus.
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